Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
D’ordinaire, je ne ressors jamais enthousiasmé d’un roman de voyage. L’idée première de découvrir de nouvelles contrées me plaît. Seulement la forme avec laquelle elle est présentée me pose en général problème. De longues pages de description mêlées à des péripéties souvent banales, font souvent de ces histoires des expériences soporifiques qui ne régalent que celui qui l’a vécue.
Guillaume Jan évite ce piège en partageant son récit son expérience personnelle à celle d’un grand découvreur : David Livingston. Successivement, il raconte les deux aventures qui sont distantes d’un siècle et demi. J’ai donc pu découvrir le paysage, les coutumes mais aussi l’histoire du Congo. J’ai pu comprendre les relations plutôt malsaines de l’Europe avec ce pays. Mais j’ai surtout été transporté dans un milieu sauvage, hostile à l’homme où les mentalités et le niveau de vie sont en décalage complet avec ce que l’on peut connaitre dans nos pays civilisés. Grâce à ce roman, j’ai pu observer ce pays lointain avec des yeux d’européens et me rendre compte à la fois de tous les ravages commis sur cette terre mais aussi de toutes les merveilles dont elle regorge.
Avec sa partie historique débordante d’informations instructives et sa partie aventureuse presque improvisée et pleine d’humour, Guillaume Jan m’a séduit. Je n’ai pas lâché ce livre dépaysant jusqu’à la dernière page. J’ai senti que l’auteur était comme son prédécesseur, amoureux de l’Afrique et il a su me communiquer à travers sa plume, tout son émerveillement et sa passion.
Je ne suis toujours pas fan de ce genre littéraire mais « Traîne Savane » est un des meilleurs bouquins de voyage que j’ai pu lire.
Ce livre retrace le récit de voyage de Guillaume Jan et de Belange, sa compagne à travers la jungle congolaise qui leur réserve bien des surprises. Après avoir passé des jours à déambuler dans la forêt, les deux amoureux décident de se rendre à Oshwé, un village Pygmée, afin d’y "organiser" leur mariage.
Le jeune couple s'engage alors sur le Chemin des murmures nommé ainsi en raison des "cris insolents des insectes excentriques qui foisonnent partout […] C'est la voix de la forêt, l'unique voix de la forêt maintenant que les gros mammifères ont été exterminés."
L'auteur nous raconte son périple tel qu'il l'a vécu, avec humour, tendresse et passion, lui qui aime "voyager comme on a envie de faire l'amour."
Dans son livre, Guillaume Jan dresse aussi le portrait passionnant du docteur David Livingstone, un célèbre explorateur écossais du XIXe siècle. Un chapitre sur deux est consacré aux expéditions de ce Mundélé (blanc en Lingala) au destin hors du commun, fou amoureux de l'Afrique. À tel point qu'il a laissé sa famille, sa patrie et qu'il a demandé qu'on y enterre son cœur sous un arbre.
Vous l’aurez compris, ce livre est un récit de voyage captivant de bout en bout.
Un vrai coup de cœur ! À ne pas manquer !
Ce livre est assez atypique dans ma bibliothèque, ce n'est pas mon genre de lectures a priori. Mais, comme je n'ai jamais été déçu par les éditions Intervalles, je l'ai commencé avec envie sans vraiment savoir de quoi il retournait puisque je ne lis pas ou peu les quatrièmes de couverture. Et bien m'en a pris, car ce livre de voyageur, de baroudeur disais-je plus haut est passionnant. Il alterne les chapitres : un coup un sur Guillaume Jan et Belange qui marchent sur le Chemin des murmures à la rencontre des Pygmées, un coup sur la vie et les marches de Livingstone. Les deux en parallèle, toute comparaison gardée.
