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Ce livre a été écrit, il y a plus de cinquante ans, par une jeune femme qui le publia sous le pseudonyme de Joanna Field. Marion Milner qui n'était pas encore la grande psychanalyste qu'elle est devenue, auteur de ce beau livre qu'est Les mains du dieu vivant, tenait depuis l'âge de vingt-six ans son diary où elle consignait ce qu'elle croyait être «la meilleure chose de la journée» et entretenait l'espoir d'y découvrir «ce qu'elle désirait vraiment». Curieuse tentative que ce journal et le livre qu'il inspira ensuite. L'auteur jouit d'une bonne santé, a des amis et un métier intéressant. À peine souffre-t-elle de difficultés de concentration. Elle est bien dans la vie, mais voilà, ce n'est pas la sienne. Elle se sent à côté d'elle-même. Le lecteur accompagne la jeune femme dans sa quête incertaine et son enquête attentive, obstinée. Il est rare de voir quelqu'un rapporter pas à pas comment il a découvert l'existence de l'inconscient, ici partout à l'oeuvre sans être nommé, ou de la bisexualité, ou encore de ce que Conrad appelait l'élément destructeur. C'est une personne bien attachante qui se profile dans ce journal d'une âme, fraîche et franche. Comme on dit familièrement, Marion Milner, c'est quelqu'un. Et, pour paraphraser Freud, quand quelqu'un écrit, sans se cacher derrière les mots, et seul dans sa nuit, il fait clair.
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