"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout semble brisé dans la vie d'Erica qui ne peut compter sur l'aide de personne pour s'occuper de son père, tout juste sorti de l'hôpital. Son fils Jimmy, qui arrive à l'improviste après plusieurs années de silence, ne lui offre aucun soulagement car lui-même se sent mal à l'aise face à sa famille dans ce quartier de Brooklyn trop hanté par ses souvenirs. Il prend au contraire une nouvelle fois la fuite pour se réfugier chez des amis, à 80 km de l'État de New York, où il se sent plus perdu que jamais. Alors qu'une tempête se prépare, Jimmy appelle sa mère, et Érica n'hésite pas à prendre la route en affrontant les éléments déchaînés pour venir au secours de ce fils devenu sa seule raison de vivre. Et tous deux se retrouvent dans une atmosphère de fin du monde.
William Boyle revient ici au décor et aux personnages de Gravesend qu'il évoque avec une mélancolie déchirante, celle-là même que lui inspire Bob Dylan lorsqu'il chante Everything is broken.
Pour tout dire, ce n’est pas une lecture très gaie, son titre « Tout est brisé » le signifie parfaitement.
Une veuve s’occupe au quotidien de son octogénaire de père, dépendant et acariâtre, en plus de son travail. Sa seule distraction est la messe à l’église du quartier...
Elle désespère de recevoir des nouvelles de Jimmy, son fils, qui erre dans la vie, traînant sa dépression de petits boulots en gueules de bois.
Leurs retrouvailles, rendues possibles par l’absence totale d’autre solution de survie pour Jimmy, ne sont pas aisées. Plutôt tendues même...
Mais peut-être y-a-t-il une lueur quelque part, pour eux, entre eux....peut-être...
D’une écriture sans fioriture, l’auteur décrit au plus près les atermoiements des laissés-pour-compte de la vie...
Triste, mais touchant...
Comme le titre du roman l’indique, la vie d’Erica et de son fils Jimmy sont loin d’être réjouissantes. Si vous avez déjà le moral dans les chaussettes, cette lecture risque de vous entraîner au fond du trou.
En effet, Erica, la cinquantaine, est retournée vivre chez son père afin de s’occuper de lui. Celui-ci a un caractère exécrable et lui en fait voir de toutes les couleurs. De plus, sa soeur ne lui est d’aucun secours et fuit les responsabilités. Fatiguée, seule et devant faire face à des soucis financiers, Erica est également inquiète car elle demeure sans nouvelles de son fils Jimmy.
Ce dernier, un homosexuel dépressif, noie ses problèmes dans l’alcool. Les galères s’accumulent et il choisit de trouver refuge auprès de sa mère même si la communication entre ces deux personnages n’est pas au beau fixe.
L’auteur nous livre à travers ce récit une atmosphère noire, pesante où l’on cherche désespérément une étincelle d’espoir. Malgré tout, l’ensemble reste crédible et le ton n’est en aucun cas mélodramatique.
La relation mère-fils est mise en avant dans cette histoire où la plume de William Boyle m’a complètement embarquée dans le quotidien de ces deux êtres brisés qui espèrent des jours meilleurs.
Si j’ai été prise d’empathie pour Erica, je n’en ai eu aucune envers Jimmy, un personnage désagréable et ingrat avec sa mère alors que celle-ci ne demande juste qu’un peu d’affection.
D’autre part, je suis restée peu convaincue par la rencontre fortuite avec Franck qui tente de renouer le lien entre Erica et son fils même si celle-ci a au moins le mérite d’éclaircir quelque peu le récit.
Dans ce roman sombre et accablant, William Boyle nous dépeint avec justesse et mélancolie le quotidien d’une famille américaine ordinaire qui n’a pas été épargné par la vie. Une lecture intense à déconseiller en période de déprime.
Tristesse, solitude, tristesse, solitude, ad lib...
Y a-t-il un brin d'espoir à Brooklyn ?
Erica supporte quasi seule la convalescence de son père, grabataire et irascible, tandis que sa soeur, Jeannie la hippie s'occupe de son mari malade et, que Jimmy, le fils qu'Erica a eu avec Eddy (homophobe, décédé dune tumeur au cerveau), homosexuel, traîne de partenaire en bar. Elle est seule, irrémédiablement seule, à tout assumer, à tout regretter, à tout rater, notamment ses rapports avec la seule famille qui lui reste.
