"Le fait d'être féministe, ce n'est pas simplement lutter pour le droit des femmes, c'est lutter pour le droit de tous".
"Le fait d'être féministe, ce n'est pas simplement lutter pour le droit des femmes, c'est lutter pour le droit de tous".
Et travailler et vivre, Fabien Toulmé, Delcourt
Dans la série Reflets du monde, après En lutte pour le tome 1, voici -logiquement- le tome 2 consacré au travail. Après une vague de démissions post-covid sans précédent aux États-Unis, Fabien Toulmé a décidé de rencontrer ceux qui décident de changer de vie. Puis, direction la Corée et enfin les Comores pour évoquer également les conditions de travail.
Fabien Toulmé rencontre les principaux intéressés, recueille leurs motivations pour changer de vie, sachant qu’ils ont précédemment gagné suffisamment d’argent pour quasiment ne plus s’en soucier. L’écart est très grand avec les Coréens qui littéralement meurent au travail, qui n’osent pas, souvent par éducation, culture, tout envoyer valser ; même les auteurs de webtoons (mangas numériques) sont au bord du burn-out !
Fabien Toulmé joue les candides et restitue à la fois son étonnement, ses questionnements et les réponses de ses interlocuteurs, qui, parfois, lui demandent de les anonymiser par peur des représailles. Ses reportages sont clairs, j’avoue une petite préférence pour celui en Corée où la question du burn-out et de la mort au travail est taboue. Il rencontre des parents de victimes, des travailleurs au rythme effréné qui ne peuvent pas faire autrement. Et j’aime aussi beaucoup celui sur l’île d’Anjouan qui remonte la filière de l’exploitation de l’ylang-ylang, des cueilleuses aux acheteurs. C’est en voyant ces conditions de travail que l’on se dit qu’il faut changer totalement les modes de consommation. Et que même si l’on fait attention, que l’on privilégie les circuits courts, le local, il y a encore à faire.
J’aime beaucoup le dessin de Fabien Toulmé, un peu naïf, très parlant, coloré, des cases monochromes qui rend son récit encore plus passionnant, plus parlant, on a presque l’impression d’être avec lui au contact des gens qu’il rencontre.
J'avais découvert Fabien Toulmé en juin de cette année avec "Et travailler et vivre" que j'avais apprécié pour le propos bien documenté sur un sujet ardu, notre perception du travail, et pour le graphisme.
En revanche, je n'ai pas lu le tome 1 de "Inoubliables" ce qui est sans importance car les deux BD sont totalement indépendantes l'une de l'autre; elles ont cependant un point commun : des femmes et des hommes, comme vous et moi, racontent l'évènement le plus marquant de leur vie. Ce tome nous offre cinq témoignages :
* Julie, 41 ans, suisse a failli mourir ensevelie sous une avalanche. Ses pensées sont allées à ses enfants et son mari tout en acceptant la mort qu'elle pensait inéluctable.
* Cyntia, 33 ans, brésilienne. Elle a réussi à échapper à un petit ami, qu'elle a connu à 14 ans, jaloux, violent et menaçant. Mais elle en est marquée pour la vie.
* Kevin, musicien, français. Pour gagner sa vie, il écrit des chansons avec des résidents d'un EHPAD et au bout de 9 mois, donne un concert avec eux. Plein d'à-priori, Kevin découvre la richesse des échanges avec les personnes très âgées.
* Bruno, 63 ans, qui a dû, depuis l'âge de 15 ans, cacher son homosexualité, se marier, avoir 6 enfants. Lorsque sa femme découvre la vérité, elle le chasse. Pour lui, débute la vraie vie, la liberté.
* Bohdan, 40 ans, ukrainien, photographe et ingénieur, devenu soldat par la force des choses.
Malgré le côté dramatique de ces témoignages, le discours reste positif dans la mesure où les 5 personnes sortent grandis de leur expérience. J'ai trouvé l'histoire de Kevin particulièrement poignante et touchante par l'hommage rendu aux personnes très âgées qui ont beaucoup à apporter et à partager pour peu qu'on ne les considère pas comme des "rebuts" inutiles.
