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Van Gogh est vivant ! Cette nouvelle biographie le prouve, tout comme l'exposition qui se prépare au musée d'Orsay (mars à juin 2014) : «Van Gogh, le suicidé de la société », d'après l'essai qu'Antonin Artaud lui consacra en 1947 avant de s'éteindre, rongé par un cancer.
La biographie de Karin Müller est originale par son écriture à la première personne. Elle se met dans la peau et les pinceaux de ce peintre majeur du XIX· siècle qui choisit à 37 ans de mettre fin à une vie d'incompréhensions et de souffrances, parsemée de rares moments de bonheur.
Après Nicolas de Staël, Edward Hopper et Henri Matisse, Karin Müller ressuscite Van Gogh. À son tour de raconter sa vie, de sa naissance en 1853 dans un village hollandais à son suicide à Auvers-sur-Oise en 1890. La première personne donne une couleur, une complicité chaleureuse avec le lecteur. Le peintre lui fuit une longue confidence.
Tout est abordé dans ce texte concis mais précis. Son enfance solitaire, sa famille nombreuse, son père pasteur, sa courte carrière de marchand de tableaux à la Haye, l'exaltation de sa période mystique, ses multiples déboires sentimentaux, son amitié avec ToulouseLautrec, celle, orageuse, avec Paul Gauguin (l'oreille tranchée) et son affection pour son seul véritable ami et soutien, son frère Théo, de quatre ans son cadet, avec lequel il entretint une correspondance exceptionnelle. Et surtout la peinture, comme unique compagne ...
Van Gogh, comme Artaud, a brûlé sa vie. Ils sont évoqués l'un après l'autre dans cet ouvrage original. Impossible de mêler leurs destins puisque Artaud avait trois ans lorsque Van Gogh se tira une balle dans la poitrine.
Les points communs entre le peintre et l'écrivain-comédien-dessinateur sont nombreux. Séjours en hôpital et asile psychiatrique, phases de délires mystiques, consommation excessive d'alcool, relations avec les femmes plus que difficiles, rejet de la société ...
Artaud a ressenti Van Gogh comme un alter ego dont l'incommensurable angoisse n'avait d'égale que sa quête inlassable d'une réalité qui lui échappait.
« Non, Van Gogh n'était pas fou », écrivait Artaud, mais, comme lui « désespéré de solitude ».
« Dire, décrire une qualité humaine chez cet artiste est une chose, la foire vivre et sentir, t'Tl est une autre que réussit Karin MülJer dans son texte météorique, comme Je fut la trajectoire de Vincent. Le recours à ce prést'Tlt de l'indicatif à la première personne, en des phrases au rythme haletant qui signalent chacune un foit nouveau de la vie du peintre, nous restitue un jaillissement perpétuel de vie, et nous impose une voix qui attend son comédien, mais que nous percevons dans sa justesse à la lecture. Et fa marche! » David Haziot, auteur de la préface.
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