"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pierre, le narrateur, embarque pour Sjena, île imaginaire de l’Adriatique, en compagnie de sa mère Bérénice et de son petit frère Orphée. La mère a un comportement instable, elle est mélancolique dit l’amie d’enfance qui les accueille.
« Qui étions-nous ? La réalité était que ma mère et Orphée ne se sentaient bien qu’à Sjena. Partout ailleurs, le réel les agressait. Orphée cherchait une forme de tranquillité et ma mère la liberté. La liberté absolue. »
Sur l’île encore sauvage, les garçons vivent en pleine liberté dans une nature primitive et peuplée de mystères. N’appelle -t-on pas Sjena l’île des ombres ? Et des ombres, il n’en manque pas dans cette tragédie grecque revisitée.
Bérénice, en mère abusive et versatile, exige beaucoup de ses enfants. Elle aime follement Orphée, petit prince épris de poésie. Pierre, en spectateur, verra son petit frère sortir de sa nuit et prendre confiance en lui. Mais, tandis que leur mère s’isole et sombre dans la confusion, ne risque-t-il pas de se brûler les ailes ?
J’aurais pu me laisser charmer par la description d’une nature sauvage, mais non ! L’écriture, qui se veut poétique, est maniérée et fini par peser.
« Nous suivons un fantôme. La plage de cailloux, habituellement silencieuse, crépite. Les galets et les coquillages remuent, écrasés par d’invisibles foulées. Le bruit de leur collision, un son sec, rocailleux, bat dans nos gorges. »
Si le thème est alléchant, je ne suis pas entrée dans cette histoire, et Bérénice, héroïne grecque de pacotille, ne m’a absolument pas séduite. Les personnages manquent de souffle. J’ai trouvé l’intrigue confuse et fabriquée, laissant peu de place à l’émotion.
Une lecture décevante
Où es-tu Bérénice?
Dans son nouveau roman Claire Conruyt raconte le séjour d'une mère et de ses enfants sur une île de l'Adriatique. Un dernier séjour qui est aussi une quête spirituelle, un adieu à l'enfance, une fuite éperdue.
Le ferry qui accoste à Sjena compte parmi ses passagers Bérénice, Pierre et Orphée. Une mère et ses deux enfants étreints par l'émotion. Ils retrouvent une terre qu'ils chérissent, la promesse d'une parenthèse enchantée durant laquelle ils retrouvent Anouk, leur amie qui vit ici.
«L’île était un continent inexploré. Du moins, c’était ainsi que nous la percevions. C’était une terre originelle où la violence n’avait pas encore été matée. Une terre d’asile où se retrouvaient les affranchis. Les marginaux. Il n’y avait ni rang ni hiérarchie. (...) C’était une terre dure où nous étions absolument libres. Un rêve éveillé pour les enfants que nous étions.»
Et de fait, les premiers jours sont idylliques. Un parfum de liberté emplit l'air chaud. La mer est belle, les enfants insoumis. «Les règles habituelles que nos parents nous imposaient étaient abolies. Entre le monde des adultes et le nôtre, une frontière s'érigeait, un mur épais que personne n'osait franchir. Ils avaient leur territoire et nous avions le nôtre. La seule condition était d'être de retour à l'heure du dîner. Le reste nous regardait, nous n'avions aucun compte à rendre.»
Mais au fil des jours, la belle harmonie est troublée tout à la fois par les garçons qui se laissent aller à quelques rites initiatiques loin d'être anodins, mais surtout par la fièvre qui gagne Bérénice. Derrière le feu de la passion, derrière l'admiration, derrière l'envie, on sent poindre la jalousie, l'incompréhension, le drame.
Parallèlement, la beauté et la faconde d'Orphée séduisent les îliens. Mais elle irrite Pierre. Tout comme ses talents de conteur, lui qui est capable de ressusciter la mémoire de Sjena «en donnant une voix aux maisons abandonnées».
