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Interview événément avec le dessinateur Charlie Adlard, à l'occasion de la diffusion de "Tales of The Walking Dead" sur OCS

Le dessinateur culte des comics Walking Dead raconte leur incroyable succès : "Nous avons été bénis des dieux !"

Interview événément avec le dessinateur Charlie Adlard, à l'occasion de la diffusion de "Tales of The Walking Dead" sur OCS

Avec Tales of The Walking Dead actuellement disponible sur OCS*, nous voilà rassurés : la fin de la série TV initiale ne nous prive pas de zombies, bien au contraire. Notre conseil : allez-y vite, mais pas les yeux fermés, c’est toujours un peu risqué !

A cette occasion, que vous soyez amateurs de la saga sur écran ou grâce aux comics (ou bien sûr les deux), nous sommes très heureux de vous proposer non seulement de découvrir la série TV, mais aussi de lire ici une interview de Charlie Adlard que le dessinateur britannique ultra-culte des comics Walking Dead (publiés aux éditions Delcourt) a eu la gentillesse de nous accorder il y a quelques semaines. Cerise sur le gâteau, il a même pris le temps de dédicacer des albums Negan que nous vous offrons au bas de cet entretien !

 

Entretien avec Charlie Adlard, dessinateur de Walking Dead : « Nous avons été bénis des dieux ! »

- Avec le recul, comment expliquez-vous le succès massif de Walking Dead ? Cela va bien au-delà des fans habituels de comics ou amateurs de zombies…

En fait, je n’ai pas plus d’explication qu’il y a 15 ou 20 ans, je l’ignore toujours ! Je crois qu’il s’agit vraiment d’être au bon endroit, au bon moment, nous étions juste vraiment dans l’air du temps. Je suis incapable d’isoler un point particulier qui expliquerait ce succès. Bien sûr, il a fallu que nous soyons bons et efficaces, que nous arrivions à sortir un nouveau livre tous les mois. Mais au-delà de cela… nous avons juste été bénis des dieux ! (rires)

 

- Peut-être aussi le fait que les lecteurs aient trouvé bien plus que ce qu’ils s’attendaient à découvrir en lisant Walking Dead, non ?

Oui, je pense que c’est vrai. Je crois qu’ils sont venus pour le côté « BD de genre », mais sont restés pour les personnages. En réalité, c’est la même chose pour tous les livres, comics, films ou séries TV. On « attire » les gens par un concept ou un pitch, mais ensuite, la réussite tient à la capacité de conserver cet intérêt, et cela passe par l’attachement aux personnages. C’est aussi simple que ça. Vous savez, sans rien dénigrer, c’est exactement le modèle des soap operas. Tout à coup, on s’implique dans notre rapport aux personnages et non plus à l’intrigue. C’est le talent qu’a eu Robert Kirkman pour écrire les personnages qui nous a permis d’avancer.

 

- Quand avez-vous réalisé que cela fonctionnait vraiment ?

Je crois qu’on en a pris conscience très vite, on a senti qu’on travaillait extrêmement bien ensemble. Mais là aussi, il n’y a pas de moment-clé où on s’est dit que cela allait au-delà d’un simple succès… à part bien sûr quand ils ont voulu en faire une série TV !

Je crois que Robert dirait la même chose, nous avons eu énormément de chance que cela explose comme ça, cela a été de la folie…

 

- Vous parliez des personnages, et c’est forcément très tentant de vous demander quels sont vos préférés. Et au-delà, comment les avez-vous créés graphiquement, sur la base du scénario de Robert Kirkman ? Comment les avez-vous rendus aussi uniques ?

Alors, mes personnages préférés sont Michonne et Negan. Negan, ce n’est pas uniquement parce que c’est le méchant, c’est justement car il n’est pas que ça, il est très intéressant. De tous les personnages de Walking Dead, c’est celui qui a l’arc narratif le plus important. Au départ, on le hait, c’est le mal absolu et finalement… on l’apprécie presque ! On peut quasiment parler de rédemption, et c’est une sacrée performance que d’y être parvenu.

