"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Itsak Haïm est un père de quarante ans qui s'occupe exclusivement de son fils, et joue au tennis quand ce dernier est à l'école.
Sa femme ? Elle a disparu semble-t-il sans qu'on sache trop où elle se trouve. Emma était un véritable coup de foudre, la femme de sa vie, celle qui deviendrait la mère de son fils, et qu'il devait épouser. Lui le juif, le Ben Israël comme l'appelait sa mère, a osé s'opposer à la tradition familiale et se marier avec une goy. Depuis, il n'a plus jamais revu ses parents, mais régulièrement sa mère lui adresse des lettres pour ne pas briser le lien indéfectible qui existe entre une mère et son fils, qui plus est entre une mère juive et son fils.
Aujourd'hui, il franchi la porte d'un psy qui est tout près de chez lui, car il doit parler, de l'absence de sa femme, qu'il avoue avoir tuée, mais surtout de l'absence de la mère, l'indispensable, cette Marie-Rose toujours parfumée de senteurs de rose, vêtue d'une écharpe rose, et qui sait toujours lui donner l'amour dont il a besoin.
Il ne travaille pas, s'occupe de son fils, mais cherche désespérément l'amour qui s'est enfui, l'amour maternel qui protège,. Il voudrait tant revoir la mère absente qu'il parle finalement davantage d'elle que de son épouse disparue. Peu à peu, à chaque session chez son psy, son histoire se déroule et avec elle surgissent tous les chagrins, les oublis et les pardons, toutes les rancœurs et les attentes non satisfaites, tous les regrets.
Comment vivre loin des siens quand leur amour vous est autant indispensable. Car la questions est bien celle-là, comment se passer de la mère juive par excellence, celle qui console et parfois bouscule, qui materne et aime, protège. Celle sans qui on ne serait pas l'homme que l'on est devenu ?
chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2021/07/16/parler-a-ma-mere-david-allouche/
Il y a des livres dont on attend la sortie. C’est le cas de celui-ci. Quelle joie d’avoir reçu ce nouveau roman ! Je remercie l’auteur ainsi que la maison d’édition pour cet envoi. J’avais adoré La Kippa bleue (c’est ici, rappelez-vous!). J’ai fini ce livre à la fin de l’année scolaire, en salle des professeurs, où cela sentait déjà les vacances. Quelques élèves semblaient s’être perdus, d’autres, punis, ont du venir encore arpenter les couloirs de l’établissement. En tout état de cause, nous, les profs, n’avons pas trouvé de candidat pour d’éventuelles heures de soutien… Pour tout vous dire, si je n’ai pas publié ma chronique avant, c’est parce que je tenais à ce qu’une balle de tennis figure sur ma photo indices, et que, visiblement, le tennis, c’est has been… Mon objet enfin trouvé, voici donc ma chronique, et sa photo – avec des indices, comme d’habitude…
Itsak a rendez-vous chez le psychiatre. Alors qu’il tente de lui dire qu’il a tué sa femme, le discours s’oriente peu à peu vers le souvenir de sa mère. Itsak est le père de Gabriel, avec lequel il semble avoir une relation fusionnelle. Comment ce père hors-du-commun va-t-il passer cette épreuve de la disparition de sa femme ?
Un roman à la première personne, qui permet au lecteur une omniscience des plus succulentes. Un suspense sur ce pseudo-meurtrier au grand cœur avec son fils. David Allouche réussit à aborder avec un humour certain, et une tendresse particulière, des thèmes aussi lourds que celui de la religion ou du divorce.
Pour aller plus loin : la balle de tennis est le fil conducteur des échanges entre le psychiatre et notre personnage principal, qui rappellent une certaine Fin de partie de Samuel Beckett… Si ici, c’est la fin de partie de tennis – une adaptation théâtrale de ce roman serait une franche réussite !
Ce récit s’apparente à un essai, où romance et philosophie – ici au sens premier, amour de la sagesse, viennent sous forme de synthèse, ponctuer une dialectique parfaite. La religion, sujet épineux, est ici abordée de manière très simple et intelligente, laissant le lecteur rejoindre la partie du débat qu’il choisit. Et même si j’ai eu cette impression, égoïste, qu’il avait été écrit pour moi (les études en philosophie, le lycée Thiers et son cours Julien me renvoyant à ma vie étudiante marseillaise où j’étudiais la philosophie des mathématiques, la destination finale d’Antibes, lieu que je ne connais que trop bien pour y avoir vécu plus vingt ans, les références à Montaigne, un de mes philosophes préférés, que je consulte régulièrement, et à Brad Mehldau, compagnon fidèle lors de mes voyages en voiture, et enfin, le clin d’œil à une réplique de Cyrano…), c’est une certitude que vous vous retrouverez, vous aussi, dans ce texte… Et ce qui fait de ce roman une réussite, c’est… son panache !
Sasha ne croit plus en Dieu et est bien décidé à l’annoncer à son père. Mais lorsque l’on est issu d’une famille ultra religieuse, une annonce aussi radicale risque de faire des vagues. Sasha a deux jours, avant Kippour, pour trouver au fil de ses rencontres le courage de parler à son père.
David Allouche attaque fort dès son premier roman en abordant la religion. Celle-ci étant propre à chacun dans un cercle familial, il n’est pas aisé d’en parler en public. Peur du regard des autres, du jugement, du rejet, de la haine, particulièrement aujourd’hui. À travers ce texte je comprends la symbolique et la puissance du judaïsme dans une famille. Sasha, ici, souhaite s’émanciper et utiliser pleinement sa capacité intellectuelle et émotionnelle. Le poids de l’héritage religieux est traité avec légèreté pour nous amener à une réflexion identitaire. Faut-il forcément rentrer dans un moule ou juste être soi-même ? Un roman agréable à lire, qui ne repose pas que sur la religion. C’est une quête de liberté pour enfin vivre.
« Deviens qui tu es et tu seras heureux. »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2019/04/30/37293874.html
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