"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le Reich devait durer mille ans. Il a pourtant pris fin le 30 avril 1945 avec le suicide d'Adolf Hitler, reclus dans son bunker berlinois depuis le 16 janvier. 100 jours enfermés alors que dehors, les bombes explosent, les russes progressent à l'est, les alliés avancent à l'ouest....
Jean-Pierre Pécau adapte le livre de Jean Lopez, journaliste et historien, qui fait l'éphéméride précis et factuel des cent derniers jours du Führer. Les bombardements sur les villes allemandes, les échanges entre Hitler et ceux qui l'entourent, la vie des civils, on suit la chronique, jour après jour, de la fin du Reich.
Senad Mavric et Filip Andronik proposent une ligne claire précise et on imagine aisément le travail historique nécessaire pour parvenir à un tel degré de réalisme. Il faut y associer Jean Verney qui, par ses couleurs, contribuent à créer un univers historique parfaitement crédible.
Pour compléter les différentes bandes dessinées historiques qui traitent de la seconde guerre mondiale, cet album est idéal. Il apporte son style documentaire et historique et en éclaire ainsi les derniers jours.
Bon, je n’irai pas par quatre chemins : je n’ai pas vraiment aimé cette BD. Il faut dire qu’entre le scénario assez plat et le dessin d'Andronik et Mavric, ce n’est pas évident d’y trouver son compte.
Le scénario, d’abord. Le titre de l’album est « Le robot de Metropolis » mais l’essentiel de l’histoire se concentre sur Fritz Lang, le réalisateur du film. On voit certes un peu le personnage de l’actrice qui incarne le robot, on se rend plus ou moins compte des difficultés techniques que cela a pu représenter, mais ce n’est qu’en arrière-plan. Le sujet c’est bien Fritz Lang et les problèmes qu’il rencontre avec les nazis. Cette partie de l’histoire me semble par ailleurs assez étrange. On y fait intervenir une société secrète : Consul (les nazis) et une espèce de détective privé super-résistant. Alors qu’Hitler n’accède au pouvoir qu’en 1933, Lang doit « plaire » aux nazis sous peine de ne pas pouvoir tourner son film. Les nazis semblent déjà se trouver à tous les échelons de pouvoir nécessaires au financement et au tournage d’un film. Un coup ils veulent le financer en orientant son film puis, le coup d’après, ils ne veulent plus qu’il achève le film. Finalement, ils se débrouillent pour « s’occuper » du montage en amputant 25% du film.
Je ne sais pas si c’est le fruit d’une erreur anachronique, mais je trouve étonnant d’assister à la mise à sac d’un club de musique et strip-tease par des nervis en uniformes et croix gammées en plein Berlin de 1925 alors qu’à cette époque le parti d’Hitler ne compte que 2700 membres dans toute l’Allemagne, qu’il est principalement implanté dans le Sud, en Bavière notamment, et que ce dernier, Adolf, est interdit de parole dans la plupart des Lander. Cette scène, p48 et 49, appartient plutôt aux années 30-39 qu’à l’année 1925. Tout ça me semble un peu confus…
Globalement, je trouve que cette BD ne s’attarde pas assez sur le film lui-même et pourquoi il tient une place si importante dans le patrimoine cinématographique mondial. C’est plus une péri-aventure du tournage d’un monument du cinéma que l’histoire du robot de Metropolis. Je trouve ça dommage… Mais ce n’est que mon avis.
Et puis le dessin… Les attitudes des personnages sont trop statiques (je parle de quand ils sont censés être en mouvement), les détails des visages ne sont pas toujours très beaux et certaines proportions des corps laissent à désirer. Les décors relèvent un peu l’ensemble mais pas assez. Les fonds de cases sont très (trop ?) souvent unis et sans matière. Ce dernier détail donne à l’ensemble de la BD un goût d’inachevé. Si j’étais mauvaise langue, je dirais même bâclé, mais bon n’exagérons rien… Quoiqu’il en soit, c’est un peu moyen tout ça… Cerise sur le gâteau, la jolie couverture n’est pas du même dessinateur que la BD, ce qui n’est pas spécialement une bonne chose… Surtout quand l’intérieur est de moins bonne qualité…
Bref, Je n’ai pas aimé. Je ne dis pas que ça sera votre cas, mais bon, je le soupçonne…
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