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Comment rire aux larmes avec Bernard Malamud : mode d’emploi en treize nouvelles

Malamud, ou l'art de la chute et de l'inattendu...

Comment rire aux larmes avec Bernard Malamud : mode d’emploi en treize nouvelles

Vous avez manqué la réédition de L’Homme de Kiev et celle du Commis ?

Pas grave, immergez-vous dans les treize nouvelles du Tonneau magique (Rivages) pour découvrir la puissance littéraire de Bernard Malamud.

 

Auteur culte pour les écrivains américains tels Jonathan Franzen ou Philip Roth, Bernard Malamud a été très reconnu par ses pairs de son vivant : son premier roman, Le Meilleur, en 1952, est adapté au cinéma avec Robert Redford, il reçoit un National Book award pour Le Tonneau magique, un second pour L’Homme de Kiev, gratifié également d’un Pulitzer en 1967 ; mais il n’a pas connu un succès international comme Saul Bellow. Il a fallu la pugnacité d’une Nathalie Zberro qui dirige le domaine étranger des éditions Rivages pour qu’enfin ce grand écrivain américain se hisse en France au niveau des classiques.

 

Le roman se situe après la fin de la Seconde Guerre mondiale, au milieu de la diaspora juive de Brooklyn, pour l’essentiel. Un milieu que ce fils d’immigrants russes connaît pour avoir été celui de son enfance. Il dessine des héros ordinaires, ancrés dans une classe moyenne qui rame un peu, héros tragiques marqués par le destin. Un commis cordonnier travaille patiemment et pour presque rien pendant des années, mais quitte son patron avec une colère apparemment inexplicable quand ce dernier veut marier sa fille. Un jeune homme sur la mauvaise pente finira par être sauvé par les livres et, à son corps défendant, deviendra lecteur. Dans La Facture, un homme pauvre contracte un crédit qu’il ne peut rembourser auprès d’un épicier. Que croyez-vous qu’il arrivera ? Eh bien c’est l’épicier qui meurt des dettes de son client.

 

Car rien ne se passe jamais comme on l’imagine dans les nouvelles de Bernard Malamud, toujours inattendues. L’art de la chute est chez lui prodigieux et ramène toujours à la question du destin et de la fatalité : peut-on maîtriser son destin ? Echappe-t-on à la fatalité ? En ce sens, ses origines russes et en particulier l’influence tchekhovienne sont fortes. Mais plus encore, c’est de Gogol et ses Nouvelles de Petersbourg qu’on peut le mieux rapprocher Le Tonneau magique, dans un humour parfois inquiétant, grinçant, réellement irrésistible.

Les treize nouvelles de ce recueil sont écrites dans une langue apparemment toute simple, dont l’auteur sait faire jaillir puissamment tous les effets. Et toujours il s’efface au profit de l’histoire et du style, travailleur des mots, modeste artisan de la phrase qu’il façonne en orfèvre.

Bernard Malamud est un immense écrivain, il était temps que cela se sache.

 

Retrouvez la chronique de Karine Papillaud sur le livre dans Vive les livres sur CNews

 

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