Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
Alice a quatorze ans quand elle est hospitalisée : un premier roman foudroyant
Alice Develey " Tombée du ciel"
Pour le " traitement de l'anorexie " il y a le choix.
Ou adhérer au contrat ou se rebeller.
Alice a opté pour la deuxième option et forcément souffrira davantage de l'abus de pouvoir et de linfantilisation.
Je note traitement de l'anorexie " entre guillemets "car il n'y a pas une anorexie mais des anorexies.
Beaucoup d'anorexies sont réactionnelles à un Événement non-digeré: diabète/ mucoviscidose, phobie scolaire, inceste/viol( l'exemple en est l'écrivaine Amelie Nothomb).
Beaucoup d'anorexiques ne présentent ni scarifications, ni dysmorphophobie, ni volonté de maigrir sans fin ( ou sans faim comme diraient les lacaniens) encore moins de Voix.
Quand j'avais douze ans, un infirmier a tenu à me filmer me demandant de lui parler de mes Voix " mes petits martiens" .
Je l'ai gentiment remis à sa place, lui précisant que la seule voix que j'entendais était celle de ma Conscience à l'instar de Milou qui d'un côté est tenté par l'os, de l'autre de sauver Tintin.( Dommage que mon dossier médical ait été détruit !).
Alice a appelé le sienne Sissi( comme l'impératrice autrichienne également anorexique).A la fin du roman, cherchant à la tuer, c'est elle-même qu'elle tue.
" Qu'en dira cette Conscience , ce spectre qui marche sur mon chemin " Chamberlayne " la Pharonnide"
Là où je rejoins Alice Develey c'est sur la volonté de maîtriser ce qu'enfant on n'a pu maîtriser.
" L'anorexique veut être Dieu. Oui voilà, en chaque anorexique se trouve un dieu contrarié.Elle veut contrôler tout ce qui la dépasse. Or, ne pouvant changer le monde, elle change le sien.L'anorexie est sa guerre intérieure, sa revolte contre l'absurde" (p226/227)
L'anorexie est une addiction, souvent associée à de la dépression et des Tocs, tocs renforcés par le CONDITIONNEMENT.
Comment soigner une addiction en axant justement la nourriture comme une Fin en Soi, l'occasion d'avoir droit à un stylo ou un livre?
La nourriture ne remplit plus sa fonction de besoin et/ ou de plaisir selon les individus mais est devenu un odieux chantage.
Le " joueur d'echecs " de Stephen Zweig évoque d'ailleurs les séquelles du CONDITIONNEMENT.
Le récit est fluide alternant entre présent/ passé-souvenirs familiaux,.
La fin est une vraie Chute avec le journal intime de la mère. L'anorexie est la descendante directe des fantômes et secrets de famille.
Il y a des réminiscences du "Pavillon des enfants fous " de Valérie Valere mais aussi des contradictions .
Il faut savoir raison garder.
L'Anorexie n'est-elle pas en soi une Contradiction ?
Alice Develey " Tombée du ciel"
Pour le " traitement de l'anorexie " il y a le choix.
Ou adhérer au contrat ou se rebeller.
Alice a opté pour la deuxième option et forcément souffrira davantage de l'abus de pouvoir et de linfantilisation.
Je note traitement de l'anorexie " entre guillemets "car il n'y a pas une anorexie mais des anorexies.
Beaucoup d'anorexies sont réactionnelles à un Événement non-digeré: diabète/ mucoviscidose, phobie scolaire, inceste/viol( l'exemple en est l'écrivaine Amelie Nothomb).
Beaucoup d'anorexiques ne présentent ni scarifications, ni dysmorphophobie, ni volonté de maigrir sans fin ( ou sans faim comme diraient les lacaniens) encore moins de Voix.
Quand j'avais douze ans, un infirmier a tenu à me filmer me demandant de lui parler de mes Voix " mes petits martiens" .
Je l'ai gentiment remis à sa place, lui précisant que la seule voix que j'entendais était celle de ma Conscience à l'instar de Milou qui d'un côté est tenté par l'os, de l'autre de sauver Tintin.( Dommage que mon dossier médical ait été détruit !).