Car ce petit frère qui aime raconter des histoires, qui est capable de «repeupler cette île désolée de destins superbes», peut aussi se transformer en messager de l'apocalypse. Alors sa beauté devient inquiétante. «On ne lui donnait pas d'âge, il avait les traits d'un immortel.»
Les rêves – que l'autrice nous livre tout au long du roman – se transforment alors en cauchemar. Petit à petit, on voit poindre la folie. Comme une vague qui enfle et grossit, elle va venir briser ce séjour. Pierre essaie de résister, mais Orphée décline en voyant sa mère, sa complice, s'enfoncer. Il est «incapable, désormais, de la suivre dans sa folie.» Elle s'absente de plus en plus fréquemment jusqu'au moment où elle ne reparaît plus.
Claire Conruyt réussit parfaitement à rendre l'atmosphère de ce paradis qui va finir par devenir un enfer. Elle montre aussi combien la quête de Pierre et d'Orphée pour retrouver leur mère est désespérée. Dans une sorte d’inéluctable danse tragique dans laquelle on retrouve des accents de Mourir au monde, son premier roman. On comprend alors que le choix des prénoms de ce trio n’a rien de fortuit. Nous sommes bien dans aux abords de la Grèce et se ses tragédiens, à commencer par Sophocle et son Œdipe-Roi. Ici aussi les sentiments sont aussi puissants que troubles. Ici aussi, on sent poindre la tragédie sous un été brûlant.
«C’est notre dernier été et peut-être même notre dernier voyage…»
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C’est l’été. Un ferry dépose Bérénice et ses deux jeunes fils, Pierre et Orphée sur Sjena, une ile imaginaire et mystérieuse, quelque part en mer Adriatique.
Cette année, sur la terre de ses ancêtres, Bérénice, une femme au caractère instable, vient chercher la tranquillité. Elle croit au pouvoir de la mer pour guérir ses blessures, elle se bat contre une forme de mélancolie qui l’envahit, l’emmène hors de la réalité, jusqu’aux portes de la folie.
C’est sur cette ile qui possède une église en son cœur et où la nature sauvage abrite des ruines à explorer que Pierre et Orphée veillent sur elle. Pierre, enfant discret qui a les pieds sur terre et souffre sans le montrer de voir que son jeune frère est le fils préféré, le héros et le confident de leur mère. Bérénice et Orphée, fusionnels, se ressemblent tant. Orphée croit au pouvoir des mots, de l’art et possède des dons étranges. Il pressent les moments où le spectre de la folie se profile, faisant tournoyer sa mère dans une danse sans fin ou nager sans crainte du danger jusqu’à sombrer entre deux mondes. Pour la sauver, il lui faut la rejoindre aux frontières de l’invisible, de l’immatériel, il lui faut convaincre son frère de s’aventurer ensemble au plus profond d’un monde onirique pour pouvoir en revenir avec elle.
Claire Conruyt nous entraîne, avec la beauté et l’élégance de son écriture, dans un univers mystique et envoûtant, nous offre une merveilleuse interprétation du mythe d’Orphée, dans une variation autour de l’amour, de la vie et de la mort. Elle explore avec beaucoup de sensibilité la force des liens familiaux, de l’amour maternel tourmenté qui devient emprise au lien fraternel bienveillant et salvateur.
Et cette histoire d’amour tendre et cruelle à la fois, entre Bérénice, héroïne d’une tragédie contemporaine énigmatique, emportée par ses démons jusqu’au bout de la nuit et ses jeunes fils qui luttent avec elle face aux rêves qui deviennent cauchemars, vient hanter l’île mystérieuse et nous ouvre les portes d’un autre monde, parfois inquiétant mais éminemment poétique et symbolique.
Laissez-vous emporter par ce conte étrange et mélancolique, une merveilleuse parenthèse hors du temps, à la croisée du réel et des songes.
Roman qui se lit bien, je ne peux pas dire le contraire.
Toutefois, l’histoire n’est pas passionnante, même si au début on souhaite savoir ce qui va arriver à cette famille, dans cette île inconnue où des comportements étranges apparaissent …
Franchement, je l’ai lu, mais il ne m’en restera rien.
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