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Choisir de mourir pour prendre la mort de vitesse, décider de se transformer en créature-éprouvette dans l'attente de jours meilleurs afin de revenir au monde en être humain augmenté et radicalement inédit, telle est l'offre de "Zero K", un centre de recherches secret. Son principal actionnaire, le richissime Ross Lockhart, décide de faire appel à ses services pour son épouse, atteinte d'une maladie incurable, et convoque son fils unique pour assister à la fin programmée de la jeune femme consentante. Un roman d'une puissance et d'une portée rares, tant sur le plan littéraire que philosophique.
Ce roman de Don Delillo m'a trituré les méninges !
Il est glacial (comme l'oeil bleu et statufié qui nous observe depuis sa couverture).
Se glissent entre ses pages des silhouettes mi-nymphes mi-éprouvettes : celles des hommes et femmes qui ont choisi de mettre fin à leur vie, d'être cryogénisés pour revenir « plus tard », un autre ailleurs, en humains "augmentés".
Transhumanisme, déshumanisation, mais aussi philosophie ou encore métaphysique sont quelques-unes des thématiques de ce roman.
L'immortalité est en tout cas au centre de ce livre incisif, on ne sort pas indemne de sa lecture.
« Ils sont juste debout pour attendre, dit-il. Tout le temps du monde. ». ZERO K, Don Delillo
Malgré le grand nombre de livres que j’ai pu chroniquer, je dois l’avouer, je n’avais jamais lu de Don DeLillo, honte sur moi ! Heureusement, j’ai pu corriger cette anomalie et enfin découvrir ce maître de la littérature américaine.
Dans ce nouvel opus, Don DeLillo s’attaque au futur proche. Même si, à première vue, le thème semble éculé dans le domaine de la science-fiction, je ne pense pas qu’il a déjà été traité de cette manière. Dans ce texte, il n’est pas question de créer une dystopie où tous les évènements servent de prévenir l’avenir du monde. L’auteur ne cherche pas non plus à donner des leçons, à imaginer le pire ou à poser des questions. Il met juste la cryogénisation au centre de son roman, comme une évidence. Ensuite, il fait évoluer ses protagonistes dans ce nouveau monde sans jamais apporter de jugement. Cette mise den scène rend l’univers plus réel et de fait plus effrayant.
En confrontant les acteurs à une fin de vie que l’on peut contrôler, ce livre traite simplement du rapport à la mort et par ricochet du rapport à nos existences. Chaque personnage appréhende son rôle dans la société de manière diverse et imagine donc sa destinée sous un angle différent. On remarque alors que les inégalités dans la vie se retrouvent dans la mort.
C’est un roman philosophique sur la déshumanisation qui se définit plus par son atmosphère que par son scénario. On entre dans cet univers comme dans une bulle et on laisse divaguer son esprit. Par son ambiance spirituelle et assez sinistre, il ne plaira pas à tout le monde. Mais l’écriture somptueuse et exigeante de Don DeLillo nous offre un texte visuel et poétique qui m’a hypnotisé de bout en bout.
Dès leur fermeture, j’oublie souvent certains romans, pourtant bourré d’action et de péripéties, alors que « Zéro K », beaucoup plus méditatif, a hanté mon cerveau durant plusieurs jours. Belle expérience métaphysique par un grand écrivain.
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