Alice a appelé le sienne Sissi( comme l'impératrice autrichienne également anorexique).A la fin du roman, cherchant à la tuer, c'est elle-même qu'elle tue.
" Qu'en dira cette Conscience affreuse ,ce spectre qui marche sur mon chemin " Chamberlayne " Pharonnida"
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Cathy Covarelli , autrice de "Fragments dakarois " ed.doxa
Dans cette autofiction, Alice Develey explore l’univers bouleversant d’Alice, une adolescente de quatorze ans internée pour anorexie.
Confrontée à la dureté des traitements et à l’incompréhension des soignants, Alice trouve une lueur d’espoir dans les amitiés qui se tissent et dans l’écriture, son moyen de résister.
Ce roman authentique et sensible donne une voix forte aux douleurs de l’adolescence, tout en soulignant le pouvoir salvateur de l’écriture et des liens humains.
Pour surmonter la douleur, Alice se tourne vers l’écriture. Son journal devient son moyen d’exprimer ce qu’elle vit et de ne pas oublier. Écrire lui permet de résister, de préserver une part d’elle-même et de transformer son désespoir en force.
Avec une plume sincère et émotive, Alice Develey nous offre un récit intense et poignant.
J’ai aimé découvrir ce roman en livre audio et savouré la voix d’Ariane Brousse, que j’apprécie déjà dans d’autres livres. Elle parvient à nous plonger au cœur des épreuves de l’adolescence et de la maladie.
Ce roman, qui touche profondément, reste en mémoire bien après sa lecture, grâce à la force des mots d’Alice et à son courage.
Version audio
Tombée du ciel d'Alice Develey est un énième livre sur l'anorexie. Je n'ai pu être que touchée par cette Alice de 14 ans et la petite voix dans sa tête qui ne cesse de lui répéter qu'elle est trop grosse. Ce roman très autobiographique est poignant mais je l'ai trouvé interminable.
J'ai constaté un grand engouement pour ce roman très fort que, moi, j'ai eu beaucoup de mal à écouter jusqu'au bout. Alice Develey y retranscrit bien la colère contre tous les adultes et la violence qui animent la jeune fille. Elle est maladivement autocentrée sur elle-même et ne peut s'en sortir seule. J'ai regretté que le personnage soignant n'y soit montré que sous son mauvais côté. A croire qu'il fait tout ce qu'il peut pour être méchant avec les enfants. L'anorexie est un sujet très sensible, qu'on ne peut ignorer, mais que faire avec des ados qui se complaisent dans leur malheur ? S'il est sûr que ce fut un calvaire pour Alice, il y a peu de compassion pour ce que peuvent endurer les parents ni pour le personnel soignant.
C'est très bien écrit, mais je n'ai pas cru un instant que c'était le journal d'une jeune fille de 14 ans sous médicaments, le ventre vide. L'auteure s'en explique dans une intéressante interview, à la fin de cette version audio.
J'ai apprécié la voix juvénile d'Ariane Brousse qui colle bien au récit d'une adolescente. Quand elle modifie sa voix pour incarner le personnel hospitalier, j'ai trouvé qu'elle exagérait en lui donnant des accents nunuches ou méchants et indignes du travail ingrat exigé d'eux.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2024/10/31/tombee-du-ciel-de-alice-develey/
Alice Develey avait 14 ans lorsqu'elle a été internée pour anorexie en pédiatrie puis psychiatrie, son hospitalisation a duré un an et demi, un cauchemar. Seize ans après, la colère est intacte, enflammée par une question lancinante : pourquoi lui a-t-on fait subir ça alors qu'elle n'était qu'une enfant ?
L'autrice ne revendique pas avoir écrit un témoignage. Évidemment, on sent son urgence à écrire et à dire ce qu'elle a subi. Contention abusive, sonde pour forcer à manger, cachetons qui assomment , contrat de poids sous forme de chantage pour obtenir de petites choses, dépossession de soi … on est révoltés de découvrir ces traitements aussi indignes qu'inefficaces car dissociant totalement le morphologique du psychologique sans prendre en compte la singularité de chaque patient ; et on espère surtout qu'il y a des changements dans la prise en charge des anorexiques, dans le respect de leur personne et de leur consentement.