En ce qui concerne la conception graphique des personnages, parfois cela s’est vraiment fait au moment de dessiner la page. Je me lançais et tout à coup, le personnage était là. Pour d’autres personnages, il y a eu tout un processus, je faisais des propositions, on en discutait, ils évoluaient… C’est vraiment une collaboration classique. Nous savions que des personnages comme Negan et Michonne étaient amenés à rester longtemps dans le récit, donc il fallait particulièrement les soigner.

 

- Est-ce que ça les rend plus fun à dessiner ?

Oui, si j’ai cité Michonne et Negan, c’est à la fois parce qu’ils font partie de mes personnages préférés, mais aussi parce que j’adore les dessiner ! Je suis plus à l’aise quand je dois dessiner des adultes, avec des visages complexes, plutôt que des héros un peu standards et lisses, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes. Et alors les enfants… ça c’est vraiment une galère à dessiner ! (rires) Le truc, c’est qu’on vise un âge, mais qu’un simple trait mal placé peut les vieillir de 4 ou 5 ans. Carl, par exemple, a entre 8 et 10 ans dans la plupart des albums, et il fallait être hyper vigilant pour ne pas le transformer d’un coup en adolescent.

Charlie Adlard © Chloé Vollmer-Lo

 

- Justement, un certain nombre de vos personnages évoluent dans la série – quand ils ont la chance de survivre suffisamment longtemps. Est-ce que c’est stimulant ou compliqué à gérer ?

Oh, c’est génial ! Il n’y a pas beaucoup de comic books qui offrent cette possibilité. Si on prend les héros classiques « permanents » comme Batman, on voit qu’il ne vieillit jamais. Cela fait 70 ou 80 ans qu’il existe et il a toujours le même âge. Dans Walking Dead, il y a une chronologie et même s’il y a des sauts dans le temps, nous avons eu la chance de travailler sur près de 200 numéros pour raconter cette histoire. Donc nos personnages vieillissent et Carl en est un bon exemple. Quand il y a un saut dans le temps, c’est presque comme de créer un nouveau personnage, en le concevant comme un jeune ado.

 

- Et le contexte dans lequel vos personnages évoluent les fait aussi vieillir prématurément…

Oui, absolument. Grandir et vieillir dans cette apocalypse, ça donne des cheveux blancs et ça abime !

 

- Certains dessinateurs disent qu’ils imaginent souvent comment ils dessineraient les personnes qu’ils croisent. Est-ce que cela vous arrive ? Et si oui, êtes-vous tenté de les imaginer en « mode zombie » ?

Hahaha ! Vous savez, après 16 ans à travailler sur Walking Dead, quand j’en ai fini je ne veux surtout pas me balader en imaginant l’Apocalypse et des zombies partout ! Mais d’un point de vue artistique - et je crois que la plupart des dessinateurs et des illustrateurs vous le diront, nous avons toujours les yeux bien ouverts, nous les utilisons comme un appareil photo.

Quand on voit un truc intéressant, on fait tout pour le fixer dans sa mémoire. Mais c’est plus compliqué en vieillissant, parce qu’on perd la mémoire ! (rires). Avant ce n’était pas un souci, mais j’ai 56 ans maintenant et ça se complique ! Heureusement qu’on peut avoir un téléphone sous la main pour prendre une photo rapide. Donc oui, nous observons davantage les choses, les gens… tout.

 

- Donc, que ce soit conscient ou non, vos personnages doivent souvent venir de gens croisés au hasard ?

Peut-être bien. Je n’en suis pas forcément conscient. J’ai aussi quelques bouquins à la maison, avec des portraits, qui viennent de artbooks comme de livres de photos. C’est une vraie source d’inspiration car parfois, on essaie d’imaginer un personnage et on part sur des choses un peu « standard », qu’on trouve ennuyeuses, mais sans parvenir à imaginer quelqu’un d’autre. Donc je prends un de ces livres, je feuillette au hasard jusqu’à tomber sur un visage intéressant dont je m’inspire. Cela aboutit généralement à quelque chose de très différent de ce que je dessine spontanément. Je pars de ce visage trouvé dans un livre et ensuite c’est comme un ensemble de caractéristiques qu’on associe : la coupe de cheveux, les yeux…

J’ai fait ça récemment pour ce nouveau livre, Damn Them All, pas pour le personnage principal, mais pour un officier de police. C’est une femme noire, et je ne voulais pas qu’elle ressemble à Michonne [NDLR : personnage de Walking Dead], donc j’ai trouvé dans un livre un visage que je trouvais intéressant. C’était mon point de départ pour ce personnage, mais l’idée reste toujours de caractériser un personnage pour le rendre unique.

