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Vers 1490, Léonard de Vinci, proche de la quarantaine, établi à la cour de Milan comme peintre, ingénieur et sculpteur, était convaincu de la nécessité de donner un nouveau statut à l'activité de peintre. Les notes qu'il jeta alors, et qui sont conservées dans le manuscrit A de l'Institut de France, attestent cette préoccupation à la fois sur les plans du métier, de la technique et de la théorie. La peinture est pour lui l'accomplissement suprême de l'activité spirituelle : elle est supérieure à la sculpture, qui ignore la couleur et le paysage ; elle est au-dessus de la poésie parce qu'elle explore "les oeuvres de la nature" ; couvrant la totalité du réel et de l'imaginaire, elle suppose une sorte d'enquête scientifique permanente, dont elle manifeste les résultats. Cette idée de l'art-science explique l'élargissement progressif des préoccupations de Léonard, qui substitue au manuel initialement prévu une véritable encyclopédie, de plus en plus difficile à maîtriser. Le Traité de la peinture finit ainsi par se confondre avec la vie intellectuellle de Léonard et en épouse, depuis l'an 1500, les vicissitudes, ce qui confère aux fragments - d'ailleurs très abondants- qui en subsistent un intérêt extraordinaire.
Le Traité présenté ici ne prétend nullement reconstituer le plan de Léonard, qui n'a cessé d'évoluer. André Chastel, qui en donne une nouvelle traduction et le commente largement propose seulement un classement accessible au lecteur moderne, assorti de commentaires lui permettant d'entrer dans les speculazion singulières du vieux maître.
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