"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Petit polar par le format du livre, édité par un éditeur du nord, Ravet-Anceau. Format poche donc, parfait pour lire en voyage et à peine 180 pages : idéal pour un trajet en train ! Bon, par contre, pour les ceusses, qui comme moi vieilissent, prévoir de chausser une paire de lunettes, les caractères sont petits.
C'est la cinquième enquête du tandem Preux et Monin, Sylvie de son prénom. Pour Preux, je n'ai pas su le sien, mais c'est un garçon !
L'enquête commence doucement et n'aura jamais un rythme échevelé : ça repose ! Néanmois, un énorme bon point pour ce bouquin : je n'ai trouvé le coupable qu'à 15 pages de la fin, en même temps que l'enquêteur ! Pas mal du tout. Avant, on se demande qui peut être coupable et pourquoi, mais aussi qui ne l'est pas, tellement tous les supects ont des motifs d'en vouloir à la victime, autant les hommes que les femmes :
"- ...L'ordre des coups est impossible à déterminer.
- Docteur, une femme aurait-elle pu les asséner ?
- Certainement. Lorsque je vois, lors de la vaisselle, ma femme s'approcher de moi, une poêle à la main, pour me faire constater que je l'ai mal essuyée, je n'ai aucun doute sur le fait que si je niais, elle pourrait me fracasser le crâne avec. Un club de golf ne pèse pas si lourd que ça et, si vous ajoutez la fureur qui décuple les forces, il n'y a pas d'hésitation à répondre par l'affirmative à votre question." (p70/71)
Vous le voyez, l'humour n'est pas absent de ce livre, même si c'est loin d'être sa marque de fabrique. Non, l'auteur nous fait visiter Lille et sa proche banlieue, et s'attache à ses deux personnages principaux : leurs vies personnelles, pas vraiment au top, et assez différentes l'une de l'autre. Ils sont d'ailleurs bien sympathiques ces deux enquêteurs, aimant leur métier, motivés malgré les embûches, malveillances et autres croche-pieds dont ils peuvent être victimes. Pas une ambiance de franche rigolade donc dans le commissariat, ni dans la ville, mais il faut dire que le pluie fréquente n'amène pas les sourires sur les lèvres. Probablement moins dépaysant qu'un polar à Marseille ou en Italie, au soleil, mais authentique et crédible.
Bien écrit, simplement, même si un mot m'a surpris et que j'ai été obligé d'aller chercher sa signifiaction : "Son amour-propre blessé lui commandait de la faire endêver à son tour." (p111) Eh bien, sachez le endêver = enrager, tourmenter. Point de scène scabreuse ou difficile à supporter, ce roman-policier, classique, à l'ancienne pourrait-on même dire est lisible par un très large panel de lecteurs et lectrices.
Je disais récemment, dans mon article sur le livre de Hervé Jaouen, que les romans dits régionaux avaient à mes yeux -et aux yeux de beaucoup- une image empoussiérée et négative. C'était avant ma lecture du roman breton. Ce "polar en nord" -du titre de la collection- enfonce le clou et aux tenants de bons livres qui ne pourraient être que parisiens et de grands éditeurs, je dirais qu'ils devraient aller voir du côté des petis éditeurs régionaux qui font un travail formidable de découverte et de diffusion. Travail relayé en partie par Les Agents Littéraires par le biais de qui j'ai pu recevoir et lire Le cercle de Faidherbe.
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