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« J’avais tout misé sur le tapis vert de mes illusions. J’avais tout perdu, sauf la vie. Même elle ne tenait plus qu’à un fil, celui de ma respiration saccadée. »
François Sablier, un homme, peut-être en reconstruction, en tout cas, un homme à moitié détruit par des années de méditations plus ou moins transcendantales..
« Suite à des pratiques psychophysiques poussées, j’avais basculé dans des territoires qu’il est dangereux d’approcher sans guide chevronné ». Il n’a plus de toit, plus de boulot lorsqu’il rencontre Régis Lematricule, cousin et ancien ami qui lui propose de l’héberger dans une mansarde au-dessus de son appartement, rue des Ruches, contre petits boulots. « Je t’héberge, tu me rends service, c’était le contrat, pas de question inutile » Régis est spécialiste du fonds précieux à la bibliothèque. Ce faisant, il trafique et revend à des collectionneurs des livres rares jamais demandés dont il prend soin d’effacer toute trace sur le registre.
François Sablier va se faire chauffeur pour prostituées camées qu’il conduit au château de Barbe-bleue -c’est ainsi qu’il nomme la demeure du sieur Laclanche de Hauteroche. Il est également engagé par une entreprise de Pompes funèbres, où ils transportent des cadavres dont il ignore tout avec son collègue Jo Kari qui ne rit jamais…
François fait de temps en temps les courses pour M’dame Enclave mégère non apprivoisée et sa fille Châtelaine, aveugle et presque sourde qui fait la pute de temps à autre. Châtelaine peint et a un certain talent à l’état brut. Châtelaine et lui deviennent amis, puis amants. Deux éclopés de la vie qui se soutiennent.
Peaulysse, sa sœur qui tient à sa liberté, barmaid, quelques fois escort. Elle a pris des cours de danses, de boxe thaï, passé le permis poids lourd « Toujours belle et redoutable, elle vivait dans un milieu où la mort rôdait sans cesse, mais Peaulysse n’avait pas peur ».
Peaulysse l’envoie, pour essayer de revenir vers les vivants vivant, l’envoie vers un chamane prénommé Swami Nemegratte-paparla « Dieu m’a chié dessus et personne ne veut me donner l’extrême-onction, c’est vous dire si je suis dans la merde ! » Devant ce cas d’école, le chamane va sortir le grand jeu.
Les noms que l’auteur a trouvé me font rire Sablier pour un homme dont la vie ne tient qu’à un fil de sable. Lematricule pour un caïd, Jo Kari pour un mec des pompes funèbres qui ne rit jamais, Peaulysse à double sens pour sa sœur. Et puis, Swami Nemegratte-paparla… Pardon, j'allais oublier Monsieur Claude et le sieur Laclanche de Hauteroche, propriétaire du château à code secret
Comment dire, c’est une lecture jubilatoire par l’écriture alerte, les jeux de mots, les références mais aussi noire par le milieu où évolue François. Oui, il est le palanquin de tous ces gens qui lui mangent la laine sur le dos, mais il semble y trouver son compte et faire le bien autour de lui peut être une bonne thérapie.
Un livre à déguster sur une plage des environs de Marseille ou ailleurs. Je me lirais bien son précédent roman La vie fugitive mais réelle de Pierre Lombard, VRP... Je vais rechercher.
« J’avais tout misé sur le tapis de mes illusions. » L’incipit donne le ton. » Le Palanquin des caïds » est un récit solaire, puissamment brillant. C’est le livre pour un été lumineux et porteur. Tendre comme du bon pain, un tour de manège frénétique et magnanime, une bouffée d’air frais. Il est l’heure des attitudes altières. L’inaugurale saveur de l’Ère des Petits Riens à l’instar d’Amélie Poulain. Ce livre, page après page sème des petits cailloux. A vous de prendre à pleines brassées cette douce humanité. François Sablier est le cœur de ce beau livre, le Palanquin. Cet homme est en questionnement existentialiste. Dépressif, égaré, solitaire il est son propre danger. Fragile et démuni, le cœur en pagaille mais vaste et la larme facile. Il tangue entre les rives écartelées. Il va retrouver Régis, son opposé, un ami de l’ancien temps lorsque tout était diapason.
