"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Juliana Kant, une des femmes les plus riches d'Allemagne, a une brève aventure avec un homme dont elle ne sait rien. Mais, au bout de quelques mois, l'homme menace de révéler l'histoire à la presse : leurs ébats ont été filmés. Juliana la milliardaire dénonce le gigolo. On emprisonne celui-ci, la morale est presque sauve. Pourtant, tout n'est pas si simple qu'il y paraît... Dans ce roman troublant, Karine Tuil dévoile la toile de fond de cette aventure risquée : quelle est l'origine de la fortune familiale ? Pourquoi le grand-père de Juliana, premier mari de Magda Goebbels et militant nazi, n'a-t-il pas été arrêté à la fin de la guerre ? Sait-on que le père d'adoption de Magda était un juif qu'elle a renié puis laissé mourir ? Pourquoi les Kant ont-ils gardé le silence sur leurs activités industrielles sous le Reich ?Un roman névrotique et ténébreux qui débute comme une confession sourde, se prolonge en thriller haletant, s'achève en symphonie funèbre, hagarde, hallucinée. Gillles Pudlowski, Le Point.Un roman en forme de poupées russes de la manipulation. David Foenkinos, Siècle.
Une des femmes les plus puissantes d’Allemagne, Juliana Kant, héritière d’un d’un plus grand empire industriel de son pays, a une aventure brève et torride avec un photographe rencontré en cure thermale. Lorsque ce dernier lui réclame froidement 6 millions d’euros pour ne pas divulguer la vidéo de leurs ébats, la jeune femme outragée le fait arrêter et emprisonner. Mais ce sordide fait divers de la bonne société allemande est une bombe à fragmentation : elle va mettre au jour le passé sulfureux de la famille Kant, ses affinités avec le IIIème Reich et la présence dans la famille d’une certaine Magda Friedlander… Epouse Goebbels.
Karine Tuil propose, avec son petit roman « Six Mois, Six Jours » un récit peu évident à appréhender mais rudement instructif sur le fond. Dans sa forme, le roman est déroutant car il consiste plus ou moins en une sorte de longue interview, celle de l’homme de main de la famille Kant, aujourd’hui licencié et qui « vide son sac ». Cet homme désagréable, cassant et au caractère détestable a beaucoup à dire, le style est fait de phrases brèves, sèches et agressives, cela ne facilite pas du tout l’entrée dans le récit. Sur le fond, toute la première partie, celle de la liaison de Juliana Kant avec ce qu’on suppose être un gigolo doublé d’un escroc n’est pas follement passionnante. Ce n’est qu’arrivé au milieu du roman que tout devient plus percutant. Karine Tuil invente une fille à la véritable famille Quandt (dont elle change l’orthographe) et lui invente une tentative de chantage dans le but de raconter la véritable histoire de cette famille. J’avoue que j’ignorais tout des turpitudes nazies de cette famille d’industrielle qui passera entre les gouttes après-guerre, avec la morgue de ceux qui estiment que leur fortune les met à l’abri de tout. Dans leurs usines vont travailler et mourir des milliers de déportés et personne ne viendra jamais leur demander des comptes. Le patriarche épouse en seconde noces une jeune femme, Magda Friedlander. Et Karine Tuil décrit minutieusement, là aussi, le parcours étrange de cette femme, qui aura été adoptée enfant par un beau-père juif aimant, qui aura fréquenté adolescente le mouvement sioniste par amour et qui, par pure ambition, deviendra ensuite ce que le nazisme aura produit de plus fanatique. Elle reniera son beau-père, supprimera son nom de famille, ne lèvera pas le petit doigt pour empêcher sa déportation et sa mort. Épouse en secondes noces de Joseph Goebbels, elle sera presque plus fanatisée que lui, jusqu’au-boutiste au point d’assassiner ses six enfants dans le bunker avant son suicide. Je connaissais la fin de Magda Goebbels, mais j’ignorais son passé surprenant. « Six Mois, Six Jours » m‘aura appris pas mal de chose au final, comme quoi même quand on croit connaître un sujet, on peut en apprendre encore et encore… C’est dommage que le roman ne devienne passionnant que dans sa seconde moitié et que le style « oral » soit si déroutant. Je ne regrette quand même pas d’avoir pris le temps de lire cette « fiction » qui n’en n’est pas réellement une, et je reconnais le mérite de Karine Tuil. Elle a choisit d’aborder « de biais », par la fiction, une réalité historique bien vilaine et mal connue.
