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Mark Renton, est le fils d'une famille de ces classes moyennes brutalement déclassées sous les années Thatcher. Et lorsque la déchéance sociale frappe sa famille, il sombre dans l'héroïne. Comme ses copains d'enfance, Tommy, qui bascule dans la petite délinquance et la violence, Spud, viré de son job, et Franco Begbie dont l'univers devient totalement psychotique. Seul Sick Boy semble pouvoir remonter la pente de l'exclusion sociale.
On pense au Vernon Subutex de Virginie Despentes en dévorant ce pavé passionnant, drôle, vrai et émouvant.
Comme elle, Welsh est auteur d'une oeuvre déjà considérable dont l'ambition s'inscrit ici dans l'histoire.
Skagboys est le grand roman de la déchéance sociale de ces classes moyennes violemment déclassées dans les années 80 du Thatchérisme, qui ont changé pour toujours la Grande- Bretagne.
Irvine Welsh y porte son travail sur l'écriture du réel et de l'oralité à un niveau jamais atteint et réhabilite les voix misérables en littérature. Il incarne de façon incontournable, avec son complice John King, le roman réaliste social anglais.
Avant d’être les (anti)-héros devenus cultes de Trainspotting, les personnages de Irvine Welsh ont été de jeunes gens presque insouciants.
Skagboys raconte la jeunesse, au début des années 1980 de Renton, Spud, Begbie, Sick Boy, etc. dans ce quartier de Leith, à Edimbourg, si cher à Welsh. La crise et Margaret Thatcher sont passées par là, l’heure est donc à la morosité et à la perte des illusions.
Par curiosité, par plaisir, ou pour donner un sens à leur existence, les personnages de Welsh hésitent, goûtent à l’interdit, basculent dans l’addiction. Car oui, "skag" signifie l’héroïne, et ce récit est celui de jeunes gens pour qui cette drogue, plus que toute autre, va devenir un idéal, un absolu et bien sûr un fléau.
L’intelligence de l’auteur, c’est de ne jamais simplifier les raisons qui poussent un individu à faire des choix, extrêmes ou non. Le portait de cette époque désenchantée est tout simplement sublime, l’humour côtoie le sordide, la tragédie s’entremêle avec le grotesque.
Les anglophones préféreront le texte original (à condition de faire l’effort de s’habituer au dialecte de Leith !) mais la traduction permet néanmoins de plonger dans ce portrait fascinant d’une génération sacrifiée. Les mots crus et la violence incontrôlée cohabitent avec une sensibilité exacerbée qui font du lecteur un compagnon de route de tous ces garçons, pour un voyage sans concession aux tréfonds de l’âme humaine.
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