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H. D. (Hilda Doolittle, 1886-1961), poète américaine, est une pointe du triangle dont les deux autres seraient Ezra Pound et William Carlos Williams. C'est au bas d'un de ses poèmes, "Hermes of the Ways" qu'en septembre 1912 Ezra Pound inscrivit "H.D. Imagist"; première mention de l'imagisme et de ces initiales qui désormais remplaceront son nom.
Malheureusement trop longtemps considérée comme une émule fidèle de l'imagisme et membre de l'écurie d'Ezra Pound, ce n'est que depuis peu (en partie du fait de l'essor du féminisme) que sa poésie, et surtout ces derniers livres, War Trilogy (1973), Helen in Egypt (1961) et Hermetic Definition (1972) sont apparus comme l'oeuvre d'une poète majeure en quête d'un "gnosticisme" moderne et explorant la psyché, l'histoire, les mythes et les traditions de l'humanité.
Trois recueils de poésie ont été publiés en France : Hélène en Égypte et Le Jardin près de la mer aux éditions de la Différence, dans la traduction de Jean-Paul Auxeméry, et Hermetic Definition aux éditions Tarabuste, traduit par Marie-Françoise Mathieu.
La Trilogie, terminée en 1944, représente le sommet de l'art poétique de H.D., après un peu plus d'une demi-douzaine de recueils et de romans publiés entre 1916 et 1940, elle rédige ce long poème en trois parties où, sortant de la veine imagiste de ses débuts, elle compose une épopée sur le bombardement de Londres qu'elle lie avec les mythes égyptiens, grecs et chrétiens, créant de la sorte une immense fresque sur le rôle de la poésie dans un monde en guerre.
Dans Le Mythe de l'éternel retour, Mircea Eliade exprime très bien ce que faisait H.D. : " Par la répétition de l'acte cosmologique, le temps concret, dans lequel s'effectue la construction, est projeté dans le temps mythique, in illo tempore où la fondation du monde a eu lieu. Ainsi sont assurées la réalité et la durée d'une construction, non seulement par la transformation de l'espace profane en un espace transcendant, mais aussi par la transformation du temps concret en temps mythique. " H.D. passe continuellement du microcosme du poète qui observe ce qui l'entoure, " me cramponnai au brin d'herbe/ au dos d'une feuille ", au macrocosme de la guerre " dans la pluie des incendiaires ", comme encore dans le dernier poème de la première partie : " Et pourtant les murs ne tombent pas, / je ne sais pas pourquoi ; // un sifflement : zrr, / éclair dans une dimension / in-connue, non-déclarée " ; chacune de ses observations - peur, panique des bombardements, destruction du monde connu - sont alors creusées, approfondies, reliées à l'histoire mythique ancienne et moderne. Ainsi les murs détruits, " des portes tordues sur leurs gonds, / et les linteaux penchent // en diagonale ", ouvrent sur un autre paysage, une autre vision, bien plus vaste : " nous nous rendons // dans une autre cave, vers un autre mur tranché / où de pauvres ustensiles sont montrés / comme des objets rares dans un musée ", celle par exemple du quatrième chapitre des Nombres, ou Moïse et Aaron posent les ustensiles sur l'arche de l'oracle. B.H.
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Dernière réaction par Jean-Thomas ARA il y a 1 heure
Dernière réaction par Yannis Fardeau il y a 2 jours
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