Rome, années Berlusconi, juste avant la chute.
La Ville Eternelle est à la merci de Samouraï, ex-leader fasciste reconverti dans la grande criminalité. Il met la dernière main à un gigantesque projet immobilier qui aura pour effet de bétonner tout le territoire compris entre Rome et Ostie, sous couvert d’un philanthropique programme de développement de logements sociaux. Le projet est pour l’heure top secret, puisqu’il faut d’abord trouver de quoi corrompre (ce ne sera pas trop difficile) les politiciens qui le voteront bientôt. Il faut aussi éliminer les autres obstacles, à savoir la concurrence, et pour cela, quoi de plus judicieux que de s’associer avec ses ennemis, en les « intéressant » au projet et garantir ainsi sa sécurité. Samouraï est donc sur le point de réaliser une union sacrée entre les différents mouvements mafieux œuvrant à Rome, en ce compris (oups) la Banque du Vatican. Une belle brochette de riches pécheurs au service du Dieu Argent.
Mais ce beau projet pourrait bien capoter, parce que dans le camp des Gentils, Marco Malatesta, incorruptible chef d’une unité d’élite des carabiniers, a flairé que quelque chose d’énorme mijotait dans le chaudron des Méchants, et s’est donc mis en devoir de déjouer le plan, avec l’aide de sa belle collègue, d’un jeune procureur, et d’Alice, altermondialiste n’ayant pas froid aux yeux.
Crime, luxe, drogue, argent, prostitution, élites politiques et religieuses, hauts fonctionnaires, tous et tout sont inextricablement entremêlés dans des relations de domination, de chantage et de corruption.
On pourrait dire que les personnages de ce roman nerveux et haletant sont stéréotypées, et que toute cette histoire est trop énorme pour être vraisemblable. Et pourtant, c’est là le plus effarant, il paraît que tout cela est très réaliste et même carrément inspiré de la réalité.
Pauvre Rome, splendide déchue. Et combien d’autres, comme elle, corrompues jusqu’à l’ADN ? C’est quoi, ce monde ?
Le chef des mafias de la ville, Samouraï est en prison. Son bras droit, Sébastiano tente de maintenir le consensus. Mais l’arrivée d’un nouveau Maire Martin Giardino, d’un nouveau Pape et de la montée en puissance d’un responsable du trafic de drogue sont comme de gros grains de sable qui viennent chambouler l’équilibre.
Le nouveau maire, a décidé de lutter contre la corruption au sein de son équipe et au sein de son « palais » et a choisi un « vieux » sénateur communiste pour piloter les projets urbains . Il va devoir habilement manoeuvrer avec la députée Charia Visone, prête à tout pour être la maîtresse de Rome et avec les vieux briscards de la municipalité pas prêts à lâcher les petits acquis et rompus aux coups bas.
Le Pape François annonce la mise en œuvre d’un nouveau jubilé qui va donc attirer un grand nombre de touristes.
Fabio, l’étoile montante du trafic de drogue qui se verrait bien calife à la place du calife, celui-ci étant en prison et laissant une place vacante.
Ce roman met en avant un monde de pouvoir partagé entre politiques, gangsters et religieux où tout est affaire d'argent et de pouvoir et où chacun se donne tous les moyens de conserver ses intérêts personnels n’hésitant pas à user de leur réseau d’influence pour obtenir gain de cause et tant pis pour les dommages, drames que cela peut engendrer.
Ce roman, largement inspiré de la réalité, est non seulement passionnant par sa capacité à mettre à jour le fonctionnement d'un système politico-mafieux particulièrement abouti mais aussi surprenant par tous ces personnages qui se croisent, se télescopent, s’utilisent, se trahissent ou créent des alliances selon les circonstances et qui parfois nous emmènent bien plus loin voire sur un autre chemin que celui attendu.
Ce livre est la suite de « Suburra ». Et comme je l’avais affirmé à la fermeture de l’opus précédent, je pensais que cette histoire mériterait une série télévisée, tant le contexte est foisonnant. Je me faisais donc une joie de poursuivre l’aventure dans le monde mafieux.
On se retrouve d’ailleurs dans un environnement identique, les quartiers de Rome. Mais les acteurs ne sont plus les mêmes. En effet, sans spoiler la fin de l’épisode 1, beaucoup de protagonistes ne sont plus en mesure d’imposer leurs décisions. Les rôles ont donc été modifiés et les petits d’hier sont devenus les grands d’aujourd’hui. Mais si le pouvoir a changé de mains, il n’en reste pas moins toujours aussi partagé. Il navigue toujours entre les politiques, les gangsters, et les religieux.
Je me suis donc replongé dans ces sociétés, qui sévissent en dehors de la vie du peuple et qui manigance en toute discrétion. Tout est une nouvelle fois affaire d’argent et de pouvoir et chacun se donne tous les moyens pour flatter ses intérêts personnels. Ainsi, les différents protagonistes usent de leurs influences pour faire fléchir l’autre et cela jusqu’au drame. Et le drame entraînant d’autres drames, le rapport de force est continuellement bouleversé.
Ce deuxième volume est un peu moins violent et la corruption se manifeste beaucoup plus par le dialogue dans les bureaux que par la force dans la rue. J’ai pris autant de plaisir à suivre ces nouvelles manigances plus politiques. Comme dans une série (ou je sais, j’insiste!), j’avais hâte de connaître le déroulement et je me suis attaché à tous ces personnages, qui peuvent aussi bien être diaboliques qu’attendrissants.
Giancarlo De Cataldo et Carlo Bonini ont su, cette fois encore, recréer une fiction addictive sur un milieu qui me fascine. Mais quand j’assemble ces romans sur la mafia italienne avec celui d’Olivier Norek sur nos quartiers français et celui de Roberto Saviano sur le trafic de cocaïne dans le monde, sachant que tous sont basés sur des faits réels, je me fais un petit de soucis quant à tout ce qui se passe autour de nous!
Le Samourai tient d’une main de fer, toutes les mafias de Rome, faisant régner la violence depuis des années, quitte à se retourner contre ses fidèles collaborateurs.
Le projet de sa vie est un ambitieux programme immobilier soutenu par les réseaux de Malgradi, un politicien aussi véreux que débauché.
A la suite d’une nuit avec des escorts qui se passe mal, certains vont essayer de profiter à leur avantage de la situation. Le fragile équilibre va alors se fissurer menaçant de tout compromettre. D’autant, qu’un de ses ex disciples, qui s’est reconverti colonel chez les carabiniers, va tout faire pour le traquer et enfin l’anéantir.
On ne va pas se mentir, c’est une lecture plutôt masculine, des meurtres violents, des prostituées, de la drogue, tout au long de ce long roman, riche en personnages. Il est d’ailleurs parfois difficile de s’y retrouver .
C’est noir, très noir, et le fait qu’il soit co-écrit par un ancien juge et un journaliste, n’est pas en soi très rassurant sur la réelle situation de l’Italie.
Déjà adapté en film, il fera certainement de nombreux amateurs car l’écriture est très cinématographique et rendra la narration peut être plus « claire ».
Les personnages sont quand même assez caricaturaux, je crois que c’est mon petit bémol, j’aurais aimé, plus d’originalité dans le traitement des caractères. Le seul qui sort vraiment son épingle du jeu, à ce niveau, c’est le Samourai, sorte de dandy cultivé et amateur de thé vert, déroutant !!!
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