"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un sujet grave traité avec une grande délicatesse.
Certains romans laissent de profondes marques dans le souvenir d’un lecteur. C’est précisément ce qui se passe pour moi avec Et Pour Le Pire.
Tout d’abord, n’allez pas croire que ce n’est qu’un énième livre qui traite de violences conjugales. Celui-ci va beaucoup plus loin.
L’histoire s’ouvre il y a 10 ans, au moment où Kathryn Brooker assassine son mari.
J’ai d’ailleurs commencé par sourire, tant la scène où elle appelle elle-même la police pour leur demander de venir suite à son geste est racontée avec une saveur étonnante et détonnante.
Oh bien sûr, après je n’ai plus beaucoup souri, loin de là, mais ce n’est pas pour autant que j’ai pu reposer ce livre, qui en 3 pages seulement m’avait déjà complètement accrochée.
Si ce roman aborde un sujet très difficile, jamais l’histoire ne tombe dans le voyeurisme ou la surenchère de scènes choc.
Tout est très clair dès le départ, et au fur et à mesure le lecteur découvre ce qu’a enduré Kate pendant de longues années.
Mais le roman ne parle pas que de ça, loin s’en faut.
Grâce à l’alternance de chapitres nous voyageons, entre 10 ans auparavant, au moment du drame, et tous les grands moments qui se sont déroulés après cela : la détention, la remise en liberté, la recherche d’un but, d’une renaissance, l’adaptation (souvent délicate) de Kate à sa « vie d’après »...
Donc si les violences sont bien au cœur de l’histoire, elles ne la délimitent pas pour autant.
Amanda Prowse a cette plume, très britannique, à la fois tout en véracité et en pudeur, qui lui permet de nous raconter l’horreur vécue par Kate, mais également l’espoir, la résilience, le courage et la force dont elle fait preuve dans « l’après ».
Ce roman nous alerte une fois de plus sur un fait de société qui, hélas, perdure.
Mais grâce à son style élégant, sans fard mais délicat, Amanda Prowse ne nous en offre pas seulement un aperçu, elle nous donne également matière à de nombreuses réflexions, sur la société, les victimes ou sur comment leur venir en aide.
C’est bien sûr une fiction et non une histoire vraie, mais elle n’en est pas moins criante de vérité.
À découvrir et à lire, pour l’histoire et pour la plume.
Un superbe livre qui parlera aux femmes autant qu’aux hommes car il aborde un sujet de société dont on parle dans l’actualité, les violences faîtes aux femmes. Nous rencontrons Kathryn Brooker mère irréprochable et épouse parfaite au moment où elle tue son mari. A partir de ce fait « divers » l’auteur nous fait remonter le temps et c’est la voie de Kathryn qui raconte l’histoire de sa vie. Les chapitres sont ponctués par son enfance, ses espoirs, son mariage et les quinze années passées auprès de son bourreau. Un parcours que j’ai suivi avec émotion et horreur entremêlées, celui d’une femme qui mettra tout en œuvre pour reconstruire sa vie. Repartir ainsi non pas de zéro mais avec en bagage le poids du passé peut sembler surhumain mais Kathryn possède une motivation a toute épreuve, ses enfants. C’est ce cheminement long et difficile que nous allons vivre à ses côtés. L’auteure possède une grande sensibilité et une délicatesse pour ne pas tomber dans le pathos et savoir à la fois nous faire comprendre ce par quoi elle est passée. J’ai été touché par la qualité de l’écriture qui sait rendre léger ce qui ne l’est pas. Les personnages secondaires ont aussi une belle place à jouer en premier lieu celui de Simon qui tiendra une grande place dans sa reconstruction. L’amitié avec d’autres femmes, le lien, la solidarité des valeurs humaines qui la soutiendront dans ce futur. Pourtant ce que je retiendrais de ce récit, c’est la relation mère-fille et mère-fils. Il y a vraiment eu des passages douloureux qui ont fait résonance, en tant que mère je sais combien la relation avec ses enfants peut devenir complexe en cas de dysfonctionnement. L’auteure nous donne la vision de la famille soit disant parfaite alors que l’on sait qu’elle ne l’est pas du tout. Ce secret, ce non-dit est d’autant plus terrible lorsque l’on apprend la vérité. La violence conjugale dans toute sa monstruosité et une vie de femme incroyable dans sa capacité à rebondir. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/09/18/37609530.html
Pour son troisième livre et après "L'autre femme de mon mari", Amanda Prowse dévoile pour cette rentrée littéraire un récit sensible à la cause féminine sur la violence conjugale et ses dégâts.