 

- C’est crucial dans une longue saga comme Walking Dead, non ? Il y a beaucoup de personnages donc ils doivent être immédiatement identifiables par le lecteur…

Oui, car nous n’avons pas l’avantage des comics de superhéros où ils sont reconnaissables à leurs costumes. Alors bien sûr, Negan porte souvent son blouson en cuir mais de façon générale, j’essaye d’éviter ce truc où à chaque fois qu’on croise un personnage, il est habillé de la même façon.

Vous savez, même si l’univers est imaginaire, on essaye de maintenir ce réalisme dans la mesure du possible. Rick ne va certainement pas porter son gros blouson de flic en plein été ! Qui ferait ça ? (rires) Donc, comme cela ne passe pas par leurs tenues, cela repose sur leur visage et leurs expressions.

 

- En plus, le fait d’éviter les « tenues uniques » obligent le lecteur à se concentrer sur le visage et les émotions qui s’en dégagent…

Oui, on revient à cette idée de bien caractériser les personnages, et je me dis que c’est peut-être ce qui rend nos comics encore plus engageants… Vous savez, aux USA, on a eu un total de 193 numéros, donc on a pu vraiment rentrer à l’intérieur des personnages et ne pas rester en surface, comme c’est malheureusement le cas dans pas mal de comics. Tout simplement parce que peu de scénaristes et de dessinateurs ont la chance de pouvoir y consacrer autant de temps !

 

- Pativore, membre de la communauté Lecteurs.com, voudrait savoir si la série TV a fini par vous inspirer aussi ? Est-ce que cela a aussi fonctionné dans ce sens-là ?

Pas vraiment, nous avons vraiment séparé les choses. Je me suis toujours concentré sur le dessin des comic books, tout part de là.

Et à l’inverse, vous savez, leurs choix peuvent être différents et si un acteur ne ressemble pas au personnage que j’ai dessiné, je le comprends parfaitement, tout repose sur le jeu d’acteurs justement. Je préfère qu’on ait quelqu’un qui ne ressemble pas exactement au personnage mais qui sait l’incarner et agir comme lui ou elle, plutôt que l’inverse. Je considère que la série TV est une entité séparée et cela ne me pose aucun problème, bien au contraire !

 

- Et donc cela vous convient que des éléments de l’intrigue diffèrent aussi ?

Absolument, cela a souvent été nécessaire. Il y a une durée par épisode qui impose de produire plus de contenus et donc ils nous ont assez rapidement « rattrapés ». Et contrairement à George R. R. Martin pour Game of Thrones (Le trône de fer), ils ne souhaitaient pas prendre de l’avance sur nous. Donc il a fallu qu’ils ralentissent, et la série a été contrainte de créer du contenu à mi-saison, de temporiser pour nous attendre et ne pas toucher à l’intrigue principale.

Ils ont donc aussi créé d’autres personnages et là aussi, je vois bien pourquoi il fallait le faire. Sinon, ils nous auraient dépassés et nous nous serions retrouvés à écrire et dessiner notre version d’après la série, ce qui n’aurait eu aucun sens. Donc je suis content qu’ils soient restés derrière nous et que nous ayons pu faire ce que nous voulions, y compris la fin.

Nous parlions du succès des comics avant, et je crois que cela tient aussi au fait que nous n’ayons jamais pris de retard ni disparu pendant trois mois. Si on disparaît de la circulation pendant un certain temps, sans prévenir, les lecteurs se désintéressent. Et aux USA, il y a souvent un manque d’informations, les comics sortent et on sait rarement ce qui va suivre, pour combien d’épisodes, etc. Personnellement, en tant que lecteur, j’aimerais savoir ce genre de choses. Bien sûr, côté marketing, ils expliquent que si on annonce qu’une série de comics est limitée à six épisodes, ils ne vendront pas beaucoup d’épisodes mensuels et que les lecteurs attendront les intégrales. Et je comprends tout à fait cet argument mais à titre personnel, j’aimerais bien savoir !

