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Prier pour le meilleur, se préparer au pire ! Quel lien existe-t-il entre Kamel, jeune Marseillais d'une vingtaine d'années, Sabrina, femme de ménage à Valenciennes, et Grégor, ouvrier d'abattage près de Lorient. Entre les tragédies de notre temps et les personnages laminés par le monde d'aujourd'hui se tisse la chronique d'une époque où les destins hésitent entre fuite, abandon et passage à l'acte. Touchée de plein fouet par ces affaires enchevêtrées, la commissaire Aïcha Sadia va, dans cette nouvelle enquête, basculer sous nos yeux de la force à l'anéantissement.« Il y a des choses qui, logiquement, ne devraient jamais être en rapport les unes avec les autres, tellement éloignées, tellement sans aucun lien. Mais Gilles Vincent - encore une fois! - nous surprend. » Passion Romans. Et c'est bien de cela qu'il s'agit ici : trois histoires plutôt embrouillées, trois vies plutôt tordues, trois trajectoires rectilignes et un point de fuite ou un point de chute, c'est selon. En lice, et à juste titre, dans de nombreux prix avec ses précédents romans, Djebel (prix EuroPolar) ou Beso de la muerte (Prix Inter CE), Gilles Vincent récidive ici l'exploit de nous embarquer pieds et poings liés dans ce nouveau roman sans aucune possibilité de répit. On y prend goût, on y prend plaisir et on en redemande ! Les aficionados retrouveront la belle et charismatique commissaire Aïcha Sadia et son partenaire Sébastien Touraine. Mais ils y redécouvriront surtout le formidable savoir-faire d'un auteur de talent, d'un véritable conteur, capable de donner à ses personnages chairs et âmes, de nous faire ressentir leurs désirs et leurs effrois. De la tragédie, du sang et des larmes pour ce polar bien ficelé et riche en rebondissements. « Gilles Vincent éclabousse le lecteur d'une myriade d'émotions fortes et vraies. » La Cause Littéraire.
Scotché. Littéralement scotché à mon bouquin je fus. Gilles Vincent ne m'a laissé aucun répit, de la première phrase "Il y aura les morts et les mutilés. Les blessures, le cartilage, le chaos." (p.11) à la dernière : "Et ça la chavire, donne à sa vie le rythme chancelant d'un ballet désarticulé. Une chorégraphie dénuée de sens. Une ligne de fuite à laquelle elle sait ne pouvoir échapper." (p.223)
A partir de trois histoires totalement opposées et loin les unes des autres, il bâtit un polar implacable très actuel, très inspiré de l'actualité : les délocalisations qui entraînent des débordements, les affaires Dutroux et Merah, tristement célèbres. On sent bien qu'elles se rejoindront à un moment ou un autre, mais le lien est si ténu qu'il est très difficile à deviner. Je préfère ne point trop en dire parce que le suspens du roman s'il tient à la résolution des trois enquêtes, tient aussi à leur regroupement que personnellement, j'ai trouvé excellemment bien mené, à la fois très prosaïque et un rien irréel, lié au hasard.
Aïcha Sadia, la commissaire marseillaise de Gilles Vincent est sur l'enquête la plus grosse, celle qui traque Kamel, le djihadiste : je l'avais déjà rencontrée dans Beso de la muerte, je la retrouve avec plaisir, bon elle moins, parce que là, elle est sur un gros morceau qui la touche personnellement. Ce qui est bien dans les livres de G. Vincent (au moins les deux que j'ai lus, mais je ne compte pas en rester à ce chiffre ridicule), c'est que son héroïne ne prend pas toute la place : chaque personnage est primordial, autant les malfrats, quelles que soient leurs motivations, que les flics qui les traquent. Le capitaine Le Cam de Vannes (pour Grégor) ou le lieutenant Fred Pichon de Valenciennes (pour Sabrina) ont autant d'importance qu'Aïcha, de même pour les membres de son équipe qui sont très présents. Les polars de Gilles Vincent outre leur rapidité, leur rythme effréné (pour celui-ci au moins) sont avant tout des romans basés sur l'humain, les raisons qui les poussent à passer d'un côté ou de l'autre de la loi. Il ne juge pas ses personnages ni leurs choix, il a même un très beau paragraphe sur la manière dont Dounia la petite amie de Kamel s'est convertie à l'islam et s'est voilée : "Lui apprendre à lire sans la peur des mots, à quitter ses rangers qui lui meurtrissent l'arc du pied. Abandonner le cuir des blousons, guérir sa bouche du métal qui blesse. Accepter de nouer ses cheveux contre la nuque, de savourer la douceur du foulard, apprendre à maitriser la colère, lui trouver d'autres cibles." (p.47), il en aura aussi de plus durs à l'égard de la même religion : il ne juge pas, raconte les histoires de vies de ses personnages, des faits, des pensées, des questionnements sur soi sur les autres finalement des portraits très complets des uns et des autres.
L'écriture de Gilles Vincent donne le rythme rapide, des phrases courtes, parfois nominales, des dialogues assez fréquents mais pas trop longs, du vocabulaire simple et efficace, des passages violents, d'autres beaucoup plus lents, pour un bouquin que l'on ne lâche pas. Un polar français extrêmement maîtrisé et soigné, mené de bout en bout par un auteur de haut niveau qui m'a laissé un peu étourdi une fois la dernière page lue. Amateurs de polars efficaces, ne passez pas votre chemin ! Si vous n'aimez que les polars états-uniens (ce qui est déjà une pure hérésie), laissez-vous faire et vous verrez que les Français n'ont rien à leur envier !
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