De Livingstone, je connaissais le nom, point l'œuvre. "Livingstone n'est pas un tocard, mais il n'est pas non plus le héros qu'on croyait." (p.281). Certains de ses biographes ont voulu en faire un personnage mythique voué à sa mission d'évangéliser les Africains et à celle de découvrir des passages sur les fleuves congolais. Or il n'a converti qu'un seul homme qui s'est empressé de revenir très vite à ses croyances et s'il a beaucoup marché, il a peu découvert. Par contre, à l'inverse de beaucoup d'explorateurs, il a découvert les hommes et les femmes de ce continent, il les a d'abord respectés (dans les années 1850/1870, la traite négrière est encore très active, notamment menée par les Portugais et les Arabes et lui s'est à de nombreuses reprises élevé contre cette pratique très fructueuse) et les a aimés. Guillaume Jan le compare à Don Quichotte, d'ailleurs beaucoup de chapitres commencent avec une phrase de Cervantès en exergue, un chevalier qui se bat contre rien de concret, qui tente beaucoup sans vraiment réussir. Il fut beaucoup malade souffrant terriblement mais jamais il ne renonça voulant prouver au monde qu'il n'avait pas tort de croire aux hommes de ce pays et qu'on pouvait travailler avec eux (l'Angleterre colonisera d'ailleurs une partie de ce continent après la mort de Livingstone). Les chapitres consacrés à Livingstone sont de très belles pages, une mini-biographie d'un homme à (re)découvrir pour ce qu'il fut réellement et non pas pour l'image qu'il eut après son décès, la plume alerte à la fois critique et respectueuse, un rien moqueuse et admirative de Guillaume Jan rend ces passages très vivants et passionnants.
Les autres chapitres sont consacrés à la marche de Guillaume et Belange (et Joël leur guide qui les accompagnera plus qu'il ne les guidera vraiment ne connaissant pas plus le chemin qu'eux). Ces chapitres sont l'occasion pour l'auteur de faire le point sur la vie au Congo, ce pays au sous-sol riche qui fut exploité (hommes et biens) par Léopold II roi des Belges qui en fit sa propriété personnelle, puis par ses divers gouvernants qui s'enrichirent personnellement au détriment des Congolais qui eux s'appauvrirent. Depuis que les premiers Européens se sont aventurés sur ce continent au XVème siècle, ils n'ont eu de cesse d'en profiter : "Au début, ce sont des navigateurs portugais. Ils installent un comptoir sur le littoral, apportent des étoffes et quelques missionnaires, repartent avec de l'ivoire, de l'huile de palme, du café et, tant qu'à faire, quelques dizaines d'esclaves ou quelques centaines." (p.129) Le Congo d'aujourd'hui ne réussit pas à sortir de la misère, sa capitale est pauvre, les Kinois (les habitants de Kinshasa) vivent dans des bidonvilles : "Elle [Belange] pouvait m'héberger dans la cour des miracles où elle logeait, près du marché central : treize appentis où s'entassent une centaine de personnes, des veuves de guerre, des fonctionnaires licenciés, des vendeurs de marijuana, des filles-mères et des familles de dix. Avec un seul robinet pour abreuver toute cette palanquée. Les kulunas, c'est-à-dire les voyous du quartier, y terminent parfois leur nuit, ils dorment quelques heures sur le ciment sale avant de se revigorer avec un joint et quelques gorgées d'alcool de maïs. Le fatras de cabanes est rebaptisé Maman Yemo, du nom de l'hôpital le plus insalubre de Kinshasa, où l'on a plus de chance d'attraper une infection mortelle que de ressortir guéri. Ici, les maladies se faufilent dans la crasse, prévient Belange. Quand elle va faire sa toilette, entre trois murs de parpaings branlants, elle ajoute des gouttes de crésyl dans son seau d'eau, en espérant que ça suffira pour tuer les microbes." (p.43/44), ils ne survivent que grâce à des combines, des ventes assez incroyables ainsi Belange a pu investir dans un congélateur, et elle vend de la glace en petites portions, un autre loue des chaises, ... Le constat de Guillaume Jan est terrible, fait peur et s'il dit bien que la faute originelle est la nôtre à nous Européens, il précise également que les potentats locaux en ont profité également et qu'il ne faudrait sans doute pas grand chose pour que le pays reparte. Ces chapitres sont aussi l'occasion pour l'auteur-marcheur d'un voyage initiatique, au lieu de passer de l'enfant à l'adulte, il passe du solitaire qui aime arpenter les pays, à l'homme amoureux qui envisage la vie à deux qui se voit sans difficulté partager son existence avec Belange, qui partage avec Livingstone la fascination pour le pays de celle-ci et pour ses habitants. Comme pour les chapitres consacrés au médecin-missionnaire, l'écriture de Guillaume Jan rend vivante son aventure et instructif mais pas didactique son constat sur la vie au Congo.
Encore un beau texte chez Intervalles.
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