 

- Pensez-vous que les gens qui lisent Walking Dead maintenant en aient une perception différente depuis la pandémie ? Bien sûr, les événements sont totalement différents, mais la période a développé des sentiments d’isolement, de vulnérabilité, de paranoïa…

Ah, c’est une question intéressante mais c’est difficile pour moi d’y répondre. Mon implication directe dans les comics a pris fin avant la pandémie donc je n’ai pas eu d’échanges directs avec Robert ou avec les fans à ce sujet. Mais ce que je crois, c’est que si on écrit des livres qui parlent d’Apocalypse, sous une forme ou sous une autre, cela a toujours une signification particulière pour le grand public, en tout cas davantage que s’il y a des vaisseaux spatiaux ou quelque chose comme ça. Les gens s’y projettent plus facilement, j’imagine…

 

- Si vous écriviez et dessiniez Walking Dead aujourd’hui, cela serait-il différent ?

Non, je ne crois pas car il me semble que le monde n’a pas changé au point de devoir raconter l’histoire autrement. Les thèmes sont très universels et le resteront, quoi qu’il arrive dans le monde. Donc je crois que nous ferions la même chose.

Ce qui a pu changer d’un point de vue technique, ce sont les outils numériques à disposition. Aujourd’hui, je crois que 70% ou 80% de mon travail est fait sur tablette Cintiq donc si je démarrais Walking Dead là, j’imagine que je dessinerais numériquement. Ce n’est pas forcément plus rapide, mais c’est plus simple. Damn them all a été entièrement fait en numérique, et là je vais sortir un titre chez Glénat, qui s’appelle Altamont. En fait, c’est le premier que j’ai dessiné « à l’ancienne » depuis Walking Dead, mais j’ajoute les couleurs numériquement. Il y a du numérique partout aujourd’hui dans mon travail. Même dans les derniers Walking Dead, la majeure partie est encrée à la main, mais il y a quelques touches numériques.

J’aurais pu passer au dessin numérique pour Walking Dead, mais je suis quelqu’un de très routinier et j’aimais l’idée que l’intégralité de la saga soit dessinée « en vrai ». Et même maintenant, quand je dois faire des couvertures pour les éditions de luxe – alors que ce serait plus simple, et parfois mieux visuellement, d’utiliser le numérique – je continue à me dire que non, je dois dessiner sur papier. Tout simplement par souci de cohérence. Je suis un peu maniaque !

 

- L’un de nos lecteurs, Gérard Lo, trouve que le noir et blanc donne de la profondeur au récit car il pousse les lecteurs à se concentrer sur les personnages. Qu’en pensez-vous ?

Ah, c’est intéressant ! Bon, je n’ai jamais vu les couleurs comme étant un obstacle au récit - à condition qu’elles soient réussies. Je suis toujours un peu mal à l’aise quand on parle de la mise en couleurs car à l’origine, nous disions tous les deux : « ce ne sera jamais en couleurs ! » Et finalement, les comics ont été colorisés, mais je suis le premier à dire que le choix revient aux lecteurs : ce n’est pas indispensable d’acheter les comics en couleurs. Ils les ont achetés en noir et blanc, je ne vais pas leur dire maintenant : « Haha, vous allez devoir racheter tout ça en couleurs ! »

Ceci dit, à l’origine, cela n’avait rien à voir avec moi puisque je n’ai pas dessiné les 6 premiers numéros [NDLR : regroupés dans le premier tome en France]. Mais à l’époque, le choix du noir et blanc était tout simplement économique : c’était moins cher à produire. C’est ensuite que c’est devenu une sorte d’anomalie, nous étions le seul comics américain en noir et blanc aux Etats-Unis. Malheureusement, personne n’a fait cela après nous, parce que les lecteurs ont souvent l’impression que le noir et blanc est moins travaillé, ce qui est absolument faux. C’est la perception que beaucoup de gens en ont et c’est devenu moins attractif. En fait, cela touche tous les médias visuels, cette idée que le noir et blanc n’a pas la même « valeur » que la couleur. Pour moi, c’est absurde. Aujourd’hui, c’est un parti pris stylistique mais une grande partie du grand public ne le perçoit pas comme tel.

