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Une grève générale paralyse déjà la France lorsque survient Yonna, une tempête qui dévaste tout sur son passage. Quinze personnes se retrouvent piégées à Braconne, sans eau, ni électricité ni téléphone. Des arbres déracinés coupent les routes qui reliaient au monde le petit village. Dans l'attente de secours éventuels, l'entraide devient nécessité. Les désirs de chacun doivent s'effacer au profit de la survie du groupe. Alors, à Braconne, un orage d'une toute autre nature se met à gronder. Beaucoup plus meurtrier.
Attention, roman incontournable. Certes, il n'est pas joyeux, joyeux et ne remontera sans doute pas le moral des plus dépressifs, mais il est d'une finesse et d'une profondeur rares. Tout en étant un roman grand public. Le pari de Cyril Herry est réussi et son huis clos à ciel ouvert fonctionne parfaitement. Les relations, les tensions entre les habitants se tissent, montent et l'on pressent la catastrophe, mais laquelle ? Quand ? Qui ?
La situation d'isolement fait que les failles, les peurs, angoisses, les travers voire les pulsions des un(e)e et des autres, habituellement enfouis, tant bien que mal cachés sous le vernis de la vie dans une société policée, par le quotidien, la routine qui rassure, vont se révéler, s'exacerber. Les secrets n'en sont plus. La nature, que l'homme a grandement et durablement perturbé reprend ses droits, et Yonna a mis sens dessus dessous tout un monde lisse.
Cyril Herry décrit admirablement les relations de l'homme avec la nature, ce qu'il faudrait pour vivre en harmonie, ce qui est fait contre toute logique. Le retour à la réalité est dur pour Braconne "ce trou perdu était un microcosme témoin de l'humanité". Décrire l'individuel pour toucher à l'universel, voici ce que réussit l'auteur. Ça résonne avec la pandémie actuelle qui dévoile des comportements d’entraide et d'altruisme, mais l'inverse également : "Ç’avait toujours été ainsi. Catastrophes naturelles et tragédies humaines possédaient ce don de rapprocher les individus, de mettre en sommeil l'âpreté et le fiel, de recoudre provisoirement les plaies. Mais ça ne durait jamais longtemps ; au premier geste brutal, ça se déchirait et ça se remettait à saigner, à suinter le pus et à faire mal. C'était de nouveau chacun pour soi, ici comme n'importe où ailleurs, puisqu'on avait la mémoire courte et que les mœurs individuelles avaient toujours miné l'intérêt collectif." (p.240)
Nul doute que Braconne, Yonna la tempête et la jeune femme ainsi que ses voisins restent en tête longtemps. C'est le genre de livre qui continue à s'insinuer en nous lorsqu'il est refermé.
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