Mama red de Bren McClain (Le Nouveau Pont) est le premier roman de cette auteure américaine. Elle a remporté de nombreux prix dont le Patricia Winn Award for Southern Literature en 2019, le SIBA Okra pick Winter, le Willie Morris Award for Southern Fiction et le Pulpwood Queen's Book of the Year en 2017. A lire absolument !
Découvrez l’avis d’un de nos membres du Cercle livresque Christine Faura
Caroline du Sud, entre 1944 et 1952. Mama Red, c’est une vache. Plus précisément une Hereford, d’un beau rouge foncé.
Ce nom, c’est Sarah McCreamer qui va le lui donner. Veuve et maman d’un petit garçon, Emerson Bridge, qui n’est en fait pas vraiment le sien, vivant dans une pauvreté extrême, Sarah travaille jusqu’à l’épuisement à confectionner des robes pour nourrir ce petit garçon qu’elle ne sait comment aimer.
En 1951, alors que son fils a sept ans, Sarah a l’idée d’élever un veau et de le faire concourir à la foire aux bestiaux pour qu’il lui rapporte suffisamment d’argent pour ne plus craindre l’avenir.
Mais le veau en question a tant pleuré que sa maman la vache est venue le rejoindre, bravant les barbelés de son enclos.
Mama Red, c’est donc l’histoire parallèle de cette vache et de son veau, de Sarah et de son petit Emerson Bridge. Mais c’est aussi celle d’une autre famille, du riche éleveur Luther Dubbins et de son propre petit garçon, LC, en qui le père place tous ses espoirs de gagner le prix du meilleur veau de concours.
C’est donc aussi l’histoire d’une compétition entre deux familles que tout oppose, entre deux classes sociales, pour décrocher le concours.
Mais il y a bien plus dans ce livre : il s’ouvre sur des scènes d’une grande violence, tant du côté des humains que des animaux. Il aborde des thèmes très profonds : l’amour pour un animal qu’on élève, l’amitié entre enfants, entre adultes, l’amour maternel, l’amour paternel, les espoirs que l’on place dans nos propres enfants pour réaliser des rêves qui étaient les nôtres et que nous ne sommes pas capables de mener jusqu’à leur terme. Et jusqu’au racisme, puisque sont également abordées les relations et conditions de vie des Noirs et des Blancs aux États-Unis dans les années 50.
Petit à petit, on explore les personnalités de chacun, celle de Sarah qui voudrait s’autoriser à aimer enfin son petit garçon, qui tremble pour lui, et qui a pris Mama Red pour confidente ; celle de Luther, toute en ambivalence entre la relation de confiance qu’il aimerait mettre en place avec son enfant et les signes de « virilité » qu’il lui demande de montrer.
La narration permet de remonter également aux sources de ces personnalités, avec au détour des pages la rencontre d’autres personnages, profondément marqués également par leur enfance tel Ike, d’aucuns tournés vers une certaine idée du bien-être animal, et d’autres enfin qui vont s’affranchir des règles posées par leur entourage pour favoriser l’émergence de relations fondées sur des qualités humaines, telle Mildred.
L’histoire d’une vache et de son veau, durant une année. L’histoire d’un amour inconditionnel qui rejaillit sur les humains qui gravitent autour d’eux. Une finesse dans la description des faits et des sentiments éprouvés. Une écriture qui nous emporte dans un autre monde, dans une autre époque, qui rend le lecteur spectateur impuissant des situations qui se déroulent sous ses yeux. Des émotions qui jaillissent entre répugnance, compassion, empathie, colère, admiration : l’auteure donne pleinement vie à ses personnages, humains ou animaux. Le lecteur partage ainsi leurs espoirs ou leurs dépits, entre actions contraintes et désirs de se libérer d’un asservissement, de quelque nature qu’il soit, pour favoriser la droiture, la loyauté à autrui et la fidélité à soi-même.
Ce livre m’a bouleversée, je l’ai fini en larmes. C’est un coup de cœur !
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Merci Christine pour ce commentaire qui sait mettre en valeur la puissance des sentiments des êtres humains , qui nous fait comprendre que dans ce livre des gens se battent pour et contre la différence et dans ce livre tout le monde cherche un moyen de survivre dans un monde qui ne semble pas facile . Vos descriptions , votre engouement m'ont touchée . Ce livre sera dans ma PAL . Belle journée
Bonjour et merci pour cette sensible chronique! Moi aussi je finirai en larmes!