Pour revenir à la remarque de votre lecteur, elle est pour moi tout à fait recevable à partir du moment où c’est ce qu’il a ressenti. De mon côté, je n’étais pas forcément chaud au départ pour la colorisation, mais Dave McCaig a fait un travail sensationnel, il a donné un aspect différent à l’ensemble. Pour les couvertures, c’est un peu particulier, certaines étaient déjà parfaitement colorisées dans la première version [NDLR : par Cliff Rathburn] mais le deal prévoyait de toutes les refaire pour cette nouvelle édition. Je voyais les couvertures de Cliff et je me disais « Il n’y a absolument rien à améliorer, c’est déjà parfait ». Et je suis sûr que Dave s’est dit la même chose au moment où il a dû les refaire. Mais bon, c’est ce qui était prévu…

"J'ai grandi avec cette passion pour les comic books

comme pour la BD franco-belge." Charlie Adlard

 

- Quel lecteur êtes-vous, et si on revient en arrière, avec quelles lectures avez-vous grandi ?

Alors, je lis toujours des comic books, mais pas autant que par le passé. Je n’ai tout simplement pas assez de temps. Mes premiers souvenirs, ceux qui m’ont vraiment marqué gamin, c’est d’une part quand mon père a ramené à la maison le premier numéro de Mighty World of Marvel, l’édition britannique des comics en 1972 – tiens, d’ailleurs, c’était essentiellement en noir et blanc, il doit y avoir un lien !

Mon autre souvenir marquant date de la même époque. Il y avait une station-essence près de chez nous, mon papa y allait pour faire le plein, et ils avaient cette promo où on repartait avec une BD d’Astérix. Et je me souviens parfaitement des quatre Astérix qu’on avait reçus, c’était au format « bande dessinée » [NDLR : en français dans le texte] habituel sauf qu’il y avait le logo de la station-service dessus. Et il y avait Astérix le Gaulois, Astérix gladiateur, Astérix légionnaire et Le Combat des chefs. Des classiques absolus ! Je crois que j’avais d’abord eu Le Combat des chefs, j’avais 6 ou 7 ans, et je passais mon temps à tanner mon père pour qu’il retourne vite faire le plein ! (rires)

Et finalement, tout est parti de là, cette passion à la fois des bandes dessinées et de certains comic books américains, ce qui m’accompagne encore. Ado, j’ai dévoré les histoires de superhéros, ce que je fais beaucoup moins aujourd’hui, sauf quand je suis vraiment très fan d’un dessinateur. Par exemple, j’ai acheté récemment Batman : White Knight car j’adore le dessin de Sean Murphy.

Je suis aussi très fan de James Tynion, dont j’adore Something is killing the children et The nice house on the lake. J’en ai lu la moitié et en fait, j’attends que tous les tomes sortent parce que je veux être sûr de lire tout d’un coup ! J’aime son écriture parce qu’il travaille les personnages et les dialogues.

Je suis allé à Angoulême pour la première fois en 1994, je crois, j’étais avec des amis qui eux aussi étaient des amateurs de BD franco-belge. Je connaissais les classiques, Astérix, Tintin, Moebius, mais pas au-delà, et en arrivant à Angoulême, c’était comme si un monde entier s’ouvrait à moi ! Il y avait une incroyable variété et moi qui venais de me lancer professionnellement depuis 2 ou 3 ans dans les comics, je me suis dit : « Mon ambition, c’est un jour de faire de la BD ! » [NDLR : en français dans le texte.] Mes vœux ont été largement exaucés mais c’est génial d’y retourner comme professionnel mais aussi comme fan, car j’adore prendre le temps de me balader et de voir ce qui sort. Il y a toujours de nouveaux artistes, c’est dingue !

Mon grand regret, c’est que comme mon français est très mauvais, j’ai les étagères remplies de BD que je ne peux pas lire mais que j’ai achetées pour leur graphisme. Parce que c’est toujours ce qui m’attire en premier lieu, qu’il s’agisse de comics ou de BD franco-belge : l’artwork et le graphisme.

