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Emoni a de l'or au bout des doigts. Entre ses mains, saveurs et épices composent des plats incomparables. Mais Emoni a aussi une petite fille de 2 ans, et elle jongle entre son rôle de jeune mère, les cours au lycée et le travail le soir pour aider sa grand-mère à payer les factures.
Emoni a 17 ans, et elle ne pense pas qu'elle pourra continuer ses études, ni devenir cheffe dans un restaurant. Dans sa vie faite de responsabilités, il n'y a pas de place pour rêver. L'ouverture dans son lycée d'un nouveau cours d'arts culinaires pourrait bien lui permettre de déployer son talent et de trouver la force en elle d'accomplir son rêve...
Un roman pour les adolescents dès 13 ans.
La force des liens intergénérationnels et de l’amour maternel…
Ayant beaucoup apprécié The Poet X, je me suis plongée avec enthousiasme dans ce roman dont j’ai apprécié les thématiques et la manière dont l’autrice les aborde. Alors qu’on parle d’une adolescente de 17 ans, mère d’une petite fille de deux ans, on aurait pu s’attendre à quelque chose d’assez dramatique, le rôle de maman à un âge où on n’est pas encore soi-même adulte pouvant se révéler difficile. Mais l’autrice a opté pour une histoire lumineuse et chaleureuse qui réchauffe les cœurs et donne envie de prendre la vie à bras-le-corps.
Ainsi, si jamais ne sont occultées les difficultés d’Emoni devant ses multiples responsabilités, le ton se veut résolument positif, ce qui convient à merveille au caractère de cette maman ado qui ne se retourne jamais sur le passé, mais qui regarde toujours droit devant elle. Elle le doit, du moins elle le pense, à sa petite Emma qui est son rayon de soleil et dont elle s’occupe très bien, quitte à s’épuiser pour lui assurer un bel avenir. Elle sera heureusement épaulée par sa grand-mère qui l’a élevée comme sa propre fille. Très proche de ma grand-mère, j’ai été touchée par leur relation, leur complicité et ces gestes de tendresse qui se passent bien souvent de longs discours. J’ai également adoré le subtil parallèle que l’autrice fait entre la relation entre Emoni et sa fille et entre Emoni et sa grand-mère, rappelant le rôle important de cette dernière dans la vie de l’adolescente…
Il faut dire qu’avec une mère décédée prématurément et un père engagé dans la communauté portoricaine, mais bien peu présent dans la vie des siens, Emoni a bien eu besoin du soutien de son aïeule qui a toujours fait de son mieux pour l’élever selon de belles valeurs, malgré ses faibles moyens. L’argent, ou plutôt le manque d’argent est d’ailleurs quelque chose qui prend une certaine place dans le roman, cette question menaçant l’avenir d’Emoni. Car si la jeune fille, qui fait des étincelles en cuisine et dans son cours d’arts culinaires, rêve de devenir cheffe et d’éventuellement aller à la fac, elle doit, en plus du lycée, travailler pour nourrir sa fille et aider sa grand-mère à assurer les charges du quotidien.
À cet égard, j’ai été révoltée par le papa d’Emma dont Emoni est séparée : il semble aimer sa fille et prendre plaisir à s’en occuper durant son droit de garde, mais bizarrement, c’est bien sur Emoni que repose toute la charge mentale et financière. Une situation qui reste une réalité pour bien des mères célibataires… On notera aussi la jalousie déplacée de Tyrone qui n’hésite pas à multiplier les relations, mais qui ne supporte pas qu’un garçon s’approche de la « mère de sa fille » et de sa fille. Heureusement, de fil en aiguille, Emoni saura se détacher des attentes de chacun et rappeler qu’elle n’est pas que la mère d’Emma, elle est ça et tellement plus à la fois !
Une jeune héroïne attachante et génie de la cuisine qui saura trouver du soutien dans son entourage…
Emoni est un personnage touchant pour lequel on développe d’emblée une profonde et sincère affection que ce soit pour son courage, son amour pour sa fille qu’elle élève avec une réelle maturité et bienveillance, sa force de travail ou sa détermination à toute épreuve. Si parfois elle doute, jamais elle ne se lamente, elle tente juste de concilier au mieux toutes les facettes de sa vie : le lycée, son travail dans un fast food, son rôle de soutien de famille et de mère, son rôle de petite-fille, celui de fille malgré un père qui n’a jamais vraiment assuré ce rôle, et son amour pour la cuisine. Un amour qui la porte au quotidien et qui rend sa cuisine tellement magique. Si le mot est fort, il semble pourtant caractériser tous ces souvenirs qui assaillent les personnes qui goûtent les plats d’Emoni, des petits concentrés d’émotions.
