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Simone et moi, c'est une découverte sur 350 pages d'une introspection rare et précieuse. Un récit d'une sensibilité extrême, témoignage d'une jeunesse d'aujourd'hui souvent désorientée et qui doit vivre coûte que coûte et se construire dans un monde en plein bouleversement.
Avec son langage visuel net et sans fioritures, on ne peut s'empêcher d'inscrire son dessin dans la lignée de George Grosz ou d'Otto Dix qui décrivaient la ville et ses habitants sans compassion aucune, « au scalpel ». L'introspection à laquelle elle nous invite rappelle également Mars de son compatriote Fritz Zorn qui écrivait avec la même honnêteté son chemin intérieur.
Un roman graphique "grand format", reliure cousue avec deux rabats intérieurs et fer à chaud argenté sur les titres de couverture.
« Simone et moi » est une BD autobiographique qui relate le quotidien d'une jeune femme d'une vingtaine d'années, hypersensible et souffrant de troubles anxieux importants. L'auteure a commencé à publier son travail dans un fanzine. En parallèle, elle autoédite des petits carnets qu'elle vend à ses proches. Ce roman graphique rassemble une sélection des six premières années du travail autobiographique de Simone F. Baumann.
En ouvrant l'ouvrage, le lecteur est plongé directement dans le vif du sujet. Il n'y a pas d'introduction. Simone rêve qu'elle est jugée par un tribunal qui la déclare coupable et la condamne.
Dans ce roman graphique, il y a très peu de texte. L'essentiel passe par les illustrations en noir et blanc réalisées à la plume. Le graphisme est riche mais sans fioriture. J'ai été interpellée par les visages très expressifs des personnages, jamais souriants et souvent inquiétants.
« Simone et moi » est une compilation de situations vécues par l'auteure. Elle aborde sa relation conflictuelle avec ses parents qui ont du mal à comprendre son mal-être et le fait qu'elle ne puisse pas travailler. Dans ses scènes, elle évoque ses rêves et cauchemars très récurrents, ses rendez-vous avec son psychiatre, les altercations avec ses voisins, ses périodes d'anxiété et de dépression et les médicaments qu'elle ingère, sa culpabilité, ses obsessions et compulsions, sa peur d'être folle. Elle s’interroge également sur l'origine de ses troubles.
C'est un roman graphique perturbant car le lecteur est plongé dans l'esprit de l'auteure. Je trouve que c'est un livre qui mérite une deuxième lecture pour apprécier toute la qualité du travail de celle-ci. Il faut prendre le temps d'observer les détails très riches du graphisme. J'ai beaucoup aimé le regard ironique voire sarcastique que Simone porte sur la société et les individus qui la composent. C'est truculent et c'est un régal. Elle a un humour sans concession qui nous la rend très sympathique. « Simone et moi » est un récit très sensible et touchant, dont les magnifiques illustrations singulières mettent en exergue le difficile travail introspectif de l'auteure.
Simone et moi, c’est Simone F. (pour Floriane) Baumann, jeune autrice de bandes dessinées de 24 ans. Pendant plus de six ans, la jeune femme a dessiné et autoédité, à raison de quarante carnets sous forme de fanzines, 1600 pages. Cet album est le fruit d’une sélection parmi toutes ses pages. L'autrice nous y raconte, avec beaucoup de sensibilité, un quotidien marqué par le doute à l’encontre d’un monde, pas toujours facile à appréhender à cet âge.
Cet ouvrage est des plus conséquent, puisque comportant 348 pages dessinées uniquement à la plume et à l’encre de Chine. Un noir et blanc qui sied parfaitement bien à l’état d’esprit d’une jeune femme qui cherche à se construire et à qui la vie réserve apparemment beaucoup de désagréments.
Ce n’est pas évident de re.trouver une place dans la société, qui plus est, avec des parents qui ne sont qu’incompréhension à l'égard de son nouveau mode de vie. La vision qu’offre Simone de ceux-ci est terrible. Ils ne voient en elle qu’une malade, une tarée qui ne mérite que d’être punie. Elle les représente d’ailleurs comme des ogres, prêts à la dévorer.
La solitude joue aussi un rôle très important dans la vie de la jeune femme, elle est sa seule compagne. Parfois, son corps se dédouble, pour marquer les tiraillements qui peuvent exister dans la vie de jeunes adultes. Même si la foule est présente à de nombreux passage, l'abandon, fruit de l’incompréhension est là, en permanence.
C’est un terrible constat que la maman que je suis, ne peut que faire et déplorer. Malgré une abondance et une surconsommation de communication, nos enfants se sentent seuls, voire abandonnés. Alors qu’une présence quotidienne, ne serait-ce que de quelques instants, pourrait leur montrer qu’ils existent à nos yeux, qu'ils comptent et surtout qu'ils peuvent compter sur nous. Ne se construit-on pas en utilisant une base qui s’appelle la famille, quelle que soit sa forme ?
Un album qui étonne, dérange, remet en question et interroge nos pratiques de communication envers nos petits et grands. Ne serait-ce que d’en parler, pourrait devenir un bon début de réponse.
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