10 livres chroniqués par les Explorateurs, 10 chroniques à découvrir !
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A chaque fois que Zouleikha ouvrait les yeux, la Russie communiste avait progressé dans son idéologie de collectivisation du pays, multipliant les exécutions de paysans, les déplacements de populations et les purges politiques.
De sa Tatarie natale jusqu’au fin fond de la Sibérie, la jeune femme se verra passer du statut de femme de paysan « koulak » à celui de chasseuse dans une colonie pénitentiaire. Dans cet incroyable périple, elle traversera la Russie en train, fera naufrage sur le fleuve Angara et souffrira mille maux durant un éprouvant voyage. Portant l’enfant de son mari, assassiné par Ignatov un soldat de la Horde Rouge, elle sera contrainte de côtoyer cet homme sévère qui après avoir été un militaire redoutable, deviendra le chef du convoi des « koulaks » vers la Sibérie puis celui du village de « déplacés » où ils s’installeront. De nombreux paysans tatares partageront son quotidien mais également des intellectuels de Leningrad déportés pour leur statut d’élite.
Un incroyable roman d’une immense richesse qui raconte aussi bien la vie des paysans russes du début du XXème siècle, que la Révolution Rouge, la stupéfiante organisation du Parti communiste ou la colonisation des régions isolées au cœur de la Taïga, passés de camps de travail forcé à des kolkhozes structurés.
Des odeurs, des sons, des paysages, mais aussi des coutumes alimentaires, des croyances peuplées d’esprits, des traditions ancestrales, c’est toute une culture que l’autrice tatare nous décrit, avec maints détails passionnants donnant au roman une dimension filmographique.
Un voyage hors du temps et de notre monde que je n’arrivais pas à quitter malgré sa densité et qui m’a déchiré le cœur lorsque j’ai dû tourner la dernière page. Le sentiment de vide après avoir côtoyé ces personnages si attachants ne me quitte plus.
Un récit historique qui nous emporte dans les décors de la Volga, cette époque de l'entre deux guerres, Gouzel Iakhina mélange différents styles. Un récit lumineux et triste, un contraste en décalage, mais notre imagination va bouillonné. Entre conte et poésie. Ce texte a de multiples facette.
Colon allemand s'installant en Russie, Jakob Bach instituteur sur les rives de la Volga, tombe amoureux d'une femme qui mourra en couche, petit a petit Jakob se déconnecte du monde. Tout en élevant l’enfant, il écrit des contes, qui de manière étrange et parfois tragique s’incarnent dans la réalité puis il recueil un orphelin qui bouleverse sa vie et celle de son enfant.
Une lecture historique d'une période méconnu, un livre que j'ai découvert il y a quelques temps, l'intrigue m'avait bouleversé. Un convoi pour survivre, un périple éprouvant. Les personnages sont attachants, entre cruauté et humanité. Un texte sensible, délicat qui nous plonge dans une tragédie, passage poétiques, optimisme et solidarité pour montrer encore que certaines bonnes valeurs existes encore malgré les heures sombres.
Une oeuvre captivante avec des personnages inoubliables.
"Cette porte ne menait pas à une pièce, mais au balcon d'orchestre. Et elle était occupée non par des enfants, mais par des squelettes d'enfants : c'est l'impression qu'eut Dieïv en entrant. Des chiffons étaient posés sur des chaises rassemblées en bancs. Dessus, reposaient des os - des os fins, recouverts d'une peau grise et flasque. La même peau recouvrait des crânes, les visages, qui ne semblaient composés que d'une immense bouche et de deux orbites. Parfois, les os remuaient : les yeux vides s'ouvraient, les corps oscillaient mollement sur leur couchette. "
Ils sont partis à 500 de Kazan, la capitale du Tatarstan ravagée par la famine, dans un train qui les conduisait vers un avenir meilleur à Samarcande, dans le Turkestan. Ces gamins des rues, 400 garçons et 100 filles, abandonnés par leurs parents, mouraient de faim dans un orphelinat et, en 1923, la République Soviétique ordonna de les convoyer dans une région plus accueillante, où foisonnaient les vignes et les rizières.
Deïv, ancien militaire travaillant au Département des Transports, fut nommé Chef de convoi et se chargea de l’entreprise, supervisé par Blanche, la Commissaire à l’Enfance.
Afin de convoyer ce train de 8 wagons rempli d’enfants, il monta une équipe composée d’un cuisinier, un infirmier et 11 nurses, pour les encadrer sur les 4000 km que comptait le trajet.
C’est l’histoire vraie de leur voyage à travers cet immense territoire que nous raconte l’autrice russe, Gouzel Iakhina.
Dans un pays fait de multiples peuples aux religions, aux mœurs et aux langues différentes, il leur faudra trouver du bois pour la locomotive et de l’eau et des vivres pour les voyageurs.
Mais sortant de la Guerre Civile, la population est ravagée par les réquisitions de l’Armée Rouge et les révoltes sont nombreuses dans les régions traversées. De la «Steppe de la faim » aux « Sables de la mort » cette guirlande de fer va croiser la route des plus terribles chefs barbares mais également faire des rencontres pleines d’humanité.
Chaque adulte, chaque enfant sont décrits avec maints détails d’apparence et de caractère et j’ai fini par connaître si bien tous ces voyageurs, grands comme petits, que j’ai eu l’impression d’avoir moi-même participé à ce voyage de l’impossible.
L’autrice, au fil des kilomètres, nous imprègne de l’âme russe, de sa grandeur et de sa fierté et si le récit a parfois quelques longueurs, elles permettent de reprendre son souffle face à l’intensité du récit.
Un magnifique roman dans lequel j’ai plongé corps et âme pour suivre cet incroyable périple à travers les régions les plus inhospitalières de Russie et mes pensées sont un peu restées là-bas, ballotées dans des wagons bruyants, le long d’un chemin de fer ensorcelant.
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