"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'aime beaucoup de le travail de Nikki de Saint Phalle, c'est donc tout naturellement que j'ai choisi cette biographie romancée.
Si j'ai beaucoup appris sur le travail de l'artiste et sur ses oeuvres, j'ai trouvé que le côté vie personnelle était un peu délaissé. Par ailleurs, le vocabulaire très technique et soutenu m'a parfois un peu rebutée.
Cela reste cependant une bonne source d'informations pour un lecteur désireux de découvrir le travail de cette femme hors norme.
Saint Phalle Monter en enfance n’est pas une biographie comme les autres car Gwenaëlle Aubry procède à l’analyse de sa dernière œuvre, en révèle les liens, les perspectives avec son histoire intime, sa personnalité et ses révoltes.
Gwenaëlle Aubry arpente Le Jardin des Tarots pendant sept jours à la recherche de la petite fille, Marie-Agnès, un des véritables prénoms de Niki de Saint Phalle. Cette enfant est marquée par la violence, les conventions et les exigences, notamment de son milieu social, mais aussi de la quête de liberté et de provocation qu’elle a su poursuivre pour affirmer son indépendance.
Le jardin des Tarots situé en Toscane, il est l’incarnation du rêve de l’artiste depuis sa jeunesse. En effet, avec son premier mari, Harry Williams, Niki de saint Phalle avait visité l’Europe. Elle était tombée en extase dans le Parc Güell de Gaudi à Barcelone. Elle en avait même ramené la technique de Trencadis associée à la peinture projetée.
Décrite comme une matrice, ce jardin ésotérique s’inspire des vingt-huit figures du Tarot divinatoire. Il est constitué d’immenses sculptures de mosaïque. Elles représentent tour à tour des formes qui font la synthèse de son désir de création, de ses préoccupations de femme, de son histoire et de ses révoltes.
Conçu pour être un lieu où les enfants s’amusent, y éclatent de rire, affolés par ces géants si fragiles qui scintillent au soleil. Ils rappellent les contes et légendes qui font tellement peur qu’on en éclate de rire pour la conjurer. De cette enfance, Gwenaëlle Aubry affirme « sans doute sait-elle que ce ne sont pas les monstres qui pourchassent les enfants, mais que l’enfance est elle-même le monstre auquel on tente, sa vie entière, d’échapper. »!
Ce jardin se découvre par un sentier courant de formes en formes. Gwenaëlle Aubry les décrit, les relie pour en découvrir les détails associant les différents écrits personnels de l’artiste, les événements de sa vie mais aussi ses performances et autres installations. Comme une toile d’araignée, l’écrivaine replace le tout dans l’ensemble de son œuvre détaillant les influences. L’expérience Dada n’est pas des moindres ( » que chaque homme crie ; il y a un grand travail destructif, négatif à accomplir. Balayer, nettoyer »). Elle y ajoute le Facteur Cheval, l’ami Marcel Duchamp mais aussi Bosch et le Douanier Rousseau.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/09/11/gwenaelle-aubry/
Perséphone 2014, le titre reflète la jonction entre la légende ancienne et le contemporain. Gwenaëlle Aubry commence à écrire ce texte à l’âge de dix-huit, l’âge où elle entre dans la vie. En 2013, elle y revient, consciente que le mythe de Perséphone structure sa vie.
« Je suis entrée dans le mythe en même temps que dans la vie. »
Perséphone, fille de Zeus et Déméter est enlevée par Hadès, le dieu des Enfers. Elle vivra ensuite deux saisons en enfer et deux saisons auprès de sa mère.
La romancière philosophe transpose le mythe sur une vie de jeune fille contemporaine prise entre la vie ordinaire et la vie nocturne de la jouissance. Tout se joue sur cette bascule.
« Tu sais que derrière la façade ensoleillée des rituels quotidiens se joue une tragédie implacable et sanglante. »
La construction enchevêtrée entre mythe et contemporain est perturbante. Seuls des éléments de contexte nous permettent de saisir si nous sommes avec la figure mythique ou la jeune fille contemporaine.
Perséphone 2014 est un texte intime, ardu qu’il faut lire et relire à voix haute pour en saisir le sens et la puissance. Le style et la construction sont remarquables, jouant sans cesse de la bascule, ce moment du rapt amoureux, de « la terre qui s’ouvre, la faille », ce moment où la jeune fille, source de convoitise, s’élance dans la vie, découvre le désir, la jouissance et s’interroge sur sa capacité à revenir du monde des Enfers.
Une belle surprise.
J'avais lu Personne, et, il ne m'avait pas vraiment marqué, je n'en ai pas gardé un grand souvenir.
Donc avant de dire que c'est le style de l'auteur, ou de lui trouver tous les défauts du monde, j'ai d'abord retenté avec Partages.
Le sujet traité est très intéressant, voir finalement les deux côtés du miroir, deux modes de vies différents mais vécus au même moment par deux jeunes filles du même âge, 17 ans. Et, qui mèneront les jeunes filles sur la même route, la même destinée. (Je m'arrête là, sinon je vais en dire de trop).
En paysage de fond, un pays en révolte, la Cisjordanie durant la 2e Intifada.
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