#RL2017 ça y est, c’est parti ! Découvrez les avis de nos lecteurs sur cette sélection
Premier roman de Carola Dibbell, critique rock emblématique de 70 ans, voici une création mutante qui rappelle les univers de Burgess, de Vonnegut, La Servante écarlate de Margaret Atwood ou le film Le Fils de l'homme. Un roman social et familial, porté par une voix féminine extraordinaire, à la fois naïve et grave, proche d'Huckleberry Finn, du Momo d'Emile Ajar, du Enig Marcheur de Russell Hoban.
Une femme a réchappé à une vague de pandémies ayant ravagé la population mondiale. Elle se prostitue sur les docks du Queens, le port de New York déserté, vendant littéralement son corps - ses dents, ses ovules ou son sang - à ceux assez riches pour payer, qui espèrent ainsi se protéger des épidémies. Avec l'aide d'un fermier généticien, elle donne naissance à un clone, Ani. Terrifiée, n'ayant jamais vu d'enfant de sa vie, tout juste capable de s'occuper d'elle-même, elle va devoir protéger sa fille des dangers de ce monde.
Après une vie entière passée seule, sans famille, sur les quais froids et humides du Queens, Inez a beaucoup vécu... mais ignore beaucoup. Récit d'une éducation au monde et à soi-même, réflexion ironique sur les rapports de classes (l'Élue est une prostitué de couleur et analphabète du Queens), ce monologue drôle, brut, déchirant et vivant est aussi un grand roman d'anticipation sociale.
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Me voici donc arrivée à la dernière page de The Only Ones, le souffle court et les yeux un peu fatigués. Cette double émotion s'explique assez simplement : l'histoire est terrifiante tant on est face à une société post-apocalyptique - tout à fait dans le genre de La Servante Écarlate de Margaret Atwood - décrite avec un naturel et une banalité affolante. Cette société où les humains sont réduits à un esclavage presque inconscient, où peu importe les malformations dont ils sont dotés, les enfants qui survivent sont traqués comme des bêtes/ Alors quand la science s'en mêle et que les expériences tournent bien (ou mal, selon le point de vue à adopter - savant/bourreau ou victime) l'angoisse devient palpable, dégoût et compassion font bon ménage. Sur le fond, ce roman est profond, troublant, et amène une véritable réflexion : a-t-on vraiment envie d'un monde où la vue d'une vache - clonée, bien entendu - sera aussi rare que l'est un diamant aujourd'hui ?
Les yeux fatigués, à présent. Je n'ai pas encore lu La Servante Écarlate de Margaret Atwood, l'autre roman donc qui aborde le sujet d'une société noyée, depuis trop longtemps à la dérive, mais j'ai suivi la série : tout est très clair, même les sous-entendus les plus sordides, chaque clan se distingue bien, la compréhension n'est jamais mise à mal. En revanche, dans The Only Ones, c'est une toute autre affaire : trop de mots, trop de majuscules, trop de lieux, trop de trop. On s'y perd, trop vite, on s'y agace, trop souvent. Quant au choix d'une narration dans un style oral, parfois argotique, je n'accroche décidément pas : ce qui devait amener de l'humanité, une forme d'authenticité et de proximité au récit le rend en fait compliqué à apprécier à de nombreuses reprises.
L'avis de la page 100 :
Mais que va-t'il leur arriver, aux cinq clones de Moira qui sont en cours d'incubation au moment où j'atteins ce fameux rendez-vous de la page 100 ? Seront-ils comme elle, toujours vivants ? Seront-ils eux, seront-ils elle ? Ce roman est un véritablement chamboulement littéraire pour ma part, je n'ai jamais rien lu de tel. La narration, de type orale, est parfois un peu difficile à apprécier, quelques fautes d'orthographe gâchent déjà la lecture mais sur le fond, dans cette société post-apocalyptique, le récit est prenant, fascinant, déstabilisant. Et un roman qui sans être un polar fait naître une forme d'angoisse, ce n'est pas mince affaire, et il vaut clairement le coup d'être poursuivi.
Désorienté, très surpris par le ton, par le style, je me suis accroché pour parvenir enfin à cette fameuse page 100 qui… m’incite à continuer.
