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Tristesse ou dépression ? comment la psychiatrie a médicalisé nos tristesses

Couverture du livre « Tristesse ou dépression ? comment la psychiatrie a médicalisé nos tristesses » de Jerome C. Wakefield et Allan V. Horwitz aux éditions Mardaga Pierre
Résumé:

Ce livre dresse une critique rigoureuse de la manière dont la psychiatrie américaine a réformé, dans les années 1980, le diagnostic de la dépression. Selon les auteurs, le diagnostic actuel de la dépression est trop inclusif et trop large ; il tend à « pathologiser » les réactions normales... Voir plus

Ce livre dresse une critique rigoureuse de la manière dont la psychiatrie américaine a réformé, dans les années 1980, le diagnostic de la dépression. Selon les auteurs, le diagnostic actuel de la dépression est trop inclusif et trop large ; il tend à « pathologiser » les réactions normales d'abattement qui se produisent à l'occasion de certaines situations difficiles de la vie. Les auteurs accusent précisément le DSM-III (texte de référence internationale de la classification américaine des troubles mentaux, troisième version) d'avoir contribué à faire de la tristesse une maladie et, du coup, à en favoriser la médicalisation, avec des conséquences financières très favorables pour l'industrie pharmaceutique. Tandis que la tradition médicale, depuis l'Antiquité, avait clairement cherché à distinguer entre les épisodes de tristesse qui affectent toute vie humaine et cette pathologie de la dépression qui frappe l'individu sans raison apparente, le DSM-III, dans son souci de rendre les définitions cliniques plus opérationnelles, a malencontreusement négligé l'importance de la prise en compte du contexte dans l'établissement du diagnostic de dépression. Les conséquences en matière de recherche sur le trouble dépressif et d'épidémiologie, donc de mobilisation des ressources des services de santé, sont également analysées. L'ouvrage entend réhabiliter la tristesse, aussi intense puisse-t-elle être, comme un événement normal de la vie humaine, pour ensuite caractériser à rebours la dépression comme une tristesse proprement pathologique, c'est-à-dire dysfonctionnelle. Pour les auteurs, la tristesse est un fait biologique avant d'être un fait social, même si les facteurs culturels ont un poids important dans la modification et la modulation de cette émotion naturelle. Les sociétés individualistes contemporaines refusent bien souvent de l'accepter comme telle, sans reconnaître que cette tristesse normale est sans doute bien davantage le résultat plutôt que la cause des problèmes sociaux.

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