Découvrez la première sélection : 30 titres parmi les romans français de la rentrée littéraire de janvier
Tristan, le narrateur, a 18 ans. Rien ou presque ne trouve grâce à ses yeux dans le monde d'aujourd'hui. Il est renvoyé de sa classe de Khâgne pour avoir tenté d'incendier le lycée. Il abhorre le monde des arts et des lettres. Sa mère est une snob, son père, écrivain à succès, ne produit que des nullités. Ce jeune homme en colère a des jugements lapidaires sur tout : les livres, les peintures, les filles de son âge.D'où vient cette révolte qui s'exprime dans un langage très savoureux, à la fois cru et raffiné ? On le devine peu à peu : Eurydice, la soeur bien-aimée de Tristan, est morte lors d'un attentat terroriste à Paris. Sous le soliloque radical et rageur affleure le chant d'amour à ce qui est perdu.Salim Bachi sait se renouveler à chaque livre tout en gardant un style qui lui appartient. Ce roman, crépusculaire autant que juvénile, traduit les secousses d'un monde proche de la folie tout en célébrant sa beauté menacée.
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Quand la littérature a le pouvoir de transmettre toute la peine, la colère et la furie d'un jeune homme qui vient de perdre sa soeur dans des conditions épouvantables, la puissance et la précision des mots pour les maux bouleversent. J'ai lu ce livre comme un grand cri de révolte, comme une renaissance d'un jeune homme en colère qui hurle pour mieux vivre. Un livre coup de poing.
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2018/04/19/36331608.html
Un jeune homme de dix-sept ans, Tristan, a perdu sa sœur Eurydice dans des conditions particulières. Il n’arrive pas à s’en remettre, à l’accepter. Salim Bachi nous transcrit sa peine, son refus, sa colère lors d’une journée banale. L’écriture représente bien l’état de Tristan, elle est sèche, violente, crue. Le deuil lui ouvre les yeux sur le monde qui l’entoure : l’inertie de ses parents, l’arrogance et l’hypocrisie de ses amis nés avec une cuillère d’argent dans la bouche. Critique de la parentalité, critique sociale, critique de ce monde où règnent l’intolérance et le fanatisme religieux, ce roman est finalement aussi un roman d’apprentissage de la vie. Tristan fait le deuil de ses illusions, de son innocence. Ce deuil est brutal, mal canalisé, le jeune homme peut apparaître arrogant alors que c’est la souffrance qui le consume. Progressivement, on est en empathie pour lui sans être pour autant dans la pitié. On le regarde déambuler dans Paris comme un somnambule, présent tout en étant absent, jugeant les faits et gestes de son entourage. Le monde qu’il décrit avec force est réaliste même s’il semble parfois un peu caricatural, un peu surexposé par sa rage, une rage nécessaire. La violence est un exutoire vital pour ne pas devenir fou, ne pas basculer dans l’irréparable peut-être.
Salim Bachi livre un roman fort qui ne peut laisser indifférent.
La colère d'un jeune homme de 18 ans qui en veut au monde entier où plutôt à son propre monde est la trame de ce roman, une trame sous le ton d'une narration, brute et sans fard mais aussi rafinée à l'image de Tristan, le narrateur. Les raisons de cette colère apparaissent peu à peu et de plus en plus précisemment, la mort d'une petite sœur, Eurydice. Cette jeune sœur qui apparaît comme le point de bascule dans la vie de Tristan disparaît de manière brutale et totalement injuste un soir de novembre. Les rancoeurs comme la colère ne laissent aucune chance à Tristan. Eurydice partie, c'est son monde qui explose, se désagrège, des parents divorcés, des petites amies qui n'en sont plus, des amis qui deviennent des ennemis et même la source d'un dégoût profond. L'envie de rejoindre Eurydice est forte, Tristan est seul, terriblement, dramatiquement seul.
L'évocation de la colère de ce jeune homme exprimée à travers les mots de Salim Bachi apparaît légitime quant à la mort de sa petite sœur, un véritable drame, une injustice mais quelque peu nauséeuse quant à la critique acerbe du monde occidental, les adultes comme la jeunesse, individualiste et droguée, les forces de police, violentes, les militaires, homosexuels, les prêtres, pédophiles et les femmes considérées comme des « putes ». Aucune allusion, aucun ressentissement à l'adresse des bourreaux, des barbares, responsables de la mort de cette jeune fille mais aussi de centaine d'autres, une impression dérangeante et c'est un doux euphémisme, s'en dégage.
