"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Sur une plage, un homme est en proie à une crise. On appelle les secours, et l'homme est conduit dans une clinique. Dans ses affaires, les psychiatres découvrent des dizaines de dessins stylisés représentant un arbre sec et une station-service. Comme deux obsessions reproduites à l'infini. L'homme, Silvano Landi, est un écrivain qui n'écrit plus. À l'approche de ses cinquante ans, ces deux obsessions sont autant de comptes qu'il règle avec sa vie. C'est dans une station-service isolée, une nuit, que sa femme l'a quitté, emmenant avec elle leur fille. C'est depuis ce temps qu'une voix obsédante résonne dans sa tête : « C'est là que tout a commencé à se dégrader. » C'est là que ses amours, celui de sa femme, celui de sa fille, se sont perdus. Ailleurs, sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, dans le no man's land qui sépare les belligérants, se dresse un arbre sec et solitaire. Près de l'arbre sec, dans un trou d'obus, un soldat pense à la femme qu'il aime et à son enfant qui l'attend. Et c'est cette pensée d'amour lumineuse et cristalline qui le maintient en vie. Le soldat s'appelle Landi, lui aussi. L'aïeul de l'écrivain ? Ou bien un double possible du héros de cette histoire ?
J’avais lu dans la presse pas mal de critiques élogieuses sur cet album. De quoi attiser ma curiosité, décidément de plus en plus insatiable vis-à-vis du septième art.
Une fois en mains, j’ai été désemparée devant l’objet, à cause de la couverture, peu avenante, par le contenu, qui alterne des pages de dessins sans couleurs avec des aquarelles en couleur, et puis par le sujet, un homme en proie à la schizophrénie. J’ai eu une légère appréhension avant de débuter, celle que tout lecteur appréhende, l’ennui. Mais finalement, ma lecture a été plutôt agréable bien qu’étonnante. Et contrairement à ce que je pensais, je me suis retrouvée happée par cet album.
Silvano Landi est un écrivain désormais en proie à ses obsessions, comme ce dessin d’une station service et cet immense arbre qu’il ne cesse de réaliser. Sans transition aucune, nous passons de l’histoire de cet homme aux tranchées de la guerre 14-18, aux côtés d’hommes qui se battent pour survivre, dont un porte le nom de Silvano… Le découpage de la BD reflète le trouble intérieur de Silvano, plusieurs chapitres qui se succèdent sans logique apparente.
Inutile ici de tenter de résumer cette BD, c’est peine perdue même si on peut croiser des indices, recouper des éléments pour reconstituer le fil de l’histoire. Ce que je trouve réussi ici, c’est que l’auteur, Gipi, rend le lecteur prodigieusement acteur de sa lecture, et cela sans peine, en évitant les prises de tête. Au lecteur de rassembler les pièces du puzzle, la femme de Silvano qui le quitte, sa fille distante, les docteurs qui le soignent…
Au niveau des dessins, beaucoup de maîtrise derrière un apparent désordre : des dessins crayonnés à la hâte alternent avec de belles aquarelles, aux couleurs sombres et aux détails impressionnants de finesse. Un mélange des styles vraiment étonnant, au service de l’histoire racontée.
BD donc très intéressante pour qui aime vagabonder au cœur de planches originales, mais périlleuse pour celui qui aime suivre une route linéaire. Personnellement, j’ai aimé bien que ce ne soit pas un coup de cœur.
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