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Je sors toute échevelée de ma lecture d’une biographie singulière, grandie aussi du savoir et des mystères qui entourent une famille entrée pour toujours dans les trésors de la littérature anglaise, les Brontë.
J’admire le travail de chercheur de Jean-Pierre Ohl qui a exploité un nombre impressionnant d’ouvrages, biographies, correspondances et bien sûr toute l’oeuvre littéraire de Charlotte, Emily, Anne et artistique de leur frère Branwell qui les rend si vivants encore aujourd’hui.
C’est un travail de longue haleine pour démêler le vrai du faux, séparer ce qui ressort de la légende ou de la réalité, envisager toutes les hypothèses et probabilités et ne pas s’en tenir à une seule idée qui n’est là que pour faire du « buzz ».
L’oeuvre des Brontë est d’abord collective quand les 4 enfants orphelins de mère se retrouvent seuls avec leur père révérend dans le presbytère isolé de Haworth et jouent avec des soldats de bois à un monde imaginaire, avec ses héros, sa ville et son histoire, un jeu de rôle moderne.
Leur imaginaire sensible et fantasque est également nourri du romantisme lyrique de Byron et des contes gothiques du journal Blackwood’s.
Adultes, ils conserveront cet édifice imaginaire pour écrire les œuvres que l’on connaît aujourd’hui ancrées à la fois dans l’imaginaire et leur histoire personnelle comme les deux chemins que l’on peut emprunter au pied du presbytère d’Haworth, celui qui va vers les landes, le paysage violent et sauvage du plus beau roman d’amour, Wuthering Heights, l’unique roman d’Emily, la plus secrète des sœurs et celui étroit qui descend au village et mène à l’émancipation de la femme, celui de Jane Eyre pour Charlotte.
J’ai beaucoup aimé ce voyage littéraire mais aussi politique et social qui parle des victimes de la révolution industrielle et de la place des femmes dont le sort est d’être institutrice ou placée comme gouvernante. Cette expérience le plus souvent douloureuse loin de la maison familiale se retrouve dans le socle commun des œuvres des 3 sœurs comme Agnes Grey de Anne .
Seul Branwell bénéficie d’un traitement plus enviable mais sous l’emprise d’une passion amoureuse, de l’alcool et des drogues, il va se détruire à petit feu. Il laisse peu d’écrit, quelques poésies mais il est source d’inspiration de l’amour maudit et malheureux dans les œuvres de ses sœurs .
La partie qui traite de l’édition de leurs ouvrages dont l’idée est de Charlotte est assez rocambolesque car elles sont obligées dans un premier temps de publier sous des pseudonymes, source de confusion. La fin de la biographie est réservée à Charlotte,
La couverture du livre est une peinture de Branwell dont l’ombre plane sur le poteau qui coupe la photo en deux, d’autres illustrations belles et instructives figurent également en milieu d’ouvrage.
Maintenant, j’ai une folle envie de relire tous les ouvrages de la famille Brontë, une oeuvre transgressive d'émancipation, d'amour fou et de mal absolu qui traverse le temps.
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