Désorienté parce que cette histoire à la fois étatsunienne et mondiale se passe dans un futur indéterminé que je ne souhaite à personne, j’ai été aussi bousculé par une écriture simpliste, limite vulgaire, surtout très populaire et je pense que Théophile Sersiron qui a adapté ce roman US en français, a eu beaucoup de mérite. Quel travail pour faire passer le style de l’auteur dans notre français, un français de la rue, parlé par une certaine jeunesse et qui dénature beaucoup notre belle langue ! Il le fallait certainement. Voici quelques exemples : « Moi j’attends dans le noir c’est quoi qu’il va faire ensuite. » ou encore : « Je sais même pas c’est quoi cette histoire de qui est qui. » C’est souvent direct, argotique, sincère, plein de spontanéité et je m’y suis habitué peu à peu.
C’est l’héroïne, Moïra Kissena Fardo, appelée Moï, qui raconte donc avec son parler à elle. Le monde est ravagé par les pandémies et elle tente de survivre en vendant des parties de son corps jusqu’à ce qu’on lui propose de la cloner… J’attends de connaître la suite, sûrement pas très réjouissante…
Une fois le livre terminé :
J’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Ce style parlé bourré de fautes grammaticales, de formules toutes faites, d’abréviations ou de raccourcis difficilement compréhensibles et ce texte pratiquement privé de subjonctif afin de montrer l’inculture de Moïra, la narratrice appelée Moi, ce style était-il bien nécessaire pour toucher le lecteur et l’emmener dans ce futur improbable daté vers la fin du livre, en 2079 ? Pas sûr que cela fasse envie de vivre jusque-là…
The Only Ones, un beau livre publié par Le Nouvel Attila, est signé Carola Dibbell qui s’est distinguée, aux États-Unis, comme précurseur du journalisme rock et punk féminin. The Only Ones (les seules) est une dystopie. Cela se passe dans une société imaginaire régie par un pouvoir totalitaire, une société ravagée par les épidémies, à la fois très en avance technologiquement mais avec des retours en arrière terribles et des humains à la recherche de solutions les plus extrêmes pour survivre.
Théophile Sersiron qui a adapté ce roman en français, a eu beaucoup de mérite. Quel travail pour faire passer le style de l’auteur dans un français de la rue, parlé par une certaine jeunesse et qui dénature beaucoup notre belle langue, comme je l’ai dit en préambule !
Pourtant, il faut aller plus loin que ce mal-être ressenti tout au long de la lecture car l’auteure trouve un angle vraiment original pour rendre hommage à la maternité, au rôle de la mère et à son dévouement qui va jusqu’à l’extrême pour son enfant, même s’il n’est pas venu au monde de manière traditionnelle : « Si tu te demandes pourquoi t’es née, c’est peut-être parce que c’était une Opportunité commerciale pour quelqu’un ou peut-être parce qu’il a changé son avis ou qu’ils ont eu des rapports sexuels non protégés, qui sait ? C’est peut-être juste un coup de chance. »
Moi donne des ovules, son sang, des cellules de son corps pour que Rauden, dans sa ferme où il se livre à des expériences en principe interdites, parvienne à donner vie à un être humain : « Là c’était plus une viable, c’était plus un embryon ou je ne sais pas c’était quoi avant. C’était un enfant maintenant. Un enfant ça doit habiter quelque part. Ça a besoin d’une maison, un enfant. » Ainsi, Moi raconte sa vie avec Ani « toujours vivante », cette enfant dont elle s’occupe jusqu’à l’épuisement, sacrifiant tout pour elle, travaillant nuit et jour, surmontant des obstacles incroyables pour lui donner cette éducation qu’elle n’a pas eue.
Si Moi se révèle une mère admirable, son passé ressurgit peu à peu quand il faut dire enfin la vérité à Ani, devenue une ado très rebelle parce que marginalisée dans les différentes écoles de New York et de la région où sa mère parvient à l’inscrire.
Malgré toutes ces péripéties, c’est un peu long et mon soulagement a été réel lorsque je suis parvenu au point final, content quand même d’avoir découvert un tel livre poussant au paroxysme la réflexion sur la naissance, la maternité et les évolutions technologiques qui bousculent les traditions en matière de transmission de la vie sur notre bonne vieille Terre.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un roman surprenant qui débute tel un récit d’anticipation, se révélant au fil des pages un apprentissage émouvant de l’amour maternel.
Dès les premières pages le lecteur découvre avec effroi un monde ravagé, sinistré par des maladies et pandémies. C’est Moira qui raconte avec ses mots ; Moira est une jeune fille « enfant sauvage », pauvre, analphabète qui a survécu en solitaire dans le Queens après avoir été achetée dans un orphelinat. Moira doit rejoindre une ferme où elle est prise en charge par un certain Rauden. Moira est précieuse car elle est miraculeusement immunisée contre toutes les maladies mortelles, c’est une « vivace Doll ». Rauden procède d’abord à des vérifications d’identité, de vaccins puis à des prélèvements. Le projet fou de Rauden, mi fermier, mi généticien, est de parvenir à reproduire un être humain parfaitement immunisé à partir des cellules de Moira. Il doit en effet exécuter la commande d’une cliente, Rini, folle de douleur après la perte de ses 4 filles, en parvenant à donner le jour à un enfant qui serait une réplique vivante d’un enfant décédé de Rini. Rauden a déjà réussi, en toute clandestinité, des expériences de clonage sur des animaux. La naissance, rocambolesque, va donner le jour à Ani, petit clone de Moira qui, contre toute attente, va devoir prendre en charge ce bébé qui était destiné à une autre.
Dans un premier temps, celle qui a survécu en solitaire, ignore comment s’occuper d’un bébé, ni même si ce bébé va survivre. Les jours, les mois s’étirent et Ani est toujours vivante, ce leitmotiv revient au fil du récit, « toujours vivante ». De belles pages où Moira découvre sa fille qui respire « comment qu’il gonfle son petit ventre ». Dans un premier temps elle suit à la lettre les conseils de Rauden qui consistent à « nourrir, laver, promener ». « Faut que j’apprends les ficelles » constate Moira.
Et puis, un intérêt et une inquiétude qui grandissent pour ce petit être que Moira découvre « trop mignonne ». Moira va rêver d’une vie meilleure que la sienne pour sa fille, l’inscrire à l’école, lui construire un avenir et surtout, protéger contre les convoitises car c’est une « vivace Doll ». Jamais elle ne sera obligée de vendre des morceaux de son corps au plus offrant comme Moira, telle est sa décision de mère !
De jolis moments de solidarité et de partage aussi lorsque le bébé devient précieux et symbole d’espoir pour d’autres rescapés rencontrés au fil des errances et des caches improvisées.
J’avoue que le style m’a décontenancée, voire épuisée parfois, car c’est le monologue de Moira qui déroule le récit, dans un langage très approximatif « yavait », elle mange du « cassoulait », qui suppose de ne pas perdre le fil. Heureusement, les propos sont parfois drôles, souvent émouvants. J’ai souri et tremblé pour l’avenir de ce duo mère/fille inséparable, leurs échanges timides dans un premier temps, riches ensuite.
De belles trouvailles aussi, le « spray d’Hygiène », le « spray anti-pato », les « patrouilles bulle », les « milices Pro-Vie », les uns à éviter, les autres à tromper. Un environnement très hostile, dangereux.
Le récit se clos par des mots d’une grande tendresse qui révèlent un amour maternel inaltérable, l’émotion qui a transpiré au fil des pages devient inévitable. Petite mise en garde : la vue du lecteur peut se brouiller !
Une belle découverte que ce récit étonnant et tendre !
AVIS DE LA PAGE 100 :
Dès les premières pages on découvre un monde ravagé, sinistré par des maladies et pandémies. C’est Moira qui raconte avec ses mots ; Moira est une jeune fille du type « enfant sauvage », pauvre, analphabète qui a survécu en solitaire dans le Queens après avoir été achetée dans un orphelinat, en vendant des morceaux de son corps au plus offrant. Moira arrive, après un périple jonché de dangers, dans une ferme où elle est prise en charge par un certain Rauden. Moira est précieuse car elle est miraculeusement immunisée contre toutes les maladies mortelles. Rauden procède d’abord à des vérifications d’identité, de vaccins puis à des prélèvements. Le projet fou de Rauden, mi fermier, mi généticien, est de parvenir à reproduire un être humain parfaitement immunisé à partir des cellules de Moira. Il doit en effet exécuter la commande d’une cliente, Rini, folle de douleur après la perte de ses 4 filles, en parvenant à donner le jour à un enfant qui serait une réplique vivante d’un enfant décédé de Rini. Rauden a déjà réussi, en toute clandestinité, à des expériences de clonage avec des animaux.
J’avoue que le style m’a décontenancée car c’est le monologue de Moira qui déroule le récit, dans un langage très approximatif « yavait », elle mange du « cassoulait », parfois drôle malgré tout. Je me suis accrochée également à la lecture de pages très fastidieuses sur le clonage.
Arrivée à la fameuse page 100, mon intérêt de lectrice s’aiguise ; je sens poindre un enjeu et peut-être des sentiments chez Moira. Qu’adviendra-il du bébé auquel elle donne naissance (si on peut appeler ça une naissance car c’est une cuve qui a des contractions !), elle qui n’a jamais ressenti d’attachement ou de sentiment ?
Sentence à la page 398 !
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