Jimmy, son fils, est seul, désespérément seul, dans son homosexualité (son père n'a jamais fait que le brimer), dans ses relations avec autrui en mode squatteur, dans son rapport avec sa mère...
Et c'est parfois pesant.
Toute cette solitude.
Toute cette tristesse.
Toute cette nostalgie de ce qu'on croit avoir été le bonheur (Erica est-elle à ce point aveugle pour prétendre qu'Eddie a aimé son fils homo alors qu'elle a eu sous les yeux toutes les preuves du contraire ?) , de ce qu'on imagine devenir le bonheur (vivre en SDF aux crochets de vieux potes).
Etrange roman, fort bien écrit au demeurant (et sans doute très bien traduit) qui distille tellement de gris qu'on ne sait plus au final si ça agace ou pas, si on a envie de secouer la mère et le fils pour les forcer à se regarder enfin.
William Boyle nous propose avec ce livre d’entrer dans le quotidien de personnes ordinaires. Ce sont pour la plupart des laissés pour compte que l’on va suivre pendant 200 pages. On va rencontrer Elisa, la femme seule, qui après la mort de son mari, doit s’occuper de son père grabataire et Jimmy, son fils, qui revient au bercail après s’être égaré.
Autant vous dire que tout ceci n’est pas joyeux. Ces destins transpirent le désespoir et l’ambiance est plutôt sombre. Mais pour créer son atmosphère, l’auteur ne rajoute pas de péripéties ou de drames supplémentaires. Il ne joue pas la carte de la surenchère et se concentre sur la simple vérité. Il place le lecteur au plus près de la vie de ses protagonistes. Pour ce faire, on assiste à des moments de leur vie et pas forcément les plus glorieux. Les travers des personnages sont mis en exergue lors d’échanges très réalistes. Le manque de communication et le relationnel compliqué de cette famille créent des situations assez gênantes dans lesquelles les acteurs ne semblent jamais trouver leur place. La tension est telle que l’on se sent, nous aussi, mal à l’aise.
La relation mère/fils est à la base de cette histoire mais plusieurs thèmes sont aussi traités. Avec Jimmy, l’auteur s’attache à montrer les ravages de l’alcool et de l’homophobie sur l’existence d’un jeune homme et avec Elisa, il développe l’amour inconditionnel d’une mère et l’espoir d’un jour meilleur.
Grâce à ce texte très ancré dans la réalité, William Boyle nous livre une tranche de vie d’individus sans défense, qui se recroquevillent sous les coups du destin. Ces esprits tourmentés combattent quotidiennement pour refaire surface. Leurs retrouvailles forcées donnent lieu à des scènes oppressantes mais qui débordent d’humanité. On comprend alors que tout devient plus complexe quand « tout est brisé » !
Il y a quelque chose de brisé, de fêlé, de blessé dans l'ouvrage que propose William Boyle. Oui, dès les premières pages, vous sentez que quelque chose n'est plus comme avant. Et c'est avec cet élan de mélancolie que l'auteur nous entraîne dans les tranches de vies d'Erica, la mère (et la fille aussi) et de Jimmy, le fils. Chacun est là, sur Terre, et ils se demandent bien pourquoi. Erica sent bien qu'elle s'est sacrifiée toute sa vie, et qu'elle ne peut échapper à ce sacrifice : aider son vieux père, aider son fils alcoolique... On ne peut fuir son destin que si on blesse les proches. Et pourtant, son père la déteste parce qu'elle a décidé de le mettre en maison de repos et de rééducation. Et Jimmy, son fils, la déteste parce qu'elle ne le comprend pas, elle ne comprend pas son mal être. Et ils évoluent tous, comme des étrangers l'un pour l'autre. Ils sont là et en même temps, ils ne le sont pas vraiment.
