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Caroline Bernard aime les machines et enregistre scrupuleusement leur activité : voiture, calendrier, horloge, compteur, téléphone portable, GPS, à gauche, à droite, tout droit... Pendant trente jours, elle fait un aller-retour dans un centre de radiothérapie et prélève les enregistrements de toutes les machines embarquées dans les taxis qui la transportent, instaurant un rassurant protocole de répétition routinière et contrôlable : «Attendre que les journées se mécanisent. J'arrive, je repars sans voir vraiment. La machine accomplit sa tâche, et les machinistes orchestrent son déploiement.» La machinerie du centre de radiothérapie, celle qui accomplit une tâche médicale dont nous ne savons rien, est la seule dont les enregistrements ne nous sont pas donnés dans le dispositif. Cette écriture-là se fait « sans voir vraiment », alors que les déplacements sont minutieusement repérés et que les conversations les plus banales ou pénibles avec les chauffeurs de taxi qui la conduisent sont archivées. Tout le monde babille, le paysage défile sous le regards des satellites, une foule de signaux sont émis et captés, mais la machine qui est le but du voyage reste invisible et silencieuse.
On comprend alors que le livre que nous avons sous les yeux tient lieu de cet enregistrement absent. Pendant que le taxi va et vient sur la route qui mène à la machine, le sens - l'écriture - naît de la machine qui va et vient sur le corps cartographié. En ce sens, Six semaines de parallèles confondues n'est pas un livre que Caroline Bernard a écrit, mais un livre où Caroline Bernard organise et décrit le dispositif où elle est écrite.
Le texte est accompagné d'une carte décrivant l'itinéraire avec des QR codes qui, scannés par un smartphone, permettent un accès via Internet aux images en ligne et à la vidéo du projet.
Six semaines de parallèles confondues est publié à l'occasion de l'exposition «Travelling» de Lili range le chat (Caroline Bernard, Damien Guichard) et Michiko Tsuda à l'Espace CHUV à Lausanne. Cette exposition s'inscrit dans le cadre des Rencontres arts et sciences sur le thème «Rythme, souffle, mouvement : écritures du temps».
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