[Nous montrons à Charlie un exemplaire de la BD Lettres perdues de Jim Bishop, lauréat du Prix Orange de la Bande Dessinée 2022]

Oh, quelle magnifique couverture, j’adore. Jim Bishop ? Ce n’est pas forcément français comme nom. (rires). On sent une influence japonaise, mais c’est vraiment très intéressant à l’intérieur, visuellement c’est très beau. J’aime beaucoup ce travail sur les tons pastel aussi.

Il y a une influence manga évidemment, mais c’est beaucoup plus calme et apaisé que le manga, il y a un sens de la composition un peu différent. J’imagine que l’influence française doit jouer aussi.

 

- Pour finir, un mot de vos derniers projets ?

Avec plaisir ! Bon, j’ai déjà parlé un peu de Damn them all [NDLR : sur un scénario de Simon Spurrier] dont j’espère qu’il sera publié en français.

Et avec Glénat, il y a Altamont, un projet qui me tient à cœur car c’est moi qui en ai proposé le concept. Cela a été un peu compliqué et cela s’est étalé sur 4 ou 5 ans, mais en gros j’avais cette idée d’histoire se déroulant à Altamont dans le cadre de ce festival organisé par les Rolling Stones en 1969 qui a si mal tourné, avec les Hell’s Angels qui avaient poignardé à mort un spectateur. Un peu de la même façon que les meurtres organisés par Charles Manson, on dit que cet événement signe la fin du rêve des années 1960. Je voulais proposer une histoire qui raconte pourquoi tout a si mal tourné. Pas seulement le festival d’Altamont, mais l’ensemble des années 60. Comment toute la positivité des sixties a-t-elle débouché sur le climat paranoïaque des années 70 ?

Je savais que cela impliquerait pas mal de recherches et cela n’a pas été simple de trouver un scénariste car le travail est très particulier. Et finalement, on m’a conseillé Herik Hanna et nous avons immédiatement accroché. Jamais je n’aurais cru que je travaillerais avec un scénariste français sur un projet se déroulant aux USA ! C’est drôle de se dire qu’il n’y a aucun Américain impliqué dans ce projet.

Herik a compris que je voulais placer mon histoire à Altamont, mais pas que ce soit sur Altamont, parce que cette histoire a déjà été racontée, il y a des documentaires… La BD se concentre sur un groupe de jeunes. La première partie est un road-trip jusqu’à Altamont, la deuxième se déroule sur place, avec cette descente aux enfers… Visuellement, il y a tout ce que j’aime faire, dessiner des personnages, et Herik excelle à les définir. On les voit beaucoup discuter dans ce van Volkswagen, mais c’est justement un truc que j’adore ! Ils font des rencontres étonnantes sur le chemin, puis il y a ce qui leur arrive à Altamont. Je voulais que ce soit en couleurs car je tenais à ce que toute la route menant à Altamont propose ces tons de couchers de soleil californiens, ces jaunes, ces orangés… Et plus ils s’approchent d’Altamont, plus le ciel s’assombrit. Quand on y arrive enfin, tout est très désaturé. Et finalement, pour les 10 ou 15 dernières pages, la désaturation est telle qu’on arrive presque à du noir et blanc, on est sur des sortes de bleus… Le sentiment que les couleurs ont été aspirées, comme la vie elle-même. On passe du rêve californien, au cauchemar.

C’est un projet extrêmement important pour moi, le bouquin sera sans doute épais mais c’est un one-shot et ça me ravit. Il pourrait sortir vers la fin août, peut-être même dans le cadre du Cabaret Vert [NDLR : un grand festival musical organisé à Charleville-Mézières]. Ce serait l’endroit idéal !

Propos recueillis par Nicolas Zwirn

 

On aime, on vous fait gagner des exemplaires de l'album Negan dédicacés par Charlie Adlard himself !

Grâce à OCS et aux éditions Delcourt, tentez votre chance pour gagner l’un des 5 albums Negan dédicacés par Charlie Adlard.

Pour participer, dites-nous en commentaire ce qui vous a intéressé dans les propos de Charlie Adlard ci-dessus !

N’oubliez pas que pour participer et poster votre commentaire, vous devez être connecté avec votre profil, et l'avoir complété avec au moins vos 10 livres préférés et quelques avis sur vos lectures. Attention, pensez à vérifier que vos coordonnées (nom, prénom, adresse) sont bien inscrites dans votre profil. Vous avez jusqu'au 28 mars.