On ressent toute l'empathie, l'affection et l'admiration de l'auteur pour ces gens qui lui ont fait confiance, qui lui ont fait l'honneur de lui confier des moments marquants et intimes de leur vie. C'est avec une grand sensibilité et un grand talent qu'il nous les transmet.
Les couleurs sont simples, assez neutres, douces, souvent réduites à deux et changent à chaque histoire ce qui confère une identité propre à chaque témoignage.
Une BD pleine d'humanité où les héros sont des gens ordinaires, comme tout un chacun, qui ont su dépasser les problèmes et les drames qui les ont marqués; ils nous transmettent l'espoir qu'il est possible de se relever plus fort des épreuves. Une BD pleine d'optimisme.
#Inoubliables #NetGalleyFrance
Fabuleux. Cette BD est un cadeau. Une oeuvre salutaire qui existe parce qu'un jour Fabien Toulme s'interroge: pourquoi un crash d'avion qui fait 150 morts dans les Alpes nous touchent plus que des milliers de migrants morts en voulant fuir leur pays. Vient alors la rencontre avec Hakim. C'est son histoire et elle nous apprend beaucoup sur le pourquoi nous devenons migrant et les conséquences sur notre. A lire absolument.
Un peu plus de deux après ma lecture du premier tome des Reflets du monde, sur les différentes manières de lutter dans le monde par des femmes, me voici revenue pour vous parler de Fabien Toulmé, et ici, de son enquête sur notre rapport au travail.
"Vocation ou aliénation, moyen de subsistance ou d'épanouissement, le travail tient une place complexe dans nos vies. du cadre supérieur qui décide de tout plaquer aux livreurs exploités d'une grande corporation, des victimes du système à ceux qui se battent pour l'améliorer, Fabien Toulmé parcourt une nouvelle fois le globe à la recherche de témoignages éclairant le monde qui nous entoure."
Encore une fois, je n'ai pas été déçue du contenu, qui donne du grain à moudre, sur la manière de voir le travail dans différentes parties du monde, mais aussi sur notre propre rapport à celui-ci.
Dans cet ouvrage, l'auteur a choisi de se concentrer sur 3 pays, et donc 3 témoignages principaux (même s'il y en a finalement à chaque fois plusieurs) :
- les Etats-Unis avec le phénomène de Grande Démission, et en particulier à Austin au Texas,
- la Corée du Sud avec le Gwarosa (mort subite par épuisement), en particulier sur des travailleurs d'une plateforme qui ressemble pas mal à Amazon,
- les Comores avec toute la chaîne de production de l'Ylang-ylang, de la cueilleuse à l'exportateur.
Durant ce voyage, nous voyons bien la mutation de notre rapport au travail (très visible aux Etats-Unis), tout comme les conditions qui nous amènent au burn-out chez nous (et poussé à l'extrême en Corée), et des évolutions qui semblent anecdotiques mais qui sont bien présentes, tout en restant très fragiles (comme aux Comores).
Ces trois destinations nous permettent de mieux comprendre les dysfonctionnements actuels et leurs conséquences directes sur notre qualité de vie. Le propos est d'autant plus intéressant qu'il est ponctué d'intermèdes (entre chaque lieu de reportage), avec des questions de l'auteur à un sociologue, spécialiste du travail, Dominique Meda.
Nous voyons aussi que suivant les pays, nous n'attendons pas la même chose du travail. Cela est évolutif bien sûr, et reste assez individuel. Je ne pense pas qu'en France, par exemple, nous ayons le même rapport au travail, même s'il y a une tendance globale qui se dessine.
Ayant frôlé le burn-out, il y a 9 ans déjà, ce thème m'intéressait tout particulièrement. J'ai appris beaucoup de choses, et j'ai trouvé que les informations distillées au cours du récit, l'étaient très habilement, d'autant plus que l'humour est bien présent.
Il est difficile d'être réjoui(e) après cette lecture, mais il me semble important de savoir ce qu'il se passe ailleurs.
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