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L’immense amour des mères et des filles

"Histoire vraie de nos vies formidables" d'Elizabeth Crane, traduit par Bruno Boudard (Phébus)

L’immense amour des mères et des filles

Histoire vraie de nos vies formidables (Phébus) est un roman réjouissant et singulier sur les relations mère-fille, écrit par celle que les critiques littéraires américains considèrent comme la nouvelle Dorothy Parker. On connaissait déjà Elizabeth Crane pour Bonté Divine, un roman raconté par « shorts stories » en 2006, ou encore Une famille heureuse en 2013. Son nouveau roman part de la question qui tente et qui brûle les doigts de toutes les mères et toutes les filles : Qu’est ce qu’une mère sait de sa fille, qu’est ce qu’une fille sait de sa mère ? On part chercher les réponses dans le texte.

 

Voici donc l’histoire d’une relation mère-fille. La mère, ici Lois, raconte à sa fille la façon dont elle l’a vue grandir depuis sa naissance en 1961. La fille, Betsy, replonge dans l’après-guerre pour revivre la rencontre entre ses parents, le rêve vibrant de sa mère pour l’opéra et la façon dont, dans l’élan des années 60 et de la libération des femmes, elle finit par assouvir son rêve au prix, notamment, de son couple.

 

C’est le parcours d’une Américaine qui s’émancipe après les sages années 50, divorcera et sacrifiera quasiment tout pour devenir une cantatrice célèbre à New York , en traînant sa fille et en redoutant les grossesses. Betsy, quant à elle, hérite des combats féministes de ses aînées. Elle est d’emblée libérée, vivote de petit boulot en petit boulot en attendant de devenir un grand écrivain, boit trop, choisit de ne pas avoir d’enfants. Tout semble plus facile et pourtant, l’ombre de cette maman Walkyrie porte sur son parcours.

Tout n’est pas vrai dans ce livre, mais tout y est vraisemblable : ce qu’elles sont, auront été et auraient pu être. Les dialogues mère-fille à la fin de chaque chapitre questionnent le souvenir à l’aune de la fiction, quand la mémoire a plus à voir avec l’imagination qu’avec le réel.

 

Arrive le délicat moment où l’on comprend, dans Histoire vraie de nos vies formidables, que ce dialogue aimant et drôle n’est pas aussi simple qu’énoncé. Il semblerait que l’auteur ait été seule, terriblement seule pour écrire ce roman vrai qui ressort d’une pure expérience littéraire. « Je m’aperçois qu’il est beaucoup plus facile d’écrire en tant que toi que de le faire en tant que toi qui écris sur moi », explique-t-elle à l’absente à qui elle donne chair et voix. Dans une démarche très émouvante, l’auteur convoque sa mère et donne corps à l’immense amour qui a fait le lit de leur histoire, jusqu’à imaginer l’arrivée remarquée de cette dernière à son mariage tardif. Il y a beaucoup d’humour, de tendresse, de vivacité dans ce texte qui actionne le puissant levier du roman pour réinventer ceux qui nous manquent. Elizabeth Crane prouve par les mots que la littérature, mieux que le transhumanisme, peut enfanter l’immortalité.

 

 

Histoire vraie de nos vies formidables, traduit par Bruno Boudard (Phébus)  

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