"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Fanny Wallendorf sait donner, dans la période sombre que traverse le monde, à l'héroïne cette part de lumière, de poésie et de merveilleux, pourtant animée par la peur.
Tel un conte où l'homme et l'animal joue un rôle primordial dans une nature où règne le danger, Fanny Wallendorf, nous emporte dans cette course, dans cette fuite pour nous sortir de ces ténèbres. Grâce à son style littéraire qui lui est propre on vit le livre.
A conseiller pour les poétiques aventuriers.
La petite fille entre en résistance
Dans son troisième roman, Fanny Wallendorf raconte la fuite d'une jeune enfant dans le massif du Vercors en 1944, à la recherche de son frère. Une quête initiatique dans une nature imposante.
Commençons par le commencement, en l'occurrence par le titre un peu énigmatique de ce court roman. La narratrice nous l'explique dès les premières pages, en soulignant que pour les chasseurs, le pistage "est une tradition dans le massif depuis des siècles, née avec la légende du Prodige, un grand renard noir qui habiterait dans la montagne et que seuls quelques individus apercevraient à chaque génération. (...) Il m’a simplement expliqué que le Prodige désignait initialement l’apparition de l’animal, qui avait fini par être baptisé ainsi."
Le chasseur dont il est question ici est un homme brut de décoffrage qui a recueilli Thérèse, la narratrice, dans sa ferme au début de l'Occupation et qui la considère comme sa prisonnière. Mais comme la jeune fille l'assiste dans sa traque de toutes sortes d'animaux, il va lui délivrer ses secrets et son savoir-faire. Un "trésor" dont elle entend faire bon usage. Car elle a une promesse à honorer, retrouver son frère Jean qui a pris le maquis.
Après quatre années, elle se sent prête et s'enfuit dans la montagne. «La guerre se termine et je sais que tu seras au rendez-vous; rien ne peut troubler cette certitude. Valchevrière, que je ne connais pas, a été ma véritable maison depuis 1940. Mon corps était à la ferme Ségur mais ma tête et mon cœur logeaient là-bas. J'ai dessiné chaque jour mentalement la carte de la montagne. Et j'y suis maintenant, j'y suis. Je suis dans le rêve de ma fuite. Et je la sens cette terre de ma libération, je la sens, je la prends dans mon poing elle est humide, je hume son odeur, je suis vivante.»
Sera-t-elle rattrapée par le chasseur, par les Allemands ou réussira-t-elle à retrouver son frère? C'est tout l'enjeu de la dernière partie du livre.
Fanny Wallendorf joue avec les codes du conte pour suivre ce parcours initiatique, à commencer par la rencontre entre l'homme et l'animal alors pourvu de pouvoirs surnaturels et qui devient alors une sorte de guide en ces temps troublés.
Si Thérèse doit avant tout maîtriser sa peur, ce n'est pas à l'encontre de la nature, mais bien des hommes. Alors, à l'image des milliers d'hommes cachés dans ces massifs, elle entre à son tour en résistance.
On retrouve dans ce troisième roman le «nature writing» des Grands Chevaux (2021), mais aussi cette volonté farouche qui animait le sportif de L’Appel, qui nous avait permis de découvrir Fanny Wallendorf en 2019. On y retrouve aussi cette écriture claire et directe qui n'hésite pas à aller vers le merveilleux et la poésie.
https://urlz.fr/lXvv
J'ai plutôt bien aimé « l'appel » de Fanny Wallendorf, qui est un roman inspiré de quelques années de la vie de Dick Fosbury, champion olympique du saut en hauteur à Mexico en 1968 avec la technique innovante à l'époque du rouleau dorsal. J'ai certes mis quelques dizaines de pages pour véritablement accrocher à ce livre mais lorsque cela a été fait il m'a vivement intéressé.
Il y a évidemment la dimension sportive : voilà Richard un gamin d'une dizaine d'années, qui fait de l'athlétisme à l'école, du saut en hauteur tout particulièrement et qui y obtient des résultats tout à fait médiocres. Pourtant, une dizaine d'années après, il remporte la médaille d'or aux Jeux olympiques et il révolutionne sa discipline : voilà belle lurette que sa technique, le fameux « fosbury flop », s'est généralisée parmi les compétiteurs de haut niveau. L'auteure nous raconte comment il parvient à s'imposer dans un milieu sportif rétif à la nouveauté et quelles épreuves, pas seulement sportives, il doit remporter pour arriver au sommet.
C'est aussi un livre sur un adolescent qui se cherche, qui trouve sa voie, différente de celle des autres et de celle que le milieu qu'il fréquente, celui des entraîneurs sportifs, tente de lui imposer. Le passage où le héros, une fois de plus obligé de constater que ses performances avec la méthode classique des ciseaux sont très insuffisantes, est amené à s'essayer au triple saut ou à la course de haies est à la fois drôle, loufoque et pathétique. C'est aussi un livre sur la différence et sur la force de caractère qui est nécessaire à un adolescent pour l'accepter puis la faire accepter par son entourage.
C'est enfin un livre sur la vocation, l'accomplissement et la performance. L'auteure raconte comment Richard est constamment en recherche de la plénitude dans sa pratique sportive, elle décrit la ténacité qu'il met à en perfectionner chaque aspect, elle retrace la manière qu'il a de se mettre à l'écoute de son corps pour franchir chaque nouvelle hauteur. La volonté inébranlable de Richard de creuser son propre sillon et sa propre identité sont stupéfiantes et attachantes à la fois.
Même en connaissant l'issue du parcours, j'ai été tenu en haleine par ce très bon roman. A lire !
Quand j’ai vu la quatrième de couverture j’ai eu un peu peur en voyant le thème, tant de pages sur le sport qui n’est pas un de mes sujets préférés. Mais j’ai joué le jeu, ouvert le livre et suis tombée dedans.
Richard est un jeune adolescent de Portland qui très tôt apprend à se concentrer. Vu sa grande taille, on le dirige vers le saut en hauteur mais il ne réussit pas à dépasser 1,62 m en ciseau, il essaiera le rouleau mais là encore échouera sans jamais se décourager. A force de travail et de concentration, il mettra au point seul une nouvelle technique le saut dorsal ou saut Foxbury (son nom). Il a dû se battre pour imposer cette méthode souvent contestée en compétition mais qui l’emmènera jusqu’à la médaille d’or aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Ce qui est intéressant dans la personnalité de Richard c’est qu’il n’est pas compétiteur, on sent qu’il se bat avant tout contre lui même pour progresser et se surpasser.
Le livre refermé, je me suis précipitée sur internet pour découvrir la véritable vie de Richard Foxbury et me rendre compte que l’auteur l’avait fidèlement respectée.
Un excellent premier roman que j’ai beaucoup aimé.
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