"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un petit roman ou une nouvelle? Cela ne change pas l’intérêt de ce récit court, bien construit avec quelques personnages et une intrigue concentrée sur un période courte. C’est le fils de Martha Rebernak qui raconte un histoire ou apparaissent Clémence, sa sœur, Freddy le cousin qui sort de prison, le notaire et son fils Paul. L’inquiétude de la mère pour sa fille la conduit à vouloir la protéger de la gent masculine, mais le danger est-il là ou il est le plus évident ?
Coup de cœur pour Un notaire peu ordinaire, un vrai moment de littérature. Dans une langue concise, maîtrisée, très visuelle, Yves Ravey déroule un thriller angoissant. Le lecteur est le témoin d’un fait divers en province raconté par la voix du fils de Mme Rebernak, une veuve modeste, très protectrice de sa fille Clémence, une maîtresse-femme qui n’hésitera pas à affronter le notable aux apparences trompeuses, Maître Montussaint. L’auteur égrène avec efficacité des indices tout au long du récit, nous laissant nous forger une opinion.
Et le début de l’histoire ?
Freddy condamné pour le viol de la petite Sonia 15 ans plus tôt vient d’être libéré et se présente chez sa cousine Martha Rebernak .Très méfiante , craignant qu’il ne récidive, Martha n’a de cesse de se débarrasser de lui et de mettre en garde sa fille Clémence, lycéenne.Clémence est l’amie de Paul, le fils du notaire, maître Montussaint…
Une très belle plume pour traduire l’esprit d’un pervers et celui d’une mère tourmentée car elle sent le danger planer sur sa fille. Roman d’atmosphère tendu et intimiste qui se déroule dans un petit bourg provincial au climat fait d’incertitudes, de confiance bafouée et où le riche domine le pauvre jusqu’à ce que la haine conduise au drame. Un vocabulaire précis et des phrases simples pour ce portrait de la violence dépeint avec un immense talent. Le suspens débute dès la première page et la chute est redoutable. Écriture épurée et rythme rapide pour cet excellent roman d'Yves Ravey (auteur de "Trois jours chez ma tante"), édité aux Éditions de Minuit.
Freddy sort de prison. Il retourne voir sa cousine, Martha Rebernak qui élève seule ses deux enfants adolescents, un garçon et Clémence une fille. Martha ne veut pas voir traîner Freddy auprès de ses enfants, notamment auprès de sa fille puisqu'elle sait ce qu'il a fait à la petite Sonia 15 ans plus tôt. Clémence qui sort beaucoup depuis quelques temps, depuis qu'elle est la petite amie du fils du notaire, Maître Montussaint.
Martha est ce que l'on appelle couramment une mère-courage, mot composé largement galvaudé par des émissions télévisuelles et un certain sens du sensationnalisme dans les médias actuels. Elle élève seule ses deux grands enfants, enchaînant des heures de ménage au collège et dans d'autres endroits. C'est d'ailleurs le notaire qui lui a permis d'obtenir ce boulot juste après le décès de son mari. Elle parcourt les petites routes de cette petite ville sur son cyclomoteur sans arrêt, entre ses heures de travail, sa présence à la maison et surtout, depuis la sortie de Freddy, sa quasi-surveillance de sa fille, rassurée néanmoins que Maître Montussaint et Paul son fils, petit ami de Clémence prennent soin d'elle, la ramènent le soir.
C'est le portrait d'une femme angoissée, partagée entre l'amour pour sa fille, son besoin de la protéger et l'envie de ne pas l'étouffer. Une femme que l'administration pénitentiaire culpabilise, lui demandant de s'occuper de Freddy :
"Je ne vous demande pas de l'héberger sous votre toit, madame Rebernak, je dis qu'on peut faire autrement... ! Vous avez bien une petite remise au fond du jardin ? Il pourrait aller et venir, sans vous déranger. Elle a stoppé net. C'est une plaisanterie ? Puis elle lui a tourné le dos, elle s'est courbée pour atteindre l'arrivée d'essence, elle a enfourché son cyclo en pédalant et lancé le moteur. Jamais son cousin n'habiterait le garage au fond du jardin. D'ailleurs, elle se demandait comment une idée aussi stupide avait pu germer dans la tête d'un éducateur." (p.35)
Avec une écriture simple, directe dans laquelle les dialogues se fondent dans le récit (pas de guillemets ni de tirets pour les remarquer, mais aucun souci pour les repérer), Yves Ravey, en à peine plus de 100 pages, réussit à créer une tension qui monte crescendo. Presqu'un polar, pour le moins un roman noir ! Prévoir une ou deux heures de liberté pour commencer et finir ce livre d'un seul tenant. Il parvient également à décrire le quotidien de cette femme qui travaille dur, à l'opposer à celui plus flamboyant du notaire qui représente la réussite sociale, la respectabilité et l'aisance financière et souvent dans les petites villes, un des notables.
Une histoire linéaire, facile à suivre, extrêmement bien écrite qui met en scène des personnages pas si simples qu'on pourrait le penser a priori et qui a le grand mérite d'être captivante.
Comme d'habitude "Les Editions de Minuit"ont choisi un auteur qui en une bonne centaine de pages vous écrira le roman qui pourrait vous sembler mièvre et banal ,avec 200p de plus chez un autre éditeur.
La trame est simple:un homme sort de prison ,essaie de se réadapter dans l'environnement d'une de ses cousines,mère d'une jeune fille,un drame arrive,qui accusera-t-on d'abord?
Chaque mot à sa place,rien de trop .Bravo
C'est sec, rapide, implacable et ramassé : une intrigue vraiment très bien tendue et des portraits de personnages parfaitement dressés. Un très bon livre !
Coup de théâtre :
Le récit s’installe d’abord dans une atmosphère sérieuse et dramatique. On parle du viol et du meurtre d’une petite fille d’à peine 4 ans. On comprend l’affolement de Martha qui s’inquiète pour sa fille. Peu à peu, la lecture se fait un peu longue et monotone. On attend l’événement déclencheur qui ne vient pas.
A la moitié du livre, la personnalité véritable du notaire se dévoile totalement aux yeux du lecteur mais reste cachée à Martha. L’humour fin de Ravey fait beaucoup rire. On comprend ce que l’auteur monte depuis le début : le décor est installé pour une chute dont on sent l’arrivée imminente. On attend et l’on espère qu’elle sera à la hauteur. Tout s’accélère, la fin approche, les révélations et les rebondissements s’enchaînent.
Et là…
Dernière page, un mort. L’auteur met ses dernières cartes sur la table, le lecteur est bluffé. De la première à la dernière page, le ton a changé du tout au tout. Découvrir le personnage que devient Martha à la dernière page du livre est jubilatoire.
Un imposteur bien rangé :
Le texte reflète la société comme elle est. Quand parfois les « grands » de ce monde sont protégés par leur image et leur statut, des arnaques ou des abus sont passés sous silence. Souvent, les victimes ou les témoins de ces duperies se taisent. C’est le cas dans ce roman, car on se demande si Freddy n’a pas déjà été en prison pour un crime que le notaire, maître Montussaint, aurait commis. Qui sait si le père Rebernak n’a pas été assassiné par ce dernier ? L’auteur décrit dans cette histoire la bien belle façade que peuvent présenter les notables (dont les hommes politiques), et les sombres histoires qui se trament souvent derrières eux.
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