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Que de fils tissés , entremêles pour nous conter l'esclavage, l'humiliation et toutes les horreurs subies par les afro-américains. Une écriture qui empreinte à de multiples styles, la fresque, le conte, la pièce de théâtre et la poésie. Lire A. Rozan c'est laisser une part de soi au fil des pages tant son discours est universel et vient percuter nos propres mémoires ancestrales. C'est un plaisir des mots, de la mélodie qu'ils forment ente eux. Les situations décrites sortent des pages pour s'imprimer sur vos rétines de façon aléatoire. Pas besoin de construction, de suivi, il suffit de se laisser prendre au fil des mots et des images suggérées. Alors on voyage loin, en Afrique au bord du Lac Volta au Ghana, on va suivre les caravanes des marchands d'esclaves, le long voyage en bateau mouroir et enfin l'arrivée en enfer sur cette bonne vieille terre d 'Amérique. Il sera question de la colonisation doublée de l'impérialisme, les amérindiens ne seront pas oubliés. Auprès d'Anansi déesse qui vient au secours des plus démunis, accompagnée d'une calebasse brisée contenant un crabe bleu en son centre. Un personnage de taille qui n'est autre que Joe Biden entre dans la danse tel un patriarche usé par les deuils. Celui de sa femme et de sa petite fille, il y a bien longtemps et plus récemment celui de son fils Beau. Il est question d'une promesse faîte et tenue en ce jour d'investiture à la Maison Blanche. La boucle est bouclée lorsque nous voyons se dévoiler les mémoires de ces maisons blanches, lézardées, hantées par des actes, des faits non reconnus et prêt à à sombrer dans l'oubli. Point de réparations, point d'excuses à l'horizon ? Un magnifique second roman qui bien après l'avoir lu, résonne encore dans nos cœurs. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2023/01/26/39784204.html
Poème, fresque historique, conte et roman, la seconde histoire d’Arnaud Rozan est tout à la fois ! Du Ghana à Washington DC, Mémoires de Maisons blanches pose le problème de la nécessaire reconnaissance du préjudice subi au cours des siècles par la population Afro-américaine.
Par touches successives, associées à des œuvres d’art diverses et particulièrement variées, Arnaud Rozan questionne l’Histoire américaine avec les Africains, devenus avec l’esclavage, Américains, en associant Joe Biden au moment de son investiture à une figure du folklore Africain. En effet, ce dernier, héros culturel, est censé capter la sagesse de l’Histoire avec sa calebasse. Appelé par ceux qui souffrent, Anansi partage son savoir même si son apparence prend des formes surprenantes.
En remontant Pensylvania Avenue, Joe Biden, bientôt vieux roi fatigué, songe à la promesse faite à son fils, Beau. Alors, il voit apparaître Anansi, invisible aux autres, déesse invoquée pour sauver les âmes en peine, déguisée alors en clocharde, montrant une calebasse fendue avec un crabe bleu en son milieu. Est-ce que le vieux roi saura partager le message de la divinité qui porte le souvenir de tous ceux qui ont souffert pour bâtir le pays ? Lui qui connaît la souffrance de perdre un enfant !
Au fil d’un récit qui s’éclaire peu à peu, Arnaud Rozan présente ses Maisons Blanches, sortes de lieux de mémoire inexploités du pays.
J’en ai retenu quelques-unes. Il y a le Marais de Fort Prinzensyein avec sa citadelle blanche au pied de l’océan où des enfants deviennent esclaves pour démêler les filets et ramener plus de poissons.
Par ailleurs, Biden ne consomme que des filets de tilapia nappés de citron, d’huile d’olive et de cinq grains de sel. Car, il a horreur du poisson ! Néanmoins son cuisinier se doit d’avoir toujours prêt ces filets, pêchés dans des eaux très chaudes, accommodés de cette unique façon. Évidence, et pourtant nul n’y fait référence !
D’autres liens illustrent cette filiation entre le monde nouveau, avec son roi trop âgé, avec les enfants perdus du continent d’en face
D’autres Maisons blanches apparaissent au fil des pages comme ce port d’Alexandria et son marché, le plus grand des Etats-Unis. Mais il y a aussi la construction de la véritable Maison Blanche, le Phare de Jones Point et même le Lafayette Square où aucune statue ne rappelle le marché qui s’y trouvait au début du XIXe siècle.
Que dire du Willard Hotel, situé sur Pensylvannia Avenue, à deux pas de la vraie Maison Blanche, qui est le lieu où Martin Luther King a rédigé son fameux discours. Il a hébergé nombre de futurs présidents pour leur dernière nuit de citoyen ordinaire. ..
Comme ce conte magnifique le démontre,
Les lieux ont une histoire que l’Histoire de l’Amérique ne retient pas. Pourtant tous les liens s’emmêlent pour former une pelote que plus personne ne file ! Pas assumés, pas revendiqués, ces endroits ne cessent de cogner leurs significations dans les mémoires, demandant reconnaissance pour, enfin, dépasser les traumatismes vécus ! Comme rien n’est dit, ils hantent chacun d’une manière, ou par son contraire, sans que la spirale ne puisse s’arrêter.
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2023/01/12/arnaud-rozan/
J’ai lu de nombreux titres qui parlent de la Ségrégation et c’est une thématique qui m’intéresse fortement. J’ai découvert L’unique goutte de sang grâce à sa parution en format de poche. La fameuse « goutte de sang » fait référence à l’une des sordides lois Jim Crow qui part du principe qu’une seule personne de couleur noire dans l’arbre généalogique suffit à condamner toute la descendance à être considérée comme « colored » même si on a la peau blanche. Cette loi montre clairement la haine, l’absurdité et le profond racisme de cette Amérique de 1917. Sidney est un brave adolescent noir de Chattanooga. Il est victime d’une fausse accusation provenant de deux jeunes filles blanches. L’occasion est toute trouvée pour lyncher l’ensemble de la famille. Ses parents et ses sœurs meurent dans d’atroces souffrances tandis que lui réchappe à un destin funeste, grâce à un shérif qui n’approuve pas la Ségrégation. L’épopée de Sidney ne fait que commencer et elle sera semée d’embûches. L’unique goutte de sang est un roman difficile qui comprend des scènes insoutenables et malheureusement, elles ont existé. Le racisme n’a jamais disparu et le combat pour l’égalité n’est pas encore gagné. J’ai apprécié ce texte et certaines de ses scènes poétiques malgré leur noirceur. Un récit utile, pour ne jamais oublier…
Remarquable ! cruel ! envoûtant ! nécessaire ! CM
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