Bravo aux gagnants ! Vous recevrez votre album dans les tous prochains jours :

Kamiyu-chan ; Perle P ; Tiboudne62 ; ELO81 ; Orely

 

Série The Walking Dead ©2023 AMC Film Holdings LLC. All Rights Reserved. Comics Walking Dead © & ™ 2023 Robert Kirkman, LLC. Tous droits réservés. © 2023 Éditions Delcourt pour la version française. * Disponible sur OCS en France, Suisse, Monaco, Ile Maurice. Plus d'informations sur ocs.fr

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Commentaires (27)

  • danielle Cubertafon le 20/04/2023 à 10h13

    Un personnage intéressant à découvrir pourquoi pas ,la fête du livre débute à Limoges, j espère découvrir tout ses auteurs pour dédicace

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  • Nadge_YouCanRead le 06/04/2023 à 12h54

    Bonjour, j'adore les BD de cette série et j'ai trouvé l'interview sympa. Je tente ma chance avec plaisir!!!

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  • Nadge_YouCanRead le 06/04/2023 à 12h54

    Bonjour, j'adore les BD de cette série et j'ai trouvé l'interview sympa. Je tente ma chance avec plaisir!!!

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  • Chassanis Danièle le 03/04/2023 à 07h47

    Bonjour, J'aimerai bien gagner des exemplaires de l'album Negan dédicacés par Charlie Adlard himself. Je tente ma chance Merci à vous

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  • Frederique Villé le 02/04/2023 à 10h29

    avoir un nouvel opus de cette saga pour mes fils , ils seraient plus que ravis surtout si ce dernier est dédicacé !

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  • Frisca le 27/03/2023 à 13h27

    Bonjour,
    J'aimerai beaucoup gagner cet album dédicacé par Charlie Adlard.Je viens d'achever la saison 1 de Walking Dead et je suis vraiment passionné.
    A travers l'entretien de Mr Adlard, j'ai surtout retenu qu'il doit s'adapter à l'évolution de l'âge des personnages pour les besoins de l'illustration et que sur la fin de son ouvrage les traits et les couleurs des dessins évoluent pour mieux évoquer l'univers cauchemardesque dans lequel il nous plonge.
    Encore merci pour ce jeu-concours et bonne semaine à tous.
    Cordialement

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  • Morgane Maelou le 27/03/2023 à 00h53

    Bonjour je participe pour découvrir Negan et la old school. Merci pour pour concours

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  • Perle P le 26/03/2023 à 19h09

    En tant que très grande fan de la série The walking dead et des autres de l'univers c'est très intéressant de voir ce qu'il se passe dans les autres médias. Notamment la BD d'où vient tout ça. C'est intéressant de découvrir que ses personnages préférés sont Michonne et Negan, la différence entre la série télé et la bd, le fait qu'ils essaient de ne pas trop s'inspirer ou s'adapter. Le fait de faire attention à l'évolution de l'âge des personnages sur le trait des dessins et du style. Je tente ma chance merci !

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  • Cazoocazoo le 25/03/2023 à 07h08

    Bonjour,
    j'ai aimé la réponse sur les BD à la station service. Toute une génération s'est demandé quand on ferait enfin à nouveau le plein.

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  • Ellexa le 24/03/2023 à 18h32

    Je suis originaire d’Angouleme et je suis fière de voir que c’est le festival de la BD qui a inspiré la vocation de Charlie. Je suis une grande fan de la série Walking Dead et j’adorerai découvrir un volet de cette grande saga.

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  • JOUANNEAU le 23/03/2023 à 10h20

    je participe pour retrouver les personnages de cette saga hâte de les retrouver

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  • Tiboudne62 le 22/03/2023 à 21h28

    Pour moi le plus intéressant est quand il aborde ses personnages préférés avec Neagan, et qu'il décrit le sentiment qu'il nous fait ressentir et son évolution, parce que c'est réellement ça. On a voulu le voir mourir, et maintenant on veut le voir vivre.