Est-ce le talent inné et incroyable d’Emoni pour manier les épices, son âme généreuse qui la pousse à mettre un peu d’elle-même dans chacun de ses plats, ou la manière dont elle arrive à sublimer chaque recette qui rend sa cuisine si spéciale ? À moins que ce ne soit un peu de tout cela… Peu importe finalement, l’essentiel étant que cette fille est faite pour devenir cheffe, elle respire cuisine, elle pense cuisine, et nous apparaît très vite indissociable de tous ces plats qu’on découvre tout au long des pages. Ce roman est un peu une délicieuse ode à la gastronomie, et plus particulièrement à la gastronomie portoricaine et espagnole qu’Emoni arrange à sa sauce, sublimant à sa manière des recettes traditionnelles pour en faire quelque chose d’autre, une sorte de pont entre le passé et le présent, les gens et les cultures.
Mère célibataire, mais pas mère isolée, Emoni pourra compter sur différentes personnes pour la soutenir et l’aider à construire un avenir qui lui correspond : sa meilleure amie qui lui apporte une belle bouffée d’oxygène et lui rappelle qu’elle a le droit de profiter de la vie, sa grand-mère, un professeur de cuisine qui va lui apprendre que la cuisine, c’est aussi de la technique et des règles à respecter… Et puis, n’oublions pas un nouvel élève qui va, petit à petit, faire fondre les barrières qu’Emoni a dressées entre elle et les autres, mais surtout entre elle et les garçons. Je n’en dirai pas trop pour vous laisser le plaisir de la découverte, mais j’ai adoré Malachi, un jeune homme souriant, mais qui a connu un drame, bienveillant, amusant, tendre, compréhensif et diablement lumineux. La relation qui se noue entre les deux lycéens est amenée de telle sorte qu’il est impossible de ne pas y succomber que l’on soit adolescent ou adulte. C’est vraiment le genre de modèle positif que j’aimerais trouver plus souvent dans la littérature adolescente.
Une narration fluide et rythmée pour un roman abordant sans pathos des thématiques importantes…
Je reconnais avoir préféré la narration en vers libre de The Poet X, mais on retrouve néanmoins dans ce roman tout le charme de la plume de l’autrice, avec ce côté percutant qui va droit au cœur. Il y a quelque chose qui sonne terriblement vrai dans les mots de l’autrice, au point de nous donner le sentiment non pas de lire l’histoire de personnages de fiction, mais celle de personnes de chair et de sang. Et cela change tout quant au rapport que l’on entretient avec chacun d’entre eux ! Les lecteurs apprécieront également les dialogues vifs et l’alternance de chapitres courts et rythmés qui apportent un certain dynamisme et rendent la lecture particulièrement fluide. Petit bonus, la petite illustration qui accompagne chaque en-tête de chapitre sans oublier la manière dont chaque chapitre porte un titre concis, mais porteur de sens. Un bon moyen de guider la lecture et de donner envie de se plonger dans le récit.
Le ton du roman se veut volontairement positif, mais cela n’empêche pas l’autrice d’aborder des thématiques importantes, toujours avec beaucoup de naturel : la maternité à un jeune âge et les difficultés qui y sont associées, le sens des responsabilités et du sacrifice, l’amitié, l’amour, l’homosexualité féminine, les difficultés dans les quartiers pauvres, le colonialisme et ses conséquences, le racisme, les préjugés notamment sur les origines et la couleur de peau, Emoni devant rappeler que si elle est à moitié portoricaine par son père, elle est également afro-américaine et donc noire… Si l’autrice évite les drames en nous proposant un roman alliant thématiques de fond et légèreté, il est vrai qu’on a parfois le sentiment que les difficultés sont un peu trop facilement surmontées. Cela ne m’a pas dérangée outre mesure, mais je pense que certains lecteurs adultes pourront regretter un petit manque de réalisme à ce niveau.
En conclusion, un peu comme Emoni et la « magie » au bout de ses doigts qui fait de chacun de ses plats une expérience multisensorielle et mémorielle unique, l’autrice confirme ici son talent pour proposer des histoires uniques vibrantes d’humanité qui résonnent en chacun d’entre nous. Porté par héroïne courageuse et travailleuse qui prouve qu’on peut être lycéenne et une super maman, Sur le vif, c’est la recette épicée et savoureuse d’un roman empli de gourmandise, d’émotions, de vie, de passion, de tendresse, et de beaux moments de complicité, d’amour et d’amitié. Des denrées précieuses et indispensables pour traverser les épreuves et avancer sans se retourner afin de faire de son rêve une réalité.
