"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A 15 ans, Cyril Dio découvre la poésie avec Morrison
« Il se sentit familier. Perçut que la poésie pourrait être un refuge, ouvrir une brèche. Qu’avec elle, il pourrait, un instant, déposer son tracas. Trouver un espace dans lequel exprimer les centaines de pensées, d’émotions qui dansaient, s’entrechoquaient sans cesse. »
Ecolo militant, Cyril Dion est aussi cinéaste, auteur jeunesse et musicien. Et justement, la musique transparait dans sa poésie, ses vers se scandent, ils ont leur propre rythme auquel nous devons nous accorder.
L’auteur questionne, il s’étonne, nous bouscule dans nos certitudes et nous perturbe.
Lorsque Cyril Dion explore le corps (le sien et celui des autres) in nous donne à voir de courts poèmes. Le corps est malade ou guéri, secret, masculin ou sauvage, médiatique ou d’apparat. Et de terminer par le corps de lumière :
« A chaque pas
Comme un geyser je luis.
Incandescent.
Parmi eux.
Unique et semblable
Tout juste arrimé
A leurs cœurs. »
Face à une terre malade, un monde qui s’emballe, le poète veut retenir la « poésie du monde » celle que nous piétinons. Car le poète sait encore s’étonner, surprendre, s’émerveiller avec des mots emplis de sensualité.
« Revenir au monde
Aux millions de mains, de peaux, de lèvres,
Aux pulsations familières. »
Côte à côte, les aspérités de la vie et l’émerveillement de l’enfant qui vient au monde
« Tes mains, ton visage, les tremblements de ta bouche sont des diamants étincelants à nos yeux fatigués de souffrance et de rêves abîmé. »
Voilà une poésie sobre, parfois rugueuse, qui tour à tour nous malmène ou nous fait rêver. Un grand souffle d’air frais traverse ces pages. Il faut prendre le temps de lire cette poésie de la décortiquer de sa gangue. Nancy Huston, qui signe la préface, suggère de prendre une année entière pour lire ce livre
J'aime beaucoup lire et relire ce recueil Des textes magnifiques que j'ai eu l'honneur d'écouter lors de sa visite à ARLES. Rempli d'humanité, de justesse, d'amour, de douceur. Un grand Merci pour ce moment
Nous sommes nés pour l’horizon
Et les couchers argentés
Pour les draps frais et le bol lisse
Pour les mots qu’on murmure et les cascade de notes
Pour l’ardeur et la fébrilité.
Nous sommes nés
Pour être enfin ici
Les yeux grands ouverts
Et le monde sous nos pieds.
Debout.
Il y a des moments où l'on a besoin d'un peu d'intelligence, de cohérence. Faire un pas de côté et s'extraire de la cacophonie ambiante. Les discours et les convictions de Cyril Dion me sont familiers mais je n'avais encore jamais pris le temps d'approfondir. Il se trouve que son actualité (sortie prochaine du film "Animal") attire les médias et qu'il a eu la bonne idée de sortir une version révisée de ce Petit manuel paru initialement en 2018. Je ne suis pas de celles et ceux qui attendent des solutions clé en mains ou des hommes providentiels, les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont complexes et rien ne se réglera en un claquement de doigts. C'est peut-être ce qui explique que rien ne semble réellement avancer... Il faudra du temps, de la réflexion, de la bonne volonté, du courage, de la bienveillance, de la curiosité et bien d'autres choses encore pour parvenir à fédérer et faire en sorte d'amorcer le changement. En attendant, ce Petit manuel est une merveille de synthèse et de mise en perspective qui permet de mesurer autant ce qui pèse sur nos épaules que ce qui nous menace, ainsi que les efforts à accomplir. Ici, on ne pointe personne du doigt, on pose le problème et on tente de croire encore en l'homme.