« Ce vieux Régis aimait le sexe, la sagesse antique, la poésie et le vin, comme ses maîtres Omar Khayyam et Pierre Louÿs, dont il collectionnait amoureusement les éditions rares. Nous avions été amants un temps, mais au fond, nous aimions trop les femmes, ou, pour dire vrai, nous n’aimions personne d’autre que nous-mêmes.
Régis franchit la ligne jaune, combines et bas-coups, trafic de drogue, prostitution et tutti quanti. Néanmoins Régis Lematricule est loyal en amitié. Il va proposer à son vieil ami des missions (certes louches) et du travail chez madame Enclave, odieuse, grossière et maltraitante avec sa fille « Châtelaine » aveugle et obèse. Même pas peur, même pas mal. François Sablier va subrepticement glisser des étoiles dans cet antre chaotique. Il instaure un relationnel de fraternité et de douceur avec Châtelaine, peintre (douée).
« Entre deux Poulbot, un Derain ! Entre deux chromos, un Bonnard. Elle ne pouvait pas copier ! Ou alors, ce n’était pas elle qui peignait ! Comment, sans qu’elle le veuille, sans même qu’elle le sache, s’élevait, silencieusement et royal, un Soutine, un Bram van Velde, un Marcel Leprin ! »
François Sablier devient Le Palanquin, Châtelaine est sauvée, chut, ne rien dévoiler ! Lisez ce livre les amis ! Le voici devenu croque-mort chez « Fleurs et couronnes ». Tout va s’écrouler comme un château de cartes. Régis est dénoncé.
« On a assez de preuves pour l’envoyer aux dures pendant trente ans incompressibles. »
Dans cette trame de concorde ne perdez pas des yeux le chamane « Swami Nemegratte-paparla alias Cyprien Rougnac, natif de l’Estaque. »
« À l’écoute de mes lectures et de mes anciennes pratiques, il avait vite vu que je n’étais pas un abonné de Pif le chien ni du Manuel des Castors Juniors. Rudolf Steiner, Castaneda, Gershom Scholem et les maîtres de la kabbale étaient pour ainsi dire mes copains, il ne pouvait pas me la faire à l’envers. » « Jamais vu ça ! Une chance que vous soyez encore en vie mon gars ! »
« Le Palanquin des caïds » de Christian Estèbe est un récit tremblant d’altruisme et de compassion. On aime « Peaulysse » la sœur de Régis, bouée de sauvetage, reine de cœur superbe d’intelligence et de ténacité.
« J’ai reçu un message de ma sœur Peaulysse « : Tu peux fumer une cigarette avec la pochette d’allumettes », message subliminal !
« Le palanquin des caïds » est magistral, doux dans cet olympien qui éveille. Publié par les majeures Éditions Serge Safran éditeur.
Un roman qui avait tout pour me plaire sur le papier.
L'auteur qui connait bien le milieu de l'édition, nous amène à travers la vie de Pierre Lombard dans les méandres de la chaine du livre.
Cet ancien cadre dans un grand groupe à quitté sa boite sur un coup de tête et se retrouve VRP pour une petite structure, sillonnant la France pour placer des encyclopédies. On croise des des libraires, des bibliothécaires, des grands patrons et désenchantement, nostalgie, amour de la littérature se mélangent.
Tout cela en effet aurait du me séduire mais c'est l'ennui qui l'a emporté. Ça tourne en rond, ça pinaille, ça se regarde le nombril.
J'attendais sans doute trop de ce roman en raison du sujet abordé.
C'est l'histoire de Pierre Lombard qui a perdu sa femme et son boulot. Aidé par un ami libraire, il est embauché comme vrp dans une petite maison d'édition. Les tournées seront l'occasion de faire le point sur sa vie et de se reconstruire.
Une pâte et un style très aérien, une épaisseur des personnages et un sens de la mise en scène des rencontres m'ont réjoui.
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