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Petit topo sur l’histoire : Ma Daode est le nouveau directeur du Bureau communiste du Rêve Chinois, un bureau chargé de diriger les idées et autres souvenirs des habitants vers une pensée unifiée et en total accord avec le régime communiste mis en place depuis 1949 par Mao. Ma Doade est ce que l’on pourrait appeler un enfant du communisme, adolescent qui se cherche en période de Révolution Culturelle où la haine de l’habitant bourgeois n’a cessé de diviser les populations. A cette époque il était prêt à renier sa famille pour la patrie, prêt à devenir insensible face à la violence que cette révolution a engendrée. Quelques années plus tard, cette volonté de ne faire qu’un avec les idéaux de son pays l’auront mené au pouvoir, où pots-de-vin, infidélités et hypocrisie font rages. Mais les souvenirs ne cessent de réveiller cette conscience que Ma Doade pensait depuis longtemps enfouie…
Ma Jian est un auteur chinois exilé en Angleterre dont les œuvres satiriques n’ont jamais vraiment atteint le cœur du gouvernement de la République populaire de Chine, l’image donnée dans ses romans n’étant pas ce qu’il y a de plus politiquement correct (il est bien connu que la vérité peut déranger). Face à cette envie de le faire taire, j’attendais beaucoup de China Dream. Je m’attendais à quelque chose de percutant, d’historique, je m’attendais à des descriptions profondes voire philosophiques sur la condition du peuple chinois. A la place de cela, j’ai retrouvé un personnage bedonnant et davantage obsédé par ses nouvelles conquêtes féminines qu’un récit pointant les vices du régime.
J’ai trouvé que la narration était un peu trop grivoise, il aurait été plus constructif de mettre l’accent sur la vie des habitants et sur le côté historique que sur les positions lascives et les conversations à caractère érotique du personnage. A contrario, cette forme de narration un peu cru met en avant le fait qu’à trop vouloir se sentir puissant on en finit par oublier que l’on reste un homme, et c’est ce à quoi le « héro » de l’histoire est confronté. Au travers de ses souvenirs (parties les plus intéressantes du récit) on retrouve la volonté du régime de confisquer les terres des paysans, le côté historique de la Révolution culturelle survenue en 1966 qui incita les jeunes à s’insurger et à prendre place au sein de la Garde Rouge, des « soldats » qui seront formatés pour rééduquer les familles bourgeoises (pour ne pas dire les humilier). On retrouve également avec une certaine opacité l’extermination des réfractaires au pouvoir ou encore les combats menés au sein même des révolutionnaires. Tout n’est pas négatif, on comprend que le personnage principal est victime de ce régime, qu’il a agi sous l’adrénaline et la rééducation imposée par les dirigeants de l’époque. Le fond de l’histoire reste efficace et on ressent ce que l’auteur tente de nous faire comprendre.
Au niveau de la construction même du roman, l’écriture de Ma Jian est simple et facile d’accès, proposant une narration franche et sans fioriture. Les chapitres sont un peu trop longs à mon goûts, je préfère quand ils ne dépassent pas trois ou quatre pages, ce qui me permet de faire un point sur ce que je viens de lire et effectuer des recherches sur des faits que je souhaite approfondir. J’ai trouvé l’avant-propos très bien, je pensais qu’il donnait le ton sur le côté un peu satirique de l’auteur. Un bref mais non moins convaincant résumé sur le contenu du roman. Il en va de même pour la note de fin sur la couverture qui mérite d’être présenté tant elle propose une approche philosophique de du saule isolé.
En conclusion, même si la lecture m’a laissée un peu sur ma faim, il y a quand même dans le récit des faits historiques qui méritent d’être mis en relief et approfondis, des faits qui auraient par ailleurs mérité de se fondre dans un environnement littéraire plus harmonieux et moins cru. Ce roman qui allie fiction et réalité m’a permis de découvrir des évènements que je n’avais jamais pris la peine de creuser, alors je le recommande comme un bouquin initiatique, qui suggère au lecteur de se pencher sur l’histoire de la montée du communisme en Chine. Si vous souhaitez vous attacher au(x) personnage(s), je pense que vous pouvez passer votre chemin, ce côté-là n’est pas le point fort du roman.
roman dur et poignant, sur la terrible loi de l'enfant unique, sévissant en Chine. On suit avec peine et émotion le chemin de la jeune Meili, issue de la Chine rurale, qui va défier la loi, en mettant au monde un deuxième enfant, puis en tombant encore une fois enceinte. Son long et atroce périple pour essayer d'avoir un garçon, tout en conservant sa fille chérie, aînée et devant rester unique. Elle subira la violence et la barbarie policière et médicale, pour finir par échouer dans une décharge où elle et son mari, trient des détritus électroniques, vivant dans une totale insalubrité, jusqu'au jour où elle décidera de changer son destin. J'ai eu la chance de visiter la Chine en 2009, de côtoyer un peu le monde rural et pourtant j'ai l'impression d'être passée à côté de la vraie Chine et de sa souffrance. Un grand merci à des auteurs comme Ma Jian, qui rétablissent les faits et nous ouvrent les yeux sur la réalité.
L'auteur retrace son parcours après s'être exilé de Chine, notamment les années passées au Tibet.
Le style de Ma Jian nous emporte comme toujours, en revanche je n'ai pas été bouleversée par ce roman comme par La Route Sombre ou Beijing Coma, dont la trame était moins erratique, ce qui n'est pas étonnant en soi étant donné que Chemins de poussière rouge retrace une trajectoire personnelle.
Une lecture intéressante donc, mais moins puissante à mon sens que d'autres œuvres du même auteur.
Le roman présente en plusieurs temps l'histoire de Dai Wei, jeune étudiant chinois qui prend part à la révolution étudiante de 1989 avec d'autres compagnons : d'une part, on peut suivre les événements de 1989, et d'autre part, des années plus tard, Dai Wei demeure plongé dans le coma, à la suite de la répression de la révolte à Beijing.
Ce livre est foisonnant, on retrouve le style puissant de Ma Jian qui ne nous épargne rien du sort violent et pourtant réaliste de ses protagonistes, et lève un voile sur un bout d'histoire parfois méconnu. Comme pour la Route Sombre, ce roman m'a profondément marquée.
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