Avis : ÉPICÉ
Comment décrire ce roman dont la couverture acidulé donne le ton ? Un melting pot de vies, de sensations, de leçons légères, d’apprentissages... En tout cas, c’est léger, pétillant, empreint de joie de vivre mais aussi profond par les ressorts qu’il faut trouver pour résister aux coups du sort. Je ferais une réserve sur le titre qui ne me paraît pas correspondre à l’histoire.
Emoni et Baby girl, sa fille, vivent avec ‘Buela. Trois générations sous un même toit, cela n’a rien d’exceptionnel mais Emoni est maman alors qu’elle est encore au lycée. Travailler en classe, avoir un emploi de salarié et s’occuper d’un jeune enfant relève d’un challenge qu’elle s’acharne à gagner chaque jour. Sa passion de la cuisine l’accompagne en toutes circonstances et grâce à elle, sa vie d’adulte sera peut-être plus équilibrée que l’existence d’ado qu’elle a dû abandonner bien trop vite.
Ce roman aurait pu sombrer dans la mièvrerie mais le dynamisme de l’héroïne de tous les jours, l’environnement psychologique disséqué, les difficultés d’une adolescence décryptées, font que nous avons un ersatz de chronique sociale bien menée de la société américaine, plus particulièrement de certains quartiers de Philadelphie, ici Fairhill. J’ai trouvé intéressant de voir ce que peut être l’investissement d’un ado garçon devenu père trop vite, mais engagé dans la voie de la responsabilité. C’est crédible ; il ne faut pas en attendre plus qu’une jolie lecture pleine de peps.
Si vous aimez les livres vous mettant l’eau à la bouche, celui-ci est écrit pour vous car nous baignons dans une cuisine faite surtout de différences, Emoni maniant les épices avec dextérité. Les quelques recettes de cuisine donnent envie de se mettre aux fourneaux aussitôt la dernière page lue.
Nous avons donc une lecture facile, l’écriture sérieuse et de qualité d’Elisabeth Acevedo, une traduction fidèle de Clémentine Beauvais : de bons ingrédients pour être tentés. Ne résistez pas ! Bon moment assuré pour les jeunes lecteurs ou les plus âgés ayant gardé le goût du sucré.
Je remercie les éditions Nathan et Babelio pour la découverte de ce roman.
Le ton est donné dès la première page car le roman s’ouvre sur une recette portoricaine de tembleque, une crème de coco.
Emoni a un don, celui de cuisiner des plats inventifs et parfumés. Élevée par sa grand-mère Buela, elle doit se battre sur plusieurs fronts à la fois. Elle termine le lycée tout en élevant sa fille encore bébé et travaille dans un fastfood pour payer ses études. L’avenir ? Elle n’ose y croire mais rêve de devenir cheffe comme l’amie de son professeur d’art culinaire. Mais le quotidien lorsqu’on est une très jeune maman n’est pas toujours facile.
Les origines de l’héroïne renvoient à celles de l’autrice, Elizabeth Acevedo, afro-américaine d’origine portoricaine. Elle a pioché dans ses souvenirs pour nous raconter l’histoire de cette famille éclatée.
De nombreux sujets sont abordés au fil des pages : Il y a, bien sûr, les mères adolescentes et les préjugés que cela provoque. On trouve aussi, à travers les amis d’Emoni, le thème de l’homosexualité, la sexualité et l’amour chez les ados et la jalousie. Le racisme aussi est abordé. La cuisine est très présente, c’est le fil de l’histoire qui entraine l’héroïne vers son destin et le roman est émaillé de confection de plats et de recettes échangées avec sa tante Sarah.
Les dialogues sont alertes et donnent de la vivacité au récit. L’écriture est sincère et directe, la lecture agréable. J’ai trouvé les personnages attachants et même les plus agaçants arrivent à nous toucher. Emoni a une maturité incroyable pour une adolescente et sa détermination à tout réussir : être une mère parfaite, réussir ses études, gagner sa vie et se faire aimer des gens qui l’entourent, relève de la gageure. Ce n’est pas très réaliste mais c’est rassurant pour le lecteur adolescent.
Ce que j’ai préféré, c’est l’ambiance autour de l’art culinaire et la description des plats qui met l’eau à la bouche.
Le livre refermé, on a très envie de tester une ou deux recettes d’Emoni !
Je remercie les éditions Nathan et Babelio pour la découverte de ce roman.
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