C'est l'histoire de la résignée Kathryn, qui subit depuis quinze longues années les sévices psychologiques et physiques de son tyran de mari. Quotidiennement torturée, humiliée et brisée par ce monstre, elle ne laisse rien paraître pour à tout prix, protéger ses enfants qu'elle chérit tant. Et puis vint le jour du déclic où un sursaut de survie fait surface et la pousse à assassiner son bourreau pour enfin se libérer de son emprise... Après des années de silence l'atroce vérité éclate enfin, mais personne ne comprend ce crime. Chacun jouait son rôle à la perfection dans cette famille-modèle où la vraie nature de Mark restait tapie entre les murs de leur belle maison.
Jugée et condamnée à des années de prison d'où elle ressort toujours aussi fragile mais également plus forte, Kathryn devra se battre et ne jamais renoncer pour enfin se retrouver. S'annonce un long chemin vers la reconstruction de soi où venir en aide à d'autres femmes en détresse sera sa rédemption.
Avec une plume fluide et efficace, Amanda Prowse nous embarque dans la tourmente de Kathryn un personnage triste et attachant, coincée entre sa loyauté familiale et sa liberté. L'auteur nous émeut avec la souffrance de cette femme et de ses enfants mais nous malmène avec la noirceur et la toxicité de son mari qui contraste avec la bonté du principal protagoniste. Avec de nombreux flashbacks et de réguliers changements d'époques le suspens se révèle addictif et à son comble tout au long du récit.
Une aventure brutale et poignante mais transcrite avec délicatesse, où l'espoir est la seule chose qui nous rattache à la vie...
"Elle s’était attendue à éprouver de l’euphorie, ou au moins du soulagement. Ce qu’elle n’aurait pas pu prédire, c’était l’engourdissement qui l’enveloppait à présent. Elle songea à ses enfants, qui dormaient dans la pièce d’à côté, ferma les yeux et espéra qu’ils profitent d’un long sommeil paisible, car elle savait que ce ne serait plus le cas avant longtemps. Quelle que soit la situation, elle se préoccupait toujours de ce qui était meilleur pour eux. La pièce semblait vide malgré le corps dégoulinant de sang allongé au milieu du lit. Il y régnait une atmosphère paisible, une température idéale. Kathryn remarqua qu’elle ne ressentait qu’une pointe de déception. Elle s’était attendue à plus d’émotions."
J’ai commencé ce roman en me disant que j’avais l’impression d’assister à un téléfilm sentimental. Je savais que l’auteure le faisait exprès, justement pour insister sur le couple heureux avant grossesse. Mais tout de même, c’était très fleur bleue. Un homme et une jeune femme plus heureux que jamais dans tous les domaines, au travail, en amour, au lit… Deux personnes qui se marient et qui achètent une magnifique demeure (l’homme est avocat et a beaucoup d’argent, tout comme ses parents). Un couple plus heureux que jamais. Bloup, bloup, on nage dans un bonheur sans faille. Vous voyez ?
Et puis Jessica tombe enceinte, une heureuse surprise, une grossesse so exciting. Jusque là, rien de bien extraordinaire donc. J’avais hâte d’en arriver au moment intéressant de l’histoire, celui où tout fout le camp. Non pas que je surfe sur une tendance machiavélique, mais le tout beau tout rose finit par m’ennuyer et surtout il ne reflète pas la vérité de ce que vivent beaucoup de personnes ici bas. Et c’est justement le sujet abordé dans le résumé qui m’a réellement attirée dans ce roman. La difficulté d’être mère. La dépression postnatale. Un thème important pas assez abordé selon moi en règle générale.
