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Depuis plusieurs décennies, le rapport à la mort et aux morts connaît une véritable mutation dans la société occidentale.
Transformations des rites funéraires, notamment sous l'effet de la déchristianisation de l'Occident, diffusion d'un pluralisme religieux, pratiques individuelles en sont les traits les plus marquants. Mais c'est davantage l'acte de mourir, voire la définition même de la mort, qui semblent aujourd'hui changer radicalement.
Cette mutation, profonde, n'est pourtant pas un fait nouveau. Elle n'est que le prolongement d'une autre transformation, plus ancienne, qui a touché l'ensemble du monde occidental dès le XVIIIe siècle, où l'on a commencé à déplacer et éloigner les sépultures à la périphérie des villes. La « transition » - si ce n'est la rupture - qui s'est alors produite en seulement quelques générations est venue bouleverser un régime funéraire qui s'était imposé depuis la fin de l'Antiquité, articulant des espaces destinés aux morts aux lieux sacrés, et faisant cohabiter les vivants et les défunts.
Cet ouvrage vient analyser la manière dont s'est mis en place cet effacement progressif à travers les siècles, en tentant de dresser une histoire longue des rapports entre les vivants et les morts.
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