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Le cri des cochons ou celui des vaches, un matin, Joe décide qu’il ne peut plus les supporter. Car ces cris envahissent sa vie, son repos, ses nuits, ses rêves. Ce n’est pourtant pas une décision simple à prendre lorsque l’on travaille dans un abattoir.
Chaque semaine, Joe doit recevoir des perfusions pour arriver à vivre à peu près normalement. Et dans ces moments-là, son seul rayon de soleil, c’est l’infirmière Joséphine. Il faut dire qu’elle aussi habite les nuits de Joe, ses rêves, sa folie douce et ses envies d’ailleurs. Mais rêver n’est plus suffisant, car ça ne fait pas vivre heureux.
Il en est sûr désormais, le bonheur est dans la fuite, loin de l’odeur du sang, celui des bêtes et celui des perfusions, loin de l’hôpital et de la mort.
Alors ce matin-là, le premier éleveur qui pose sa bétaillère devant l’abattoir à la surprise de la voir s’envoler avec ses six vaches à l’intérieur. Et Joe trace la route, mais n’oublie pas de récupérer au passage le jeune Sam, cet enfant élevé par des tuteurs qui ont confondu maison de redressement et éducation familiale.
Ils se font la belle. Par l’autoroute, par les petites routes, jusqu’à la montagne et ses verts pâturages ensoleillés. Ou pas. Il peut faire gris et froid dans les montagnes quand on n’a rien à manger et que l’on est entouré par quelques voisins trop bavards.
Quelle heureuse surprise. J’ai apprécié ce court roman aux chapitres brefs, qui fleure bon douceur et mélancolie, teinté d’un humour grinçant et parfois si réaliste. Il y a beaucoup de tendresse et de douceur dans ce road-trip pour la vie, dans ce texte aux intonations douces amères qui nous ramène indiscutablement à la banalité et la dureté du quotidien.
Chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/02/18/pas-trop-saignant-guillaume-siaudeau/
« Il m'est encore arrivé un de ces trucs. Une histoire pas possible. Trop longue à expliquer. Je vais vous la raconter quand même, parce que j’ai un peu de temps avant que la fusée ne soit complètement opérationnelle. »
Harry, notre héros, s’est vu emmené par des hommes en blanc parce qu’il a un peu trop insisté pour que l’agence de voyage lui vende un billet pour aller sur la lune. Si les agences de voyage ne veulent plus vendre de billet pour cette destination, mais où va le monde, je vous le demande !
Harry est un peu simplet et se trouve interné depuis un mois. Il n’est pas méchant, ne pose pas de problèmes. Il veut absolument aller sur la lune, il a le droit, non ?
Puisque personne ne veut lui vendre un billet, c’est dit, il construira sa fusée. Pour être certain que personne ne lui vole son projet, il le cache dans son armoire, on n'est jamais assez prudent, il ne faudrait pas qu’un homme en blanc la découvre. Son copain Jacky lui récupère tous les rouleaux vides de papier toilette et, il a une grosse cargaison à venir pour cause de gastro. Dans sa chambre, il lit tous les livres concernant le voyage vers la lune et il est confondu « Pensez-vous sérieusement que les fusées soient rouges et blanches à carreaux, comme de vulgaire nappes de pique-nique ? Que l’on perde son temps à dessiner des moutons quand le vaisseau est en panne ? Que l’on croise dans l’espace des êtres pourvus de deux têtes et trois bras ? Que l’on puisse un seul instant s’aventurer au cœur du soleil sans finir en grillade ? Qu’un jour vienne où les hommes ne savent plus retrouver le chemin de la terre ? Les aliens… Parlons-en… Qui d’entre vous a déjà croisé un alien ? Vous ? Vous ? Personne, c’est bien ce que je pensais »
« Quand je serai sur la lune, j’écrirai un livre digne de ce nom, qui retranscrit fidèlement la réalité. »
Il écrit aussi de belles lettres à Toby, son chat, son vieux chat qui lui manque terriblement. D’ailleurs, il l’emmènera avec lui dans sa fusée. Avant, il faut qu’il trouve un moteur et, ma fois, le moteur de l’aspirateur de la femme de ménage ferait bien son affaire.
