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Le SCOT généralisé et « grenellisé », le PLUI « deux, voire trois, en un » (PLU + PLH + PDU), le SRADDET, les grands projets d'État comme le Grand Paris Express : la France semble vivre un regain planificateur, porté à la fois par la montée généralisée en échelle (des intercommunalités, des régions, des métropoles), de nouvelles injonctions mobilisatrices (transition énergétique, sauvegarde de la biodiversité, mobilité propre, demain neutralité carbone) qui réactivent le devoir public et son intérêt général, et l'inlassable production législative qui caractérise notre démocratie administrative (lois MAPTAM, NOTRe, ALUR, lutte contre le changement climatique, nouvelles mobilités, etc.). En même temps, des voix autorisées continuent à s'élever pour montrer l'épuisement d'une rationalité planificatrice qui n'a pas beaucoup bougé dans ses grandes croyances depuis la LOF de 1967 /1. D'autres réclament toujours un choc de simplification et le désarmement normatif, en particulier en urbanisme, auquel le droit « nuit gravement » comme l'affirme Jean-François Tribillon /2. L'avenir du SCOT, pris en tenaille entre SRADDET et PLUI, ne va pas sans question. Lequel SRADDET s'avère un exercice bien peu investi par les Régions qui l'avaient tant exigé. De nouvelles modalités de conduite stratégique des maîtrises d'ouvrage se sont fait jour, sur le mode du « (Ré)-inventer » (Paris, la Métropole, la Seine, etc.). Sans oublier la contestation collective de grands projets et son pouvoir de mise en échec qui rendent si incertaines les perspectives planificatrices. Les douze regards, certains pluriels, qui constituent ce dossier, ne sont pas univoques, et ne représentent en rien une nouvelle doctrine de la planification, ou à l'inverse un réquisitoire pour y renoncer. Rappelons-nous qu'À bout de souffle, de Jean-Luc Godard (1960, grande époque de la planification), est d'abord une histoire d'amour, au cours de laquelle sont prononcées ces fortes paroles aménagistes : « Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la campagne, si vous n'aimez pas la ville, allez vous faire foutre ! », et qu'elle se termine par une mise à mort. Nous avons gardé prudemment le point d'interrogation dans notre titre général, pour ne pas aboutir à une telle invitation ni à un tel épilogue au sujet de la planification. Tout au plus, on pourra partager cet aboutissement : la planification n'est plus le champ des certitudes qu'elle a prétendu être dès le départ. C'est, selon les exercices et les contextes, un exercice d'apprentissage (Éric Houlley), une manière d'exister (Antoine Loubière), une promesse d'hybridation (Soraya Daou), une mise en relations de toutes les « lignes du territoire » (Yves Bories), une maturation (trop) silencieuse (Alain Faure), et, plus généralement, pour tous les autres auteurs de ce dossier, un processus de redéfinition des problèmes et des solutions de la société aux prises avec son espace, en même temps que de ré-énonciation de leur intelligibilité. Ce qui peut expliquer que le souffle lui manque parfois. Mais n'annonce probablement pas sa disparition.
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