Ce livre est apparemment une histoire à rêver debout, un ersatz de relation mythologique, un texte impossible à classer, entre la chanson de geste et l'Odyssée épique. Sans doute, parce qu'il se parcourt au travers de dimensions multiples qui sont celles, soit de la poésie pure, soit de l'allégorie parfois un peu moqueuse, soit, mieux encore, d'une ardente mystique capable de rendre compte de l'évolution spirituelle du personnage central à travers les cycles de ses incarnations. Celles-ci le transportent d'une vie à une autre, par le passeur symbolique représenté par un étrange bateau de sel, désemparé entre courants marins et vents solaires, sans cap, sans destination, mais que ce voyageur du temps retrouve immanquablement à chacune de ses escales. Les réponses aux tourments et aux questions du singulier marin émergent pourtant, au fil des souffrances et du doute, à force de patience et d'orgueil, en même temps que le bateau lui-même se fait plus étriqué, lamentable, et au bord du naufrage. Car au hasard des rues d'un destin impossible à trouver, il se mue un matin en un simple jouet de papier, entre les mains d'une enfant reconnue. Et la destination finale se révèle tout à coup être rien moins que l'Éternité elle-même. Car, comme il est dit: « l'Esprit continue son voyage »; et l'Esprit n'a jamais de cesse.
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