Il y a donc 20% du roman qui pose le décor du couple idyllique et qui fait en sorte de nous convaincre que cette maladie peut toucher les personnes tout à fait heureuses et impatientes d’accueillir leur nouveau-né. Puis la naissance chaotique de cette petite fille arrive et à partir de ce moment-là, le couple ne réagit plus de la même façon. La symbiose se brise pour ne faire briller que l’éclat de joie et de plénitude de Matthew, a contrario de la platitude de Jessica envers son bébé. Elle ne ressent rien, pas l’amour maternel immédiat dont sa mère lui a parlé. Jessica ne comprend pas pourquoi elle ne réagit pas « normalement ». Elle n’aime pas son enfant, pas immédiatement et pas non plus après. Elle sombre. Elle se sent seule et incomprise de son entourage. Et pendant que son mari se démène pour tout gérer tout en babillant avec son nouveau trésor, elle éprouve tous les sentiments qu’elle ne devrait pas à ce moment-là : la jalousie, la colère, l’indifférence… Pourquoi ?
Comment peut-on passer du bonheur absolu à cette infinie tristesse ?
« Elle avait beau essayer de se rassurer, ou de se répéter à voix haute que tout ce qu’elle avait à faire était de rester à la maison, dans leur magnifique demeure, et de s’occuper de leur bébé en bonne santé, cela ne changeait rien. Cela n’apaisait pas le moins du monde le désespoir qui l’emplissait comme de la glu noire. »
Le roman prend alors toute sa consistance. Les sentiments de ses personnages sont étoffés, crédibles, réalistes. Certains passages nous effarent tandis que d’autres nous émeuvent. L’auteure ne lésine pas pour nous faire ressentir le désespoir de cette femme qui est mère uniquement par le titre. Sa descente aux enfers est ici parfaitement bien épluchée mais sans trop en faire. Les pages se tournent toutes seules, nous avalons les chapitres pour connaître le dénouement de toute cette histoire.
« – Je déteste être mère. Je déteste ! Je ne sais pas le faire, et je n’y comprends rien. Je suis complètement nulle. Je ne sais même pas tenir la tête du bébé comme il faut ! Je regrette de ne pas avoir su ce que j’éprouverais, parce que franchement, j’aurais fait plus attention à ne pas tomber enceinte. Je hais chaque minute de mon existence désormais, et je veux retrouver ma vie d’avant ! »
« – Je déteste son putain de prénom et je déteste sa chambre dans ma maison. Je déteste voir ses affaires dans ma cuisine, et je ne veux pas passer de temps avec elle, pas une minute ! Et je me déteste de dire une chose pareille, de la penser même, mais c’est la vérité. »
Chaque fin de chapitre est ponctuée des écrits de Jessica dans son journal intime sur plusieurs années, ce qui rythme merveilleusement bien le récit et apporte du suspens.
J’ai été transportée, je me suis demandée comment tout cela allait finir, comment on pouvait en arriver là. J’ai été plongée dans cette maladie un peu trop tabou et je suis heureuse que l’auteure nous en ai si bien parlé. Nous passons par toutes sortes de sentiments à la lecture de ce roman et j’adore ça. Le rythme est parfait et l’écriture fluide nous permet de rentrer complètement dans l’histoire.
« Je me demande, si j’avais su combien c’est commun, est-ce que ça m’aurait aidée ? Je pense que oui. Je pense que j’aurais trouvé les choses plus faciles, sachant que je faisais partie d’un club de plusieurs milliers de personnes, et non d’un club dont j’aurais été l’unique membre. Le plus terrifiant, ça a toujours été la façon dont la souffrance m’a assaillie en rampant, jetant sur ma tête sa cape sombre, si bien que je ne me rendais pas compte de ce qui se passait. »
Je vous le conseille chaudement !
Ma chronique sur mon blog : https://ducalmelucette.wordpress.com/2016/10/22/lecture-histoire-dune-mere-damanda-prowse/
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