Lien : http://www.livresselitteraire.com/2018/02/un-jeune-homme-en-colere-de-salim-bachi.html
Révolté, Tristan erre dans les rues de Paris. Il vocifère contre le monde qui l’entoure. La colère gronde, explose depuis que Tristan a perdu sa sœur Eurydice. Une jolie robe blanche devenue rouge sang un horrible soir de novembre. Une pierre tombale dans un cimetière qu’elle aurait probablement détesté. Elle, la joie de vivre incarnée. Tout le contraire de Tristan.
Depuis ce terrible jour, Tristan s’est fait viré de son lycée. De toute façon il n’en pouvait plus de voir tous ces visages de la haute qui depuis ce jour l’ignorent. Tristan vit chez son père, un célèbre écrivain qui écrit « de la merde pour plaire aux petits bourgeois » et collectionne les midinettes de l’âge d’Eurydice.
Tristan erre dans les rues de Paris. Il fume. Des joints. Beaucoup. Il jure. Il profane ce milieu dans lequel il a grandi. Il crache sur ce consumérisme à outrance. Tristan, génération Z. Prolongement de la génération Y qui rappelle Youporn. Génération Z considérant parfois l’acte sexuel, les relations hommes – femmes comme des prouesses acrobatiques. Z comme zapper. Zapper les filles, les mecs, zapper l’amour, zapper la société. De cette jeunesse qui résonne réseaux sociaux, selfies à gogo.
Z comme zoner. Ce que Tristan fait pour déverser sa rage autant que son mal-être.
Mais derrière cette colère et ce cynisme, se cache surtout le deuil d’un jeune homme sensible qui voit son monde s’écrouler. Qui ne voit pas la lumière au bout du tunnel. Un cœur en lambeaux d’avoir perdu un bout de lui. Celle qui le maintenait en vie. Il arpente la ville, le cimetière, les siècles à la recherche de cette part de lui qui n’est plus. Un jeune homme à la sensibilité scintillante qui tente de le masquer mais que l’on perçoit, montant crescendo dans ce long monologue.
Salim Bachi nous fait pénétrer dans l’esprit et le cœur brisé de Tristan. Les mots sont crus, violents. Et nous lecteur nous somme ballottés entre l’envie parfois de mettre quelques claques à Tristan et l’envie de lui tendre la main même si l’on sait qu’il ne la prendra pas. C’est l'un des talents de l’auteur parvenir à faire changer la donne au moment où l’on s’y attend le moins. Au moment où l’on sent la colère s’immiscer en nous, parce que quand même Tristan n’y va pas avec le dos de la cuillère, Salim Bachi fait basculer nos sentiments en faisant remonter toute la sensibilité de ce jeune homme. Et l’on succombe parce que l’on comprend. Alors on erre à ses côtés, pas trop proche pour ne pas l’effrayer. On le lit, on l’accompagne dans ces accès de colère et ces moments de chagrins. On découvre le Paris parisien, le Paris bourgeois mais aussi le Paris lumineux. Montmartre et ses écrivains, ses peintres, ses légendes. Tristan est un puits de connaissance qu’il nous transmet dans des allers-retours entre le Paris d’aujourd’hui reflet de l’égoïsme, l’hypocrisie et l’amour tronqué et celui d’hier chargé d’Histoire où les grands artistes créaient et se retrouvaient. Entre rêve, envie et réalité.
Tristan est un jeune homme étonnant et attachant qui se livre sans pudeur. Il n’a plus rien à perdre alors il prend les coups, il les rend aussi. C’est sa vie désormais.
Il ou Salim Bachi, on ne sait plus bien, reconstitue pas à pas son histoire, dans un style claquant qui mêle argot et poésie, vocabulaire étoffé, de violence et de délicatesse qui s’entrecroisent et s’entrechoquent. Entre deux eaux. Comme Tristan.
A mesure que j’avançais dans ma lecture je sentais l’intensité d’un souffle nouveau. Je comprenais où j’allais et pourquoi. Je prenais conscience de l’humanité profonde qui se dégageait de ces lignes. De ce jeune homme qui a perdu sa bien-aimée, sa jumelle ou presque. De cet Orphée moderne devenu insomniaque depuis la mort de son Eurydice. De cette douleur que l’on ne peut apaiser. De ces rêves qui se confondent avec la réalité. De ces nuits qui ne se distinguent plus des jours (et inversement). Et malgré tout de cette fureur de vivre en attendant la mort.
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