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Robert Turcan, de l'Institut, ancien membre de l'École française de Rome, a consacré plusieurs ouvrages aux empereurs qui ont marqué l'histoire : Hadrien, Marc Aurèle, Héliogabale, Constantin. Avec Tibère, c'est le type même d'un prétendu tyran sanguinaire qui est concerné. Nos études classiques (Tacite et Suétone) nous ont appris à le détester.
« Le plus beau portrait historique dans Tacite est celui de Tibère », écrit Chateaubriand. « Il n'y a guère d'apparence que le fils de Livie ressemblât au Tibère de Tacite, c'est pourtant ainsi que nous le voyons tous », avertit toutefois Rousseau.
À relire les textes d'un oeil plus critique, on fait la connaissance d'un homme qui, dès l'enfance, a dû affronter les périls d'une vie éprouvante, avant de faire face à mainte obligation inexorable, comme chef militaire aussi bien que gendre et successeur d'Auguste. On constate alors un décalage entre les témoins directs de son temps et les « historiens » qui l'ont jugé trois quarts de siècle après sa mort. Th. Mommsen l'a considéré comme « le plus capable des empereurs romains » et le compte, en tout cas, au nombre des « meilleurs ».
Avec Auguste, le pouvoir impérial relevait du mystère. Tibère l'a exercé sans ambiguïté et, pour ainsi dire, fondé pour une longue et prestigieuse postérité.
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