« Ce que vous avez entre les mains est une fiction, composée avec les débris de mes souvenirs. »
Tombée du ciel se veut le journal intime de la narratrice durant ses 1 an et demi d'hospitalisation forcée, adoptant ainsi le point de vue d'une adolescente de 14 ans avec la candeur, l'intransigeance, les contradictions qui siéent à une personne de cet âge. Et en même temps, l'âge adulte affleure. Surtout, on sent la présence d'Alice Develey, adulte, dans des passages où elle s'exprime avec le recul de la femme de trente ans qui s'en est sortie, notamment lorsqu'elle évoque l'anorexie et permet de mieux en comprendre les mécanismes au-delà des idées reçues ou des intuitions qu'on pourra avoir sans connaître le sujet.
Jamais Alice Develey n'essaie de se placer en surplomb telle une experte irréfutablement dans le vrai ou l'universel. Tout ce qu'elle écrit est du domaine du subjectif. Et c'est sans doute là que son texte se fait oeuvre littéraire à part entière. Par le ressenti, les émotions et le travail d'écriture qui permet de les exprimer.
« Bien sûr que l'écriture est dégueulasse. C'est un charnier, un monceau de cadavres ! Une fosse commune ! C'est l'eau dans laquelle on s'est lavé. Il faut que ça sente la sueur, la crasse. Chaque phrase doit être un accouchement. Des draps blancs devenus rouges. Une douleur. On n'écrit pas en pensant. Et ceux qui disent le contraire écrivent avec du savon. On ne maitrise rien. On ne sait pas comment les mots sortent. C'est un cri. Un Vol. Un rapt. Toute écriture est une blessure Soit on la cicatrise, soit on la creuse. (…) Toute écriture est une lutte contre la mort. »
Les phrases vous engloutissent, leurs mots sont de l'ordre de la morsure, de la secousse, de l'asphyxie et des larmes. Alice Develey fait ressentir organiquement le vécu de son personnage. Et c'est souvent d'une sincérité à la crudité brutale tant le travail d'écriture sur le corps est puissant et hautement évocateur grâce à un choix de métaphores très précis faisant ressentir tout le combat entre la volonté de vivre et la volonté de se détruire ( cette dernière incarnée par un tyran intérieur nommée Sissi, qui a fait un putsch sur sur cerveau).
« Je me sens pleine de fissures, quelque chose s'infiltre en moi comme de l'eau dans un mur. Un manque, un trou. Quelque chose qui avait disparu remonte à la surface. Des souvenirs comme des cadavres. »
La lecture est souvent rude, des scènes à la limite du body horror peuvent rebuter notamment lorsqu'il est question d'automutilation. Mais il y a tout de même de la lumière qui perce lorsque apparaissent les personnages de Mamie et Luce, dans la bouleversante lettre de la mère à la toute fin, contrechamp à la puissance d'évocation dingue pour sortir du huis clos de l'hôpital. Et surtout par la grâce de la poésie qu'invoque l'autrice pour parler de ces enfants tombés du Ciel qui ne cherchent qu'à y retourner.
« Je dansais dans la tempête. Ouais, sous mon crâne, c'était tous les jours une immense fête. Ma vie crépitait comme mes cheveux. J'étais un gigantesque brasier dans une forêt de gens éteints. Je ne parlais pas, je criais. Je ne marchais pas, je courais. J'avais du feu dans la poitrine. Je brûlais comme on brûle dans le froid. Mon corps entier était une volute de fumée. (…) Je voulais tout engloutir, tout bouffer et m'étouffer avec, rien que pour tuer mon ténia métaphysique. J'avais faim, si faim de tout – comble de l'ironie pour une anorexique. »
Impossible de ne pas entendre l'urgence du cri littéraire d'Alice Develey. Un récit marquant qui porte une nouvelle fois avec éclat la casaque premier roman de L'Iconoclaste.
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