J'ai retrouvé dans ces pages une parfaite cohérence avec des écrits aussi divers que les romans de Richard Powers ou de Flore Vasseur, l'essai de David Frayne (Le refus du travail, théorie et pratique de la résistance au travail) ou l'exercice d'Alice Zeniter (Une fille sans histoires) ; ainsi qu'une synthèse assez exhaustive des différentes théories défendues par des activistes promoteurs d'autres façons d'appréhender notre relation au vivant. J'ai surtout trouvé une vision complexe, prenant en compte les paradoxes et qui démontre que la défense de l'environnement et donc de notre planète ne peut se bâtir qu'à partir d'une réflexion qui englobe l'ensemble des mécanismes de notre société. Tout est récit nous dit Cyril Dion, exactement comme nous le faisait remarquer Alice Zeniter. Nous agissons ainsi parce que depuis des siècles on nous raconte une certaine société, on promeut un certain modèle qui montre la "bonne" voie. Travailler, produire, consommer. Toujours plus. Créer de la richesse, ce qui implique de piller les ressources qui, nous le savons depuis longtemps ne sont pas illimitées. Mais nous continuons quand même, parce que nous sommes structurés autour de cette histoire du toujours plus. Pas simple d'imposer une autre histoire quand l'immense majorité hurle celle-ci. Mais certains essayent. Tentent de sortir du lot. C'est encore balbutiant mais plus ils seront, plus nous serons et plus la nouvelle histoire aura de chances de s'imposer.
Ce Petit manuel n'est pas un traité militant mais plutôt une porte ouverte, une petite tape dans le dos destinée à encourager tous ceux qui instinctivement sont convaincus que l'on peut (doit ?) faire autrement. J'ai compris en le lisant pourquoi depuis des décennies je suis allergique au crédit (j'avais envisagé de poser la question à un psy, ce livre m'a coûté beaucoup moins cher) au point de n'avoir jamais emprunté ; j'ai surtout trouvé ici pour la première fois et de façon parfaitement claire et accessible des éléments factuels à mettre en face de certaines intuitions. Pas de réponse miracle, non. Mais la nécessité de plus en plus urgente de faire acte de résistance, chacun à son niveau. On ne ressort pas de ce livre transformé en parfait activiste, ni avec l'envie de renverser la table, mais avec une petite graine dans le cerveau qui fait germer le doute et invite à questionner les récits et à les bousculer. C'est un début. Et j'espère qu'il se diffusera au plus grand nombre dans cet esprit de cohésion qui tranche avec les discours d'exclusion qui visent à opposer des catégories aux autres. Et qui fait cruellement ressortir le grand vide des discours politiques sur ces enjeux cruciaux.
"Choisir est épanouissant. Inventer est fichtrement excitant. Sortir du conformisme renforce l'estime de soi. Être bien dans ses baskets est contagieux. Résister en ce début de XXI ème siècle commence donc, selon moi, par refuser la colonisation des esprits, la standardisation de l'imaginaire. "Créer c'est résister, résister c'est créer", écrivait le regretté Stéphane Hessel en 2010. Et il s'y connaissait en résistance..."
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Un livre, source d’un film de Cyril Dion à venir qui fournira la couche émotionnelle indispensable à une large diffusion des idées fortes de l’ouvrage. Un panorama très complet d’une écologie mondiale dressé par Bella et Vuplan, deux jeunes rencontrant de nombreux scientifiques qui leur livrent leurs diagnostics éclairés sur la biologie, la climatologie, la paléontologie, l’anthropologie, la philosophie, l’économie dans le but d’apporter des solutions aux problèmes actuels. Beaucoup de choses sont dites qui nous permettent d’appréhender des domaines inconnus, l’importance de la cohérence des écosystèmes, la place et la responsabilité de l’homme, animal, pas tout à fait comme les autres, qui possède un cerveau qui a été capable du pire, mais qui pourrait aussi rectifier le tir et produire du meilleur en étant l’acteur de sa survie.
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