"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il était une fois un manuscrit !... intitulé Le Chemin de l'Exil, à la fin de son écriture en 1972, il n'a été publié qu'en 2004 sous un nouveau titre : Orphélins de la Révolution.
Son auteur, Cheick Oumar KANTE - ancien enseignant, journaliste et écrivain guinéen -, a dû affronter l'hostilité d'un microcosme de directeurs de collections et vivre donc, pendant trente-deux ans, une sorte d'assignation à "résidence d'écriture" suivie d'une "hospitalisation éditoriale forcée" au cours de laquelle il aura contracté "des maladies nosocomiales".
Sans avoir trouvé un début d'explication à cette farouche adversité, il aura su développer des défenses, résister et recouvrer la santé lui permettant, après coup, de raconter toutes ses tribulations avec une ironie des plus réjouissantes ! Mieux, il aura bien profité de sa relégation pour entamer une méditation sur la fonction du livre et sur son besoin personnel d'en écrire un, désir traduisant, à vrai dire, l'envie d'étreindre ses lecteurs. Avec les pans de ses mots, dans les plus et les replis de ses phrases !
Ainsi l'avertissement en guise de conclusion du présent récit (et/ou essai ?) - le huitième ouvrage qu'il n'aurait jamais écrit si son premier n'avait pas paru en cinquième position - est-il d'une clémence à peine surprenante.
"Je voudrais vous rassurer, chers lecteurs, comme le font les réalisateurs de films dans lesquels certaines séquences impliquant des animaux pourraient laisser penser que ces derniers auraient subi des mauvais traitements.
Face à quelques-uns des protagonistes de l'histoire à multiples rebondissements de mon manuscrit, j'ai éprouvé beaucoup d'agacement. Je n'ai eu du ressentiment contre aucun. Je garde, au contraire, ma sympathie et mon amitié pour la plupart. D'ailleurs, pour un certain noyau dur, je nourris une sincère affection.
Je ne conçois pas autrement l'acte d'écrire, ni celui de lire que comme une envie irrépressible de partager et, donc, un élan de générosité, irréversible lui aussi. Voilà pourquoi je n'ai pas pu m'empêcher - moi, un grand amateur de récit -, de profiter de l'aubaine offerte, même à mon corps défendant, pour relater mes aventures éditoriales. Je forme juste le souhait que la sortie continuellement différée du seul livre que j'aurais écrit, peut-être, s'il avait été aussitôt publié, l'ait bonifié sur tous les plans et, avec lui, cette histoire de son élaboration.
A vous seuls, lecteurs, il reviendra de le faire savoir autour de vous. Je ne souhaite pas d'autre compensation pour les dizaines de julos de papier usés, les torrents d'encre écoulés, les nombreux appels téléphoniques donnés, les tas de lettres expédiées (ordinaires parfois mais plus souvent recommandées), les multiples E-mails envoyés, les nombreux allers et retours effectués entre la Province et Paris... Etant entendu que les nuits de veille et l'indisponibilité épisodique pour mes proches échapperont toujours, quant à elles, à toute comptabilité et, par conséquent, à toute réparation." Avec ses Notes au fil des pages, des "pépites" à elles toutes seules, et son Epilogue, un suspense éprouvant, "Trente-deux ans de rétention" aurait pi rester un simple encouragement à persévérer pour tous ceux qui ont la fibre de l'écriture. Il est devenu un bel hymne à la littérature.
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