Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
Le temps d'une nouvelle, Éric Pessan nous entraîne dans un quotidien qui bascule brutalement dans le fantastique. Tout commence par une banale agression dans un train de banlieue... Entre foule indifférente et migrants marqués mais résilients, Untoten embarque dans un voyage troublant et dangereux qui questionne les certitudes bien-pensantes. Indispensable pour, un jour, peut-être, savoir renaître.
« Vous êtes mort »
Ouvrir un livre d’Eric Pessan c’est entrer dans un autre monde, il faut se laisser porter par l’écriture, ne pas ramer à contre-courant et, une fois arrivé au port, laisser mijoter notre cerveau pour comprendre son langage imagé.
Un homme prend un RER en région parisienne. Une bagarre éclate pour une sombre histoire de portable. L’homme prend la défense des 2 jeunes noirs et s’attire les foudres de la bande et les autres passagers de regarder le sol lâchement
Lorsque le train s’arrête brutalement, tout le monde descend dans un no mans land, suit les rails et ou descend pour se retrouver dans une zone industrielle triste et isolée. L’homme ne sent plus son pouls, il serait mort, mais continue de marcher de descendre le talus, s’asseoir sur le sol contre un bâtiment. Des migrants noirs parlant allemand l’entourent et discourent sur les zombies et les morts-vivants.
Voici grosso-modo pour l’histoire écrite. Oui, mais voilà, derrière cette histoire il y en a une autre que je connais moins, protégée par ma vie campagnarde.
Le zombie est une personne à qui ont a enlevé le cerveau ou que l’on a décervelée, alors que le mort-vivant garde son cerveau. Ne sont-ils par untoten (non-mort) ceux qui prennent des bateaux pourris, sans gilet de sauvetage ? Ne sont-ils pas untoten c’est gens qui vivent dans la rue ? Mais, à l’autre bout de l’échelle ou en son milieu, ne sont-ils pas untoten ces gens qui face à une bagarre baissent les yeux et augmentent le son de leurs écouteurs. Ne sont-ils pas untoten ceux qui auraient voulu que celui qui prend la défense de l’agressé et se fait battre à mort, n’ait jamais ouvert la bouche. Ne sommes-nous pas tous untoten à un moment ou l’autre de notre vie ?
Eric Pessan dans son livre parle de nos pensées en cet instant où 4 jeunes gens d’origine arabe agressent un jeune noir pour une sombre histoire d’heure sur un portable. Oui, en cet instant, et nous l’avons tous connu, où l’incident est racisé, où les idées sombres de l’extrême-droite passe dans nos cerveaux. Oui, malgré nos idées autres, nous sommes imprégnés de celles de l’extrême-droite tant elles sont martelées par les chaînes de télévision et les réseaux sociaux. C’est en cela qu’elles ont gagné. Nos idées sont parasitées par leur doctrines malsaines et donc sommes morts-vivants j’espère plus mort-vivant que zombie. C’est une banalisation du racisme, de la peur de l’autre qu’il soit étranger, homo, d’une autre religion…. Enfin autre. Pourtant, ces personnes, rejetées, qui vivent dans la clandestinité sont là pour veiller l'homme et c'est un rayon de soleil (noir) dans le livre
Eric Pessan met le doigt dessus et lors de cet incident, je m’imagine dans le train, quelle serait ma réaction ?
Comment en si peu de pages, 69 exactement, Eric Pessan fait-il pour nous donner un texte si dense qui amène des réflexions qui restent en mémoire ? Parce que son écriture est forte, précise, concise, imagée.
J’ai aimé sa façon de dire vous en parlant de cet homme, l’écrivain parle à sa place, sont-ils la même personne ? Quelque part, je m’en moque. Eric Pessan est un écrivain qui touche l’aspect politique de notre monde dans ses romans où il nous amène à réfléchir. C’est « mon » sixième Pessan et j’en redemande.
Merci à Babelio et aux éditions L’Attente qui, grâce à une opération Masse Critique me permet de faire un nouveau bout de chemin avec Eric Pessan
Coup de coeur, coup de poing
Ce texte dans lequel l'auteur s'adresse à l'homme en le voussoyant est magnifiquement écrit. L'écriture d'Eric Pessan est comme toujours, fine, délicate, élégante, précise et belle. Mais qu'il va m'être difficile d'en parler, tant il est dense et m'a chamboulé.
Je l’ai lu comme un cinquantenaire, ce que je suis, ce que sont l’homme du train et l’auteur du livre, qui espère toujours en des lendemains qui chantent mais les voit s’éloigner tous les jours un peu plus. Dont toutes les valeurs, tout ce à quoi il croit, la liberté, l’égalité et la fraternité ont du mal à exister encore. Sommes-nous libres dans un état qui réprime violemment les manifestations ? Sommes-nous égaux lorsqu’il suffit d’être d’une couleur de peau foncée pour se faire davantage contrôler -et pire encore-, lorsque l’orientation sexuelle devient une source d’injures et de violence, lorsque le fait d’être une femme vous expose ? Sommes-nous hommes lorsqu’un homme malmené dans un train ne reçoit aucun soutien -et je ne sais pas ce que j’aurais fait dans une telle situation-, lorsque certains archi-milliardaires se gavent pendant que d’autres ne trouvent ni de quoi se loger ni de quoi se nourrir ?
Il flotte dans l'air depuis plusieurs mois une ambiance pas saine, glauque, entre un gouvernement sourd aux manifestations, une guerre à nos portes, des réfugiés mal accueillis, des idées d'extrême droite qui deviennent virales et la base de discussions normales, que même le gouvernement et le président reprennent à leur compte, la planète qui n'en peut plus et donc des bouleversements climatiques en tout genre. Bref, ça va plutôt mal, et cela Eric Pessan le ressent et le transmet admirablement dans son texte, dans ses textes en général. Il parle de ce qui met mal à l'aise, cette seconde où l'on peut relier délinquance et immigration lorsque l'on est importuné par des jeunes aux peaux foncées, et ce regret immédiat d'y avoir songé, parce que cela va à l'encontre de toutes ses valeurs, mais l'ambiance, le relais médiatique et politique quasi permanent des idées fascistes et racistes, tout cela imprime en nous malgré tout...
Mais revenons au livre, et à ce qui concerne les Untoten. Eric Pessan, en mettant en scène des réfugiés qui se trouvent étonnamment l'allemand en langue commune, explique les différences entre zombies et morts-vivants et pourquoi nous sommes des zombies et pas des morts-vivants. Le mort-vivant a un cerveau, il peut encore s'en servir, c'est d'ailleurs pour cela que pour l'anéantir il faut lui couper la tête. Le zombie est un homme auquel on a ôté -ou lavé- le cerveau. Il n’est qu’un corps qui obéit aux ordres, qui courbe le dos "...il travaille, il ne connaît pas la fatigue, il ne connaît pas la révolte, il est un robot de chairs et d’organes, il accomplit mécaniquement les besognes dans de lents gestes vacants, le regard saccagé. Il est la masse laborieuse qui ne fera pas grève, ne demandera pas de meilleures conditions de travail..."(p.51)
Malgré un sentiment d'impuissance qui naît de cette lecture, voire du pessimisme sur notre avenir, celui de notre société et de la planète, il en ressort qu'il faut continuer de lutter pour ses valeurs, qu'il ne faut pas se résoudre à accepter les idées nauséabondes de l'extrême-droite, qu'il faut persister, expliquer, lutter. Un livre qui remue et dans lequel la foi en l'humanité persiste malgré tout.
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