Grégoire Bouchard est né à Montréal en 1965. Outre l'obtention d'un diplôme en arts plastiques en 1986, il a étudié les arts graphiques à Orléans, en France. Il a collaboré à diverses revues dont Iceberg où il crée en 1993 Bob Leclerc, son personnage de pilote de guerre retraité. Grégoire Bouchar...
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Grégoire Bouchard est né à Montréal en 1965. Outre l'obtention d'un diplôme en arts plastiques en 1986, il a étudié les arts graphiques à Orléans, en France. Il a collaboré à diverses revues dont Iceberg où il crée en 1993 Bob Leclerc, son personnage de pilote de guerre retraité. Grégoire Bouchard est fasciné par l'univers des années 50 et l'imagerie qui en découle, de laquelle il teinte ses inquiétants récits de science-fiction, ancrés dans un second degré décapant : « La science-fiction, de manière inconsciente dans mon cas, parle de l'époque dans laquelle elle a été pensée, plus que du futur. » À son sujet, Jean-Paul Eid affirme qu'il « est à la bande dessinée québécoise ce que David Lynch est au cinéma. C'est un auteur à part, qui réinvente la science-fiction dans la bédé d'ici. Il y inscrit le territoire, il en fait un terrain fertile à la critique des valeurs de l'Amérique, de ce patriotisme qui nous aveugle. Son univers est riche, dense, travaillé. »
Dans Planet twist publié en 2001 aux Éditions Mille-Îles, l'auteur commente avec ironie sa fascination pour les années 50 : « C'était en 1968, la guerre froide battait son plein. À la télé, il y avait heureusement plein d'espions « clean cut » et sympathiques que le psychédélisme n'avait pas réussi à contaminer. Les séries produites avant 1968 (Lost in Space, Danger Man, Thunderbirds, Stingray) continuaient d'être diffusées et jouissaient d'une immunité éternelle ! Érigé en véritable contre-attaque culturelle, cet héritage audiovisuel que la télévision rediffusa constamment pendant des décennies vint à bout, très lentement, du totalitarisme hippie qui se fissura de partout. Même la bande dessinée contribua à cette mémorable déroute de l'ennemi. Les syndicates reimprimaient sans relâche ces vieux fascicules de gare aux couleurs décalées et au papier newsprint bon marché qui racontaient aux enfants des quatre coins du monde les aventures invraisemblables de personnages qui tenaient dans leurs mains, chaque semaine, le salut de l'Occident. (...) Ils donnaient aux enfants du monde entier une vision complètement tordue de l'histoire, c'est vrai, mais ils furent, comme j'ai l'habitude de le dire, ce que l'imparialisme occidental aura produit de meilleur. Issus des années 50, ces personnages à la gueule héroïque et au sourire « pepsodent » étaient pour moi des dieux flous tombés en disgrâce quelque part à la fin des années 60, fauchés tels les dinosaures par une impitoyable comète ».