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Catherine Rodier, cofondatrice du réseau euro-africain Migreuro est aussi juriste. Son travail sur les politiques européennes d’immigration et d’asiles lui permet la rédaction de cet essai qui possède la triple qualité d’être court, documenté et d’une lecture aisée, pratique, efficiente. Pour ce travail de vulgarisation (Non, ce n’est pas un gros mot, c’est un compliment !), l’auteure a bénéficié de la participation de Catherine Portevin, journaliste à ‘Philosophie magazine.
En un jeu de 24 questions, souvent le reflet de la bonne foi de ceux qui cherchent à comprendre, elle ouvre une réflexion sur les politiques migratoires de notre vieille Europe et sur les présupposés bien erronés, fantasques ou intellectuellement malhonnêtes sur lesquels le monde politique, tout partis confondus, s’entend alors qu’il n’y a pas, ou si peu, de résultats probants.
Après une très simple explication de ce qui différencie les migrants des réfugiés, l’auteure s’attache à démonter l’arbitraire qui gère le droit à l’asile ou le rejet aux frontières. Elle précise, chiffres en mains, qui sont les migrants qui tentent l’entrée en Europe, disqualifie tous ceux qui prétendent découvrir une crise migratoire qui aurait été impossible à prévoir, à réguler, à solutionner autrement que par l’instauration de quotas, l’érection de murs et la construction de prison rebaptisés ‘Centres fermés). Elle déconstruit les fausses bonnes raisons qui ont donnés naissances aux hotspots, gare de triage sans critère humainement validés. Dans la foulée, elle compare le coût de la surveillance des frontières européennes (quelques 13 milliards, à tout le moins) aux sommes dépensées par les migrants (15 milliards, donnés pour une bonne part aux passeurs) Et, une fois encore, elle s’interroge. Notre politique migratoire est-elle juste, efficace, humainement acceptable alors que la migration est un phénomène planétaire qui a toujours existé et qui ne pourra pas disparaître vu les situations politiques, économiques, climatiques et intellectuelles des peuples. Croire le contraire ne permet que de cautionner les écarts aux conventions et traités humanitaires signés par les états mais trop souvent non respectés, contournés, falsifiés lorsqu’ils sont expliqués au grand public.
La question de savoir si l’Europe, la France (le lecteur belge lit « La Belgique ») ont-elles la capacité d’accueillir cet afflux de migrants est posée. Avec l’argumentation connue : Non, soyons suffisamment lucides pour dire non à ces étrangers qui viennent manger le pain de chez nous, prendre nos emplois et faire exploser notre sécurité sociale, l’autrice pointe la désinformation, volontairement exercée par ceux qui ont intérêt politique à discréditer l’étranger. On ne le dit pas assez, les études montrent à l’envi que les populations de migrants sont aussi des contributeurs à la croissance économique sur le long terme.
Quand le Politique mettra-t-il en œuvre une politique migratoire qui tienne compte de la peur de ceux qui se sentent envahis ET, TOUT EN MÊME TEMPS, qui mise sur une information réelle de la situation, sur une éthique humaine dans le choix des solutions envisagées et sur la réorientation des coûts de surveillance des frontières vers une réorganisation inclusive des flux migratoires dans l’ensemble des payes, des régions ?
Ce tout petit opus, moins de 100 pages, est grand, très grand par la réflexion qu’il féconde !
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