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  • Mako le 22/03/2023 à 18h18

    Super interview ! J'ai trouvé le passage sur le processus de création très intéressant. Vraiment curieuse de découvrir ce hors série après avoir vu la série jusqu'à la fin. Je croise les doigts et merci pour le concours !

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  • ziggy le 22/03/2023 à 17h17

    Bonjour,
    Comme je ne suis pas très télé , j'avoue humblement que je ne connais pas cette série mais, l'une de mes bonnes résolutions 2023 étant de m'ouvrir à la BD, je suis partante pour découvrir l'adaptation en BD de cette série " Walking Dead : Negan" , dessinée et dédicacée par Charlie Adlard.
    Bonne chance à toutes et à tous.

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  • MLC le 22/03/2023 à 08h24

    J'ai beaucoup aimé le personnage de Negan dans la série je serais donc ravie de le découvrir en BD!

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  • pikanelle le 19/03/2023 à 16h00

    Merci ! Je tente ma chance car j'adore la série et que l'ensemble de l'interview me donne envie de découvrir le comics.

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  • danielle Cubertafon le 19/03/2023 à 09h10

    Une BD découvrir toujours très intéressant pourquoi pas bonne idee

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  • Mizdema le 18/03/2023 à 12h20

    Fan de Walking Dead.
    Negan meilleur méchant !

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  • nane38 le 18/03/2023 à 09h29

    Bonjour, je vous remercie de me donner la possibilité de gagner la BD de Charlie Adlard, j'avoue ne pas connaître l'univers des bd pour "adultes" , j'ai lu dernièrement "La Guerre des Lulus" grâce à Lecteurs.com j'ai accroché au point que j'ai commandé les 3 numéros suivants...
    Pour en revenir à cette bd, l'entretien de Mr Adlard donne très envie de découvrir ses oeuvres, comme lui je n'avais lu que des classiques style Astérix, Lucky Luke, les Schtroumpfs..et je regrette de ne pas m'être intéressée avant à l'illustration au sens large.Je connais peu la série Walking Dead , la découvrir sur support papier et dessiné est plus que tentant.Merci Mr Adlard de nous donner envie de plonger dans votre univers.

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  • ELO81 le 18/03/2023 à 09h19

    Quelle interview! On n'en lâche pas une ligne.
    Passionnée de BD, j'ai beaucoup aimé suivre à travers ce récit le processus créatif de l'artiste. A travers ces lignes, ce qui m'a le plus marqué, c'est l'humilité voire presque l'étonnement de voir le succès de cette fantastique série de comics.
    Je participe évidemment pour recevoir un album à la maison

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  • Rédactrice le 18/03/2023 à 08h37

    Merci pour cette interview très complète.
    J'ai bien aimé que l'auteur nous raconte son processus de création (et de réussite !), son rapport aux personnages qu'il met en scène… et finalement les questions pertinentes que soulèvent les lecteurs (bravo à eux aussi !)

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  • Alonzo le 18/03/2023 à 01h41

    Bonjour.
    S'il vous plait, je souhaite participer.
    Merci.

    J'adore cette série.

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  • Orely le 17/03/2023 à 22h35

    La pépite !!!!
    Évidement je tente ma chance pour cette œuvre réalisée en mode old school
    Merci pour cette interview vraiment complete qui permet de voir que la bd belge mène à tout, même à un monde rempli de zombies ! La question des influences est toujours centrale, et oui on s’interroge toujours sur le rapport comics/serie, 2 entités qui restent à la fois différentes et infiniment liées
    Je croise les doigts !

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  • Kamiyu-chan le 17/03/2023 à 19h27

    Génial ! Je suis fan de The walking dead et l'interview était très intéressante. Je tente ma et je croise les doigts ! Merci

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  • LOLOFRITE le 17/03/2023 à 18h47

    Trop bien je participe pour retrouver les personnages de cette saga hâte de les retrouver

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  • Souris78 le 17/03/2023 à 18h34

    Je souhaiterais gagner des exemplaires de l'album Negan dédicacés par Charlie Adlard himself ! J'adore cette série . jE LIS LES BD

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  • Kryan le 17/03/2023 à 16h18

    Bonjour, Merci pour cet entretien...zombiesque!!!

    Negan est aussi l'un de mes personnages favoris, c'est pour ça que je postule allègrement et sans peur !

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