C'est sur ce fil ténu de la vie que William Boyle nous raconte les déboires et les malheurs d'une famille. Il raconte avec douceur et beaucoup de poésie dans ses mots, la société d'aujourd'hui, la vie, la vraie. L'auteur a cette écriture presque cinématographique qui colle parfaitement à une œuvre d'analyse de la société américaine. Cette société qui semble stagner, s'enorgueillir du progrès, mais qui ignore les laissés pour compte, ceux sur le bas-côté, ceux qui n'en valent pas la peine de toute évidence... Au fur à mesure du récit, on entre plus profondément dans les pensées des uns et des autres, on essaye de comprendre l'alcoolisme de Jimmy, les indécisions et les doutes d'Erica. On voudrait leur donner des claques, on voudrait qu'ils se bougent, qu'ils entrent dans la vie, la Vie avec un grand V, qu'ils profitent, qu'ils sourient un peu... Et puis, soudain, alors qu'on penserait que le roman s'enfonce dans le désespoir et la tristesse, un rayon d'humanité traverse le roman.
C'est un roman sur la solitude des êtres, sur le passé, sur la famille. Ce roman nous dit qu'on ne peut pas vivre seul, qu'on ne peut pas laisser les souvenirs envahir le présent. C'est un roman qui fait qu'on ne peut pas rester passif, dans l'inaction. Un roman sur les retrouvailles. Faire table rase du passé, pardonner, avancer.
J'ai trouvé ce roman très juste et empreint de poésie, avec une pellicule de mélancolie qui recouvre chaque page. C'est comme un vieux vinyle, dont le chanteur à la voix éraillée chante une litanie emplie de spleen. Une belle lecture.
Gravesend, quartier de Brooklyn, New York City.
Tout est brisé pour Erica : après une mauvaise chute, son vieux père refuse de rester dans un centre de rééducation. Il l'oblige à le ramener chez eux.
Tout est brisé pour Erica : son seul fils, Jimmy, a arrêté ses études. Depuis, elle n'a plus de nouvelles de lui. Cela fait des années.
Tout est brisé pour Erica : sa mère est décédée. Elle a vu son mari, Eddie, mourrir d'une tumeur au cerveau dans un hospice.
"A cinquante ans, elle (Erica) avait l'impression d'être centenaire.... Elle sortit son téléphone et essaya d'appeler le dernier numéro que Jimmy lui avait donné..... Elle pria pour qu'il réponde.... Est-ce qu'il ignorait quel bien cela ferait à Erica rien que de lui parler rien que de l'entendre demander : comment ça va, maman ? Personne ne décrocha."
Jimmy est bien au centre de cette histoire : jeune homme mal dans sa peau (surtout quand on se fait traiter de pédé par son père), vivant de petits boulots.... "Une tristesse noire le (Jimmy) réveilla. Elle se déversait de ses os et vibrait dans son sang tels de petits insectes crachant leur poison."
"Tout est brisé" est un livre à part. William Boyle nous livre une histoire à hauteur d'homme (et surtout de femme). Il nous donne à montrer une Amérique des laissés pour compte du rêve américain, dieu lui-même les a oubliés. Vus de France, nous avons souvent une vision idyllique des Etats-Unis : tout y est possible.... Et pourtant, la vérité est tout autre. Combien d'américains ont du mal à faire face au quotidien ?
Tout le propos du roman de William Boyle est là : trouver en soi, chaque jour, la force de continuer d'avancer, d'exister... ; et pour cela pas beaucoup de choix : se battre, espérer que les lendemains seront meilleurs.
William Boyle nous livre une fin pleine de points d'interrogations. Erica et son fils Jimmy vont-ils enfin trouver un terrain d'entente pour se réconcilier ? Ils n'ont, sans doute, pas le choix. Ils doivent reconstruire une relation sur les ruines du passé.
" This ain't all there is
But if it's all that I have
What's broken will become better
If we can."
Jason Molina,
"What' nroken necomes better"
" Ce n'est pas tout ce qu'il y'a/ Mais c'est tout ce que j'ai/ Ce qui est brisé va aller mieux/ Si on y arrive."
William Boyle a déjà écrit un premier roman "Gravesend" qui a eu l'honneur d'être le 1000ème roman paru aux Editions Rivages. Il a rejoint depuis peu les Editions Gallmeister avec ce roman "Tout est brisé". Dans une première vie, il a été disquaire à New York, spécialisé dans le rock indépendant américain.
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