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Elle voulait vivre libre, choisir son amour.
Cette décision, Sakinat Amiralieva l'avait prise quand elle était jeune, pendant ses études de littérature russe. C'était en 1978. Depuis elle n'a pas changé d'état d'esprit. Son pays natal, si. Le Daguestan, petit bout de Russie entre la Tchétchénie et la Caspienne, a connu depuis quelques années une montée en puissance de l'islam radical. Devenue professeur, Sakinat a fait un bébé toute seule, le pire des crimes dans un village où les chefs religieux ont pris le pouvoir. Être mère célibataire est considéré comme passible d'un crime d'honneur. Licenciée pour immoralité, puis bannie par sa famille et menacée de mort, Sakinat doit s'enfuir avec son bébé de dix-sept mois dans les bras. Parce qu'elle ne veut pas qu'on lui enlève Patimat et surtout parce qu'elle veut la voir grandir libre, elle aussi.
Le récit bouleversant d'une longue errance.
Réfugiées en Allemagne, Sakinat et Patimat vont d'abord vivre pendant cinq ans d'un camp à l'autre, dans la plus grande solitude et la peur constante d'être découverte par les autres demandeurs d'asile à majorité musulmane à qui Sakinat a fait croire qu'elle était veuve. Parce que sa demande d'asile a été refusée et qu'elles risquent d'être renvoyées au Daguestan, Sakinat et sa petite fille de six ans s'enfuient de nouveau, cette fois vers la France, terre des libertés... Après de nombreuses péripéties, elles arrivent à Brest (sur une carte elle a vu que c'était en Europe l'endroit le plus éloigné du Daguestan...). Les lois Sarkozy les rattrapent et de nouveau elles sont menacées d'expulsion.
Une émotion nationale. En France, aujourd'hui, beaucoup de gens, de tous bords, s'opposent à la " chasse aux enfants ".
Autour de Sakinat et Patimat, un mouvement de solidarité citoyenne exemplaire. À Brest, lorsque les parents d'élèves de l'école de Patimat ont connu son histoire, un comité de soutien s'est spontanément créé avec une ampleur qui a touché tous les médias. Des femmes de militaires aux militants d'Attac, des professeurs à la retraite aux ados qui ont lancé une pétition, de nombreux Brestois ont pris de le risque de se mettre hors la loi en cachant depuis plusieurs mois la petite fille sans laquelle sa mère ne peut être expulsée.
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