Mais, ce qu’il préfère, c’est le lundi car, ce jour, sa maman vient lui rendre visite « Maman arrive toujours en disant « Bonjour, mon ange », et ne s’en va jamais sans un « A lundi, mon amour ». Entre les deux, une telle chaleur envahi ma chambre qu’il fait terriblement froid lorsque maman repart ».
Harry raconte sa vie dans l’établissement, où les hommes en blanc sont gentils avec lui. Il nous dit tout ce qui lui arrive, lui passe par la tête. Ses mots, ses phrases, ses expressions sont poétiques, imagées, fleuries, sans filtre et si belles. Rêver lui suffit pour faire naître quelque chose, la rendre belle, comme l’histoire du feu d’artifice.
Ah ! Guillaume Siaudeau quel plaisir ce livre que j’ai relu une fois terminé. j’étais dans une bulle spatio-temporelle si belle et poétique que je n’avais pas envie de sortir des phrases de Harry,
Merci Yves pour le partage
Harry, qu'on devine accueilli dans un centre pour adultes en situation de handicap raconte ses journées et son souhait d'aller vivre sur la lune. D'ailleurs, pour mener à bien son projet de voyage, il construit sa propre fusée grâce aux rouleaux de papier toilette que son copain Jacky récupère dans tout l'établissement. Harry partira avec son chat Toby. Pour propulser son engin, il lorgne sur le moteur de l’aspirateur de la femme de ménage.
Construit comme une sorte de journal écrit à la première personne, ce roman est d'une douceur et d'un optimisme fous, même lorsqu'il aborde des sujets tragiques comme la mort ou l'absence. Harry est dépourvu de second degré et quelques situations ou remarques génèrent le sourire : "Quand quelque chose dont j'ai éperdument envie ne se produit pas, je me console en l'imaginant. J'ai fermé les yeux et je me suis retrouvé les pieds dans la neige, devant le plus beau feu d'artifice qui soit. J'ai manqué le bouquet final parce que l'homme en blanc est entré dans la chambre juste avant pour m'apporter mes médicaments. Il a touché mon front et s'est écrié : "Il fait encore bien chaud là-dedans !" Je lui ai dit que c'était normal, qu'on venait tout juste de tirer un feu d'artifice dans ma tête." (p. 50/51)
Avec légèreté, poésie et beaucoup d'amour pour son héros et ceux qui l'entourent, Guillaume Siaudeau écrit un court et beau roman qui devrait réjouir les plus grincheux, leur donner le sourire et, au moins pour quelques instants --car je peux les rejoindre sur une éventuelle critique sur la légèreté et l'évaporation rapide des effets bénéfiques du livre-, leur faire voir la vie du bon côté. Pour les optimistes, eh bien, c'est une goutte de plus de plaisir à garder ou partager.
Pas trop saignant est un court ouvrage absolument percutant, déployé au moyen de chapitres concis mais gorgés d’une rage athlétique et d’un grand coeur. L’auteur confesse un récit fragile -parce que l’on sent qu’il nous échappe- et fugace : le·a lecteur·rice est isolé, sans pour autant être rejeté, et devient bel et bien le·a témoin d’une course vers deux antipodes, la vie et la mort, réconcilié autour d’un même désir, celui d’être libre. La plume de Guillaume Siaudeau, poétique vigoureuse, dévoile alors une cavale démente, aux pétales délicates, un conte doux-amer qui vient, non sans humour, écorcher quelques anomalies de la société. Le·a lecteur·rice butine alors un peu de mélancolie mais surtout beaucoup de tendresse dans ce récit qui est une véritable fracture temporelle, un arrêt dans le temps qui constelle le cerveau du·de la lecteur·rice en d’innombrables étoiles d’affection.
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