Le narrateur a été pendant de longues années le conseiller de la famille Kant, des industriels aisés. Il connait tous leurs secrets et décide d'écrire leur histoire. Cet homme est très cynique et on a l'impression qu'il se venge. Il raconte notamment la naïveté de la fille de famille qui accepte tout de son amant, jusqu'au jour où elle découvre qu'elle s'est faite avoir, c'est un gigolo. On apprend aussi l'histoire cachée de la famille : leur passé nazi. Pas complètement volontaire certes, mais qui leur a apporté cette fortune. Très bien écrit et passionnant. Je suis surprise qu'il y ait tant de critiques négatives. Personnellement, j'ai adoré son style.
j'avais laissé ce petit roman prendre la poussière sur ma table de nuit. Et pourtant quel plaisir de se plonger dans un roman dont je n'avais jamais lu l'auteure et pour lequel je n'avais aucune idée de ce que j'allais y trouver ( pas de critiques fraiches radio/télé ). Une vraie plongée dans l'inconnu !
Lorsque le narrateur prend la parole pour une interview enregistrée par une journaliste, on est immédiatement plongé dans l'univers de la famille Kant. Même si le récit est d'un style assez simpliste, (inhérente à l'utilisation du système narratif du dialogue), l'histoire familiale est assez complexe.
Ce narrateur est donc l'homme de confiance des Kant qui doit s'occuper de Juliana, une des femmes les plus riches de l'Allemagne d'aujourd'hui, et petite fille d'un homme au passé trouble lors de la seconde guerre mondiale.
Mais le scandale qui éclabousse les Kant, ne provient apparemment pas de cet indicible passé, mais de Juliana qui se trouve confrontée à un gigolo maître chanteur ! Et le serviteur qui nous expose les faits, a été viré pour son incompétence à mettre Juliana à l'abri de ce genre de prédateur. Ce dernier a en effet en "six mois, six jours" anéanti la réputation de la femme la plus en vue de la famille Kant.
La force de Karine Tuil est de promener le lecteur dans un imbroglio narratif digne d'un bon roman policier. D'une petite "histoire de fesses" découle une vraie intrigue historique, prenante.
Un régal que je conseille et qui me donne encore plus envie de plonger prochainement dans "L'invention de nos vies", roman phare de la rentrée littéraire 2013.
Pour moi, surement pas le livre que je préfère de Karine Tuil mais tout de même, nous n'avons pas envie de le lâcher, cette histoire moderne sous fond de 2ème guerre mondiale est intrigante et fascinante. Le passé ressurgit toujours...
"Six mois, six jours" est le 4ème roman que je lis de Karine Tuil après "Tout sur mon frère", "L'insouciance" et "Les choses humaines". Pourquoi suis-je particulièrement attirée par cet auteur? Parce qu'elle sait me surprendre, elle sait se renouveler et chaque roman est une découverte totale tant sur l'intrigue, le type de personnages, voire le style. C'est encore le cas avec celui-ci même si je n'ai pas été complètement embarquée.
Karl Fritz, vieillard de presque 80 ans, ancien homme de main et ancien homme de confiance de la famille Kant, livre ses souvenirs à une journaliste après avoir été chassé comme un malpropre après cinquante ans de bons et loyaux services. Il était chargé, avant son renvoi, de protéger Juliana, la petite-fille du fondateur de l'empire Kant, une des plus grosses fortunes allemandes, 45 ans, mariée sans amour, trois enfants; or, celle-ci rencontre Herb Braun et est prête à tout plaquer pour vivre une passion sexuelle qui lui permet de se libérer du carcan familial, des convenances, de la rigueur morale qui ont pesé sur sa vie jusque-là. Au bout de six mois, six jours, Herb Braun la fait chanter mais elle prévient la police et il est arrêté. Est-il un simple gigolo à la recherche d'argent facilement gagné ou venge-t-il son père, juif, dépossédé de tous ses biens et réduit en esclavage par les Kant qui faisaient tourner leurs usines grâce à l'appui des nazis et au travail forcé? Le roman n'apportera pas de réponse ce qui m'a laissée sur ma faim.
Karine Tuil mêle fiction et réalité; les Kant ont réellement existé mais sous le nom de Quandt, propriétaires de BMW; le fondateur, Günther, a épousé, Magda, la future Mme Goebbels. Tout ce qui se rapporte à Günther, à sa première femme, à ses enfants et à la vie de Magda est vrai.
Sur ces faits historiques, l'auteur développe une intrigue bien construite qui fait la part belle à des thèmes difficiles : les enfants sont-ils responsables des actes commis par leur parents, un enfant peut-il vivre sans honte face aux crimes de sa famille, peut-on échapper à son destin?
Néanmoins, l'irruption régulière de la colère, des éructations de Karl, le narrateur, ont nui à la fluidité du récit et n'ont rien apporté au propos. L'absence de réponse aux motivations de l'amant de Juliana a créé de la frustration et la conclusion du roman sur la prise de parole en juin 1938, du beau-père juif de Magda qu'elle a renié et laissé mourir en camp de concentration m'a paru bancale et est arrivée comme un cheveu sur la soupe.
Pour aller un peu plus loin sur l'histoire de Magda, de son enfance à sa mort, je recommande l'excellent roman " Ces rêves qu'on piétine" de Sébastien Spitzer, fort bien documenté tout en étant une fiction prenante qui fait froid dans le dos.
Six mois, six jours est un roman envoûtant, histoire d’amour, de trahison, de pouvoir, entre réalité historique et fiction, basé sur un fait divers réel. Fascinant !
Six mois, six jours est présenté comme une interview, témoignage acide et grinçant de Karl Fritz, 68 ans, un ancien employé et bras droit de la famille Kant pendant près de quarante ans. Porteur des secrets de plus d’une vie, il va témoigner ou se venger, on se le demande parfois, en tout cas, raconter l’histoire de la famille Kant, famille richissime et très puissante, propriétaire de l’entreprise K&S, premier constructeur automobile allemand, et qui a su tirer profit du national socialisme dans les années trente et quarante.
Nous sommes aujourd’hui au milieu des années 2000, l’affaire scabreuse Julianna Kant a eu lieu, la presse a déjà publié les gros titres et l’humiliation est publique : « La milliardaire et le Gigolo ». Karl Fritz va faire appel à ses souvenirs pour raconter le passé, la rencontre entre Julianna Kant et Braun, l’amour naissant, la passion et la destruction.
Car la destruction, la famille de Julianna Kant connaît. Elle est proche du parti national socialiste, renie les juifs de manière éclatante, pro nazi aux yeux de tous, la deuxième femme de Günther Kant deviendra même Madga Goebbels, l’une des femmes les plus puissantes du 3e Reich, au plus près d’Hitler. Julianna avait-elle des circonstances atténuantes ? La destruction était-elle justifiée ?
Le sujet est original. Il ne s’agit pas uniquement de l’histoire d’une famille allemande richissime et antisémite du début du XXe siècle, mais d’une histoire basée sur un fait réel. Car derrière les noms de Julianna Kant et Braun, c’est le scandale réel impliquant la milliardaire Susanne Klatten, l’héritière BMW, et son maître chanteur Helg Sgarbi, qui a éclaté dans les années 2000, qui est relatée.
Si le fait divers est à l’origine de Six mois, six jours, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit ici d’un roman, et même si le réalisme du témoignage domine, il reste parfois difficile de faire la distinction entre réalité et fiction. Six mois, six jours tire de cette confusion une puissance narrative exceptionnelle, et Karine Tuil fait de ce livre une merveille de lecture.
Voilà un roman très particulier.
J’ai eu beaucoup de mal à entrer dedans.
Karl Fritz, soixante-dix-huit ans, s’adresse à une personne à priori chargée d’écrire ce qu’il a à raconter.
Employé toute sa vie par la richissime famille Kant, industriels allemands depuis trois générations, il a assisté à de nombreux faits qu’il relate froidement.
Mon Dieu qu’il est antipathique et cynique ce Karl Fritz !
Et cette famille Kant, que de compromissions, de détermination sous le nazisme, quelle super puissance au-delà de la morale et des lois !
La question principale est celle de la responsabilité des enfants de criminels de guerre.
Il y a là une grande maîtrise de l’écriture. Le récit est finalement très intéressant et parfaitement mené, avec beaucoup d’originalité.
Six mois, c'est la durée de vie des prisonniers juifs dans les camps de travail, six mois, six jours, c'est le temps qu'il aura fallu à Herb Braun pour séduire et compromettre Juliana Kant, celle sur qui il fait rejaillir les fautes commises par les collaborateurs des dignitaires nazis. Beaucoup de questionnements à travers ce roman fort bien écrit : les générations suivantes peuvent elles être responsables et coupables des agissements de leurs ancêtres ? Sous forme d'interview sans ménagement, on suit fiévreusement le récit de Karl Fritz à celle qui aura la charge de rédiger le récit de cette page d'histoire, et on arrive à la dernière page sans avoir pu lâcher le livre.
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