Coincé dans son mazot exigu, le perchman, figure centrale et incontournable de l'univers du ski, voit défiler cinq mois durant des milliers de skieurs. Sa mission, unique, intangible mais impérieuse : leur permettre d'arriver en haut des pistes... par tous les moyens, ou presque.
Autoproclamé grand gardien du grand temple blanc, armé de sa pelle à neige, de son oeil inquisiteur et de sa moue dubitative, le perchman traque le jeteur de papier d'emballage, le slalomeur sur tire-fesse, le casseur de matériel... prêt à jaillir de sa casemate pour tancer l'inconscient. Montagnard bourru au patois fleuri d'un côté, vacancier en blouson fluo et bonnet à grelot de l'autre, la confrontation des deux univers est une source intarissable d'anecdotes savoureuses et drôles.
Les unes après le autres, les scènes se succèdent autour de l'élément central du téléski. A travers le regard tendre et connaisseur de Céno, on rentre tour à tour dans la peau du perchman, qui voit passer les débutants suréquipés, les vacanciers stressés ou les fonceurs amochés, puis du touriste confronté aux plans de pistes incompréhensibles et autres tire-fesses aux démarrages explosifs.
Skieur des villes ou surfeur des champs, montagnard ou citadin, chacun reconnaîtra au fil des pages une situation vécue un jour, au pied d'un tire-fesse. Un de ces moments savoureux qu'on raconte le soir, autour d'une belle tablée, entre la tartiflette et le verre de gnôle, dans les chalets en bois ou les studios loués à la semaine.
Une belle façon de réconcilier, autour d'un bon rire, deux mondes qui se télescopent chaque hiver et qui, pour différents qu'ils soient, ne